MACRON et le G5 SAHEL : l’échec annoncé

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Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

Le quartier général de la force G5 Sahel installé à Sévaré dans le centre du Mali a été pris pour cible le 29 juin par un kamikaze à bord d’une voiture piégée, faisant trois morts dont deux militaires. Ainsi le G5 Sahel, dont la création a été voulue par Macron, est incapable de défendre son propre QG. Elle est tout aussi incapable de faire intervenir ensemble des armées dont l’entretien a été sabordé depuis des décennies par les restrictions budgétaires imposées. Elle est même incapable de recueillir les quelques 400 millions d’euros promis : seulement 500.000 euros versés par le Rwanda ont été réceptionnés et le fonds fiduciaire devant gérer les contributions au G5 Sahel resterait une coquille vide.

Censée «gagner la confiance des populations», selon les termes de son secrétaire général, la force a été dénoncée par des associations de défense des droits de l’Homme pour la participation de ses soldats à des exactions ou des massacres. Ainsi la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a conclu que le 19 mai des éléments du bataillon malien de la force avaient exécuté sommairement douze civils dans un marché au bétail d’un village du centre du pays, après qu’un des leurs y eut été tué.

Macron, invité au 31ème sommet de l’Union Africaine à Nouakchott, aurait discuté avec les cinq chefs d’Etat d’un calendrier opérationnel en vue de passer à l’offensive après la saison des pluies et promis des équipements supplémentaires. «Nous gagnerons cette bataille ensemble et nous le gagnerons par cet engagement militaire (…) mais nous la gagnerons aussi par un travail diplomatique» a-t-il déclaré.

C’est oublier que la lutte contre le djihadisme ne saurait être uniquement militaire car le conflit paupérise les populations et la paupérisation nourrit le conflit, ce qui est encore plus vrai lorsque les forces militaires ne font preuve d’aucune volonté de gagner la confiance des populations.

C’est ignorer volontairement qu’une absence d’accord avec l’Algérie compromet toute perspective de succès et entretient une situation de crise visant à faire perdurer une certaine présence militaire française au Sahara.

Maintenir le Mali sous perfusion, si ce n’est sous tutelle, comme les gouvernements français le font depuis des années empêche le nécessaire sursaut malien qui permettrait de recréer une gouvernance démocratique et inclusive. Et pourtant le capital humain malien existe et il est tout à fait en mesure de mettre fin à l’impunité, de mettre fin aux trafics, de faire cesser la violence répressive et de gagner la paix.

Pierre Boutry

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