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BENIN : propagande sociale et théâtre judiciaire

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Nous republions ci-après le point de Presse du FSP à propos de la situation nationale où on traite du réveil subit de Patrice TALON qui commence à parler de mesures sociales après avoir affamé le peuple béninois pendant les trois années de son règne, et du théâtre qui se déroule actuellement à la Cour de justice honnie appelée CRIET où on assiste à un sabotage en règle de la lutte contre le corruption à propos l’affaire dite ICC-Services.

POINT DE PRESSE du FRONT POUR LE SURSAUT PATRIOTIQUE (FSP)
A PROPOS DES ANNONCES DES MESURES SOCIALES DU POUVOIR SOIT-DISANT EN FAVEUR DES TRAVAILLEURS ET DES POPULATIONS

Ces temps derniers, le gouvernement et ses membres se sont lancés dans de la propagande pour des mesures « sociales ». On nous déclare que telle serait la caractéristique du budget 2019. On annonce se préoccuper des spoliés de l’affaire Icc-services et pour les atteindre tous, le pouvoir réquisitionne des organes pour la diffusion en direct du procès ; les secrétaires généraux des confédérations syndicales sont invités par le Président de la République autour des revendications des travailleurs salariés et des réformes. On annonce des aides aux sinistrés du marché de Dantokpa, etc.

Bien sûr, tout le monde comprend la signification de ces annonces et mesures. Il s’agit d’une part d’abord de manœuvres à l’approche des échéances électorales pour tenter d’atténuer le rejet unanime du pouvoir par le peuple. Ensuite, le pouvoir pense prévenir les luttes des masses du peuple qui se trouvent renforcées dans leur conviction et espoir à vaincre avec le spectacle et les leçons que donnent les peuples à travers le monde comme par exemple celles des « Gilets jaunes » en France.

En effet, dans le budget, la principale mesure sociale concerne le projet ARCH qui prend la suite du Ramu. Jusqu’à ce jour, il s’agit d’annonces, d’études, de réalisations pilotes dont les termes sont chaque jour renvoyées à plus tard. Ensuite, il est question de flottes de taxi-ville. Enfin de logements sociaux prévus par le PAG et dont on attend les réalisations effectives. La promesse de 500.000 emplois, soit 100.000 en moyenne par an est loin, très loin de devenir réalité. La ruine de l’Ecole se poursuit de même que celle du système de santé avec des charges toujours plus lourdes sur les populations. Alors, que valent ces mesures dites sociales pour des petits producteurs dont on a détruit les installations de production, les conditions de travail par des déguerpissements et des licenciements sans aucun accompagnement ?

Mais pendant ce temps, les taxes, elles, n’attendent pas. Le Groupe de Travail fiscalité du secteur privé du Bénin (GTF) a, à l’occasion de l’appréciation du projet de budget 2019, observé que 16 taxes nouvelles ont été créées depuis 2017, sans compter les redevances diverses (dans les mairies, les tribunaux, les marchés, etc.,) pour lesquelles les taux ont été augmentées. (Cf L’Economiste, n° 1288 du 09 novembre 2018). La dernière augmentation est celle sur les communications électroniques GSM qui, après le recul du gouvernement suite aux protestations populaires en septembre 2018, est revenue début décembre. Les taxes ont réduit la durée des communications de plus de moitié. Un forfait de 100 fcfa qui permettait 7 (sept) minutes de communications n’en permet désormais que 3 (trois). Où se trouvent les mesures sociales lorsque les possibilités de communication indispensables pour les activités, les échanges, le loisir, sont ainsi de façon drastique réduites pour les artisans, les paysans, la jeunesse ? Où se trouve la politique sociale lorsque partout dans le pays, les artisans, les zem sont assommés et traqués par des taxes toujours plus élevées et ceci sans aucune amélioration des prestations sociales ? La politique du pouvoir de Talon aggrave plutôt la misère du peuple.

Le procès de l’affaire ICC-services est également repris, non seulement pour réprimer les auteurs, mais nous dit-on pour donner satisfaction aux spoliés. C’est dans ce sens que le procureur spécial de la CRIET, Ulrich Togbonon a justifié la décision de la retransmission en direct du procès en vue d’atteindre les nombreux spoliés qui n’auraient pas été autrement joints.

Nous au FSP, dans notre Charte, il est clairement dit que les membres signataires s’engagent à se battre pour « la sanction des auteurs des crimes et scandales Icc-services, Maria-gléta, Assemblée nationale, PPEA2, Machines agricoles, Dangnivo ,etc. ». Cela suppose une justice équitable. Mais, tous les spoliés et le peuple peuvent observer que le procès en cours est une vaste mise en scène théâtrale pour d’autres objectifs que celui de dédommager les spoliés. La CRIET, une cour d’Inquisition, dénoncée par l’ensemble des magistrats à travers leur syndicat, l’UNAMAB (Union nationale des magistrats du Bénin) et des avocats à travers leur barreau, se livre à un sabotage en règle de la véritable lutte contre l’impunité exigée par le peuple. Des acteurs de premier plan de ce scandale, tel l’ancien numéro 2 du pouvoir défunt, Pascal KOUPAKI, est appelé à la barre en tant que sachant. Il peut déclarer devant la Cour complaisante qu’il n’était, comme toujours, au courant de rien, avant l’effondrement de cette vaste escroquerie. Finalement, de qui se moque-t-on ? D’abord des petites gens spoliées et évidemment du peuple qui ne peuvent être indéfiniment dupes.

Le peuple sait de plus en plus et de mieux en mieux qu’il n’y a plus de Justice au Bénin ; que les poursuites et détentions sous le pouvoir de Talon visent d’autres objectifs personnels du clan au pouvoir. Si justice et Etat de droit il y avait, Laurent METONGNON et ses co-accusés auraient été libérés après l’arrêt de la Cour Constitutionnelle condamnant le gouvernement et le procureur Ulrich TOGBONON. Si Justice et Etat de droit il y a, Sébastien ADJAVON ne serait pas rejugé par la CRIET et l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme serait déjà pris en compte par le pouvoir. Personne n’est dupe.

Alors les travailleurs salariés seront-ils dupes des manœuvres actuelles du pouvoir pour accepter leur propre musèlement? Tel est, d’après les comptes rendus, l’enjeu de la dernière rencontre, le mercredi 19 décembre 2018, du Président de la République avec les premiers responsables des confédérations syndicales. Le Chef de l’Etat demande aux responsables des syndicats et aux travailleurs à travers eux d’oublier le passé, c’est-à-dire la remise en cause de leurs droits démocratiques et sociaux, et de l’accompagner dans ses réformes sur lesquelles il ne veut ni revenir, ni même entendre parler de leur suppression. En clair, le Chef de l’Etat, fier et content de ce que l’essentiel des lois scélérates de gouvernance autocratique est mis en place, demande aux travailleurs de s’y soumettre. Il appelle leurs responsables syndicaux à l’appui. Le Président Talon veut que les travailleurs renoncent à leur droit de grève, à la sécurité de leur emploi, aux salaires décents, aux libertés publiques, aux exigences de libération des détenus politiques et de retour des exilés. Il veut que la jeunesse accepte des contrats à durée déterminée presque indéfiniment comme il l’a fièrement annoncé à Berlin. Il veut que les enseignants se contentent des mesurettes de revendications tronquées sur les primes de leurs statuts particuliers. De qui se moque-t-on encore une fois ? Ici, des travailleurs salariés et finalement du peuple que le dictateur pense et croit avoir définitivement écrasés pour leur demander maintenant de ramper et de chérir les chaines du nouveau système esclavagiste mis en place.

Ainsi donc, les cris à propos des mesures sociales ne sont que des annonces et manœuvres électoralistes. L’autocrate dénoncé et critiqué partout à cause de sa politique dictatoriale, prédatrice, affameuse, pense à l’approche des élections, duper tout en continuant sa politique de racket des masses avec la multiplication et l’augmentations des impôts et taxes sur les pauvres, par l’application des lois scélérates, par des mesures arbitraires d’élimination des concurrents économiques et des opposants politiques.

Le Front pour le Sursaut Patriotique appelle par conséquent les travailleurs, la jeunesse, le peuple à redoubler de vigilance. Il les appelle surtout à renforcer leur niveau d’organisation et à se débarrasser des illusions légalistes. L’autocratie, c’est la négation de tout droit au peuple ; c’est le contournement par la force de tout obstacle populaire. Ainsi, aucune autocratie n’accepte les résultats des élections qui lui sont défavorables. De façon concrète, le pouvoir dictatorial actuel dispose en ses mains de tout l’appareil ainsi que des hommes chargés de l’organisation, du contrôle, de la validation des prochaines élections et de la proclamation des résultats. Le peuple ne peut compter que sur lui-même, sur son organisation, sa détermination et son courage, et sur rien d’autre face à cette machine de ruse et de rage qui ne reculera devant rien pour proclamer sa victoire. Toute illusion est suicidaire. Le peuple doit donc se donner non seulement les moyens de gagner, mais également les moyens de faire reconnaitre sa victoire. Cela passe par les luttes aujourd’hui, les luttes aujourd’hui contre les conditions effroyables de vie, de travail et d’études auxquelles l’autocratie les soumet. A ce sujet, le FSP salue et félicite encore une fois le rejet par les enseignants du secondaire du test d’évaluation grotesque, anti-pédagogique auquel le gouvernement veut les soumettre.

Que donc de partout, chaque citoyen qui souffre et se plaint de la gouvernance autocratique, de pillage, d’apatridie et de famine du pouvoir de Talon, refuse d’accepter l’inacceptable que l’on veut lui fait subir dans son coin, et alors, l’ensemble de ces refus débouchera certainement, immanquablement comme un torrent qui emporte tout, sur la libération du peuple du joug autocratique.

Enfants du Bénin, debout pour que Vive la démocratie, pour que survive le Bénin !
Cotonou, le 21 décembre 2018
Pour le Comité de Suivi,
Le Porte-parole
Jean Kokou ZOUNON

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