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MADAGASCAR : des élections présidentielles dans un climat de corruption généralisée

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article de notre ami Allain Graux reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur

La Grande Ile pointe à la 155e place sur 180 du classement de l’ONG Transparency international sur la corruption…

En avril 2018, des manifestants réclamaient la démission du président Héry. La situation s’est apaisée avec la nomination début juin d’un Premier ministre « de consensus », Christian Ntsay qui a annoncé la tenue des élections présidentielles.
Quatre anciens présidents font partie des 36 candidats en lice, dont le sortant Hery Rajaonarimampianina et son prédécesseur, Andry Rajoelina, ainsi que Marc Ravalomanana renversé par ce dernier en 2009. Leur passage au pouvoir a conduit à une criminalisation accélérée de l’appareil d’État et à l’aggravation de la pauvreté.

L’image du président sortant a été fortement dégradée, s’il en était besoin, par celles publiées par plusieurs journaux du pays où l’on voit son fils aîné, Matthieu Rakotoarimanana, portant un pistolet à la ceinture, accompagné par des forces de sécurité et des civils dans la commune d’Anjozorobe, à 90 kilomètres d’Antananarivo, le 21 février 2016. Ce groupe venu de la capitale a fait usage d’armes à feu pour chasser des exploitants miniers d’une carrière de cristal titane, convoitée par Matthieu Rakotoarimanana. L’un des mineurs a disparu, probablement tué par des tirs. À l’époque, Hery Rajaonarimampianina a catégoriquement nié la présence de son fils sur les lieux[1]. La famille de la victime a été payée pour renoncer à engager des poursuites. Ce n’est que l’un des innombrables scandales qui ont marqué la présidence de Hery Rajaonarimampianina. La campagne électorale s’est déroulée sur un fonds d’affaires douteuses, une fois de plus. En 2017, une polémique éclatait sur la peste qui sévissait en plusieurs lieux du pays, principalement dans la capitale. Ce qui n’était pas étonnant, il suffisait de constater l’état de saleté, d’insanité de certains quartiers, y compris au bord du lac Anosy qui borde le parc présidentiel de la capitale.

Autres polémiques, les contrats financiers et les pots de vin afférents, pour l’extraction du pétrole, plus récemment sur l’exploitation des ressources halieutiques du pays par 330 navires chinois. Cette menace pour l’économie et l’environnement s’ajoute au pillage de ces ressources par les Canadiens et les Japonais, au détriment des intérêts des pêcheurs locaux qui ne luttent pas à armes égales avec les grandes flottes industrielles de ces pays.

Pendant la présidence de Didier Ratsiraka (1976-1993 et 1997-2002) et de Marc Ravalomanana (2002-2009), les mêmes pratiques avaient cours. Le phénomène a toutefois atteint un niveau effrayant avec Andry Rajoelina (2009-2013). Cela s’explique : Rajoelina est arrivé au pouvoir grâce à un coup d’État financé par des trafiquants de bois de rose, une essence protégée et interdite à la commercialisation, mais très prisée en Chine. Par la suite, Rajoelina a gardé auprès de lui ces hommes d’affaires d’un genre particulier et a facilité leurs activités, violant les règlements internationaux. Il a contribué à les rendre plus prospères et puissants – une tonne de bois de rose vaut aujourd’hui entre 20 000 et 25 000 dollars, et son commerce a généré chaque année des centaines de millions de dollars[2].

Les gêneurs, comme Houcine Arfa, témoin des magouilles et du racket pratiqués par le palais présidentiel lui-même finissent vite derrière les barreaux. Par exemple, « Les véhicules hybrides de luxe », qui avaient été importés pour le sommet de la Francophonie organisé à Antananarivo en 2016, « ont été immédiatement saisis par le président Hery et sa famille dès la fin du sommet et ont disparu dans les caves du palais d’Iavoloha »[3].

Maminiaina Ravatomanga, milliardaire malgache, dont le nom est depuis apparu dans les Panama Papers, est visé par une enquête ouverte en France pour « blanchiment en bande organisée ». Une suspicion de trafic de bois de rose, des soupçons de détournement de fonds au détriment de la compagnie nationale d’eau et d’électricité de Madagascar, des montages offshore, des SCI en pagaille et, finalement, une boîte aux lettres dans le hall d’un immeuble dont l’adresse apparaît dans les affaires judiciaires du couple Balkany […] il est à la tête du groupe Sodiat, un conglomérat qui se consacre au transport, à la presse, à l’hôtellerie, au tourisme, à la santé ou encore à l’import-export. Mais Ravatomanga est aussi un habitué des cercles de pouvoir sur l’île. Il est, de notoriété publique, un très proche conseiller d’Andry Rajoelina […] Mamy n’est pas non plus inconnu de la justice locale, où son business, qui pose parfois question, lui a valu de faire l’objet de différentes procédures, et notamment d’une enquête poussée du Bureau indépendant anticorruption[4].

Rajoelina s’est aussi considérablement enrichi, avec Rajaonarimampianina qui était son ministre des finances, expert-comptable de profession, et qui lui a succédé à la présidence. Ravalomanana agissait de la même façon.
Les trafiquants ont sponsorisé la campagne d’Hery, comme ce fut le cas en 2013, avec une débauche de cadeaux distribués dans les villages pour acheter les voix. Les ex-présidents Rajoelina et Ravalomanana, qui initialement n’avaient le droit de se présenter ont agi de la même façon dans leurs fiefs respectifs. Pierre Laisoa, dit Jaovato, un trafiquant de bois de rose notoire s’est fait élire député en 2014 et siège dans divers comités chargés de la surveillance des ressources naturelles, du contrôle des finances et du corps judiciaire, selon l’Organized Crime and Corruption Reporting Project.
Il faut aussi observer l’enrichissement colossal de membres de la famille et des conseillers du président dans des opérations frauduleuses, incluant le trafic d’or, le commerce illégal de pierres et de bois précieux, de minerais, d’espèces animales protégées et autres richesses qui échappent au peuple malgache qui s’enfonce dans la misère.

La justice est inopérante, car l’institution judiciaire est « instrumentalisée au service de l’exécutif, déplore Fanirisoa Ernaivo, ex-présidente du Syndicat des magistrats de Madagascar et candidate à la présidentielle[5].
Hery Rajaonarimampianina a démissionné le 7 septembre, afin de pouvoir se présenter à l’élection présidentielle, comme le prévoit la constitution. On n’a jamais vu de candidat sortant à Madagascar qui ne se représente pas. Tsiranana [président de 1959 à 1972] l’a fait, Ratsiraka [1975-1993, 1997-2002] l’a fait, Ravalomanana [2002-2009] l’a fait, Rajaonarimampianina le fait. Quand ils ne se présentent pas, c’est parce qu’on le leur interdit ! Ils se représentent toujours, poursuit La Gazette, car ils sont convaincus qu’ils n’ont pas suffisamment fait ou pas suffisamment bénéficié des avantages du pouvoir […] ils se souviennent de la vie de pacha qui était la leur durant quelques années et ça leur manque.

C’est donc l’absence de renouvellement de la classe politique qui caractérise ces exercices électoraux, dont on peut conclure sans risque de se tromper, qu’elles ne seront pas porteuses du changement auquel aspirent les Malgaches. Hélas ! 

Le premier tour a eu lieu le 7 novembre. Rajoelina en est sorti vainqueur avec 39,19%, talonné par Marc Ravalomanana, crédité de 35,29% des voix. Hery Rajaonarimampianina échoue en troisième position avec 8,84%. Seulement six des 36 candidats dépassent les 1%. Le quatrième, André Christian Dieudonné Mailhol dit Pasteur, plafonne à 1,27%. Le chanteur Dama, du célèbre groupe Mahaleo, reste à 0,33%, tandis que l’ancien président Didier Ratsiraka, l’Amiral rouge, ne dépasse pas les 0,45%[6].

Ce qui revient à choisir entre la peste et le choléra…

L’ancien président lui-même, Hery Rajaonarimampianina, a exclu d’apporter son soutien à l’un des deux candidats qualifiés pour le second tour.

Le pétrole et les élections
L’OMNIS – l’organisme octroyant les blocs pétroliers et miniers – est déjà totalement passé sous le contrôle des proches de Rajaonarimampianina, alors président. L’avocat franco-malgache Henry Rabary-Njaka, le ministre des affaires étrangères depuis septembre 2017, a été nommé Ministre des Mines et du pétrole à la place de Zafilahy Ying Vah, qui occupait le poste. Il connaît le président Hery Rajaonarimampianina depuis plus de 20 ans. C’est aussi le secrétaire général du parti présidentiel, le HVM (Force Nouvelle pour Madagascar). Ce parti était d’abord une association créée juste avant le début de la campagne présidentielle de 2013. Henri Rabary-Njaka, devient le secrétaire général de la formation, mais aussi le directeur de cabinet du président de la République.
Il a été évidemment nommé ministre du pétrole pour préserver au mieux les intérêts du camp présidentiel dans ces secteurs très convoités du pétrole et des mines. Il a été relevé de ses fonctions de secrétaire général de la présidence ainsi que de celle de président du conseil d’administration d’Air Madagascar, mais continue de représenter l’Etat en tant qu’avocat sur différents dossiers d’affaires avant de faire son entrée au gouvernement. Un nouveau gouvernement qui avait été nommé sous la pression de l’Union africaine pour préparer les élections présidentielles[7].

Le pétrole des îles Eparses.
La réintégration des îles Eparses sous juridiction malgache est au cœur des revendications des candidats. Par sa résolution de 1979, l’Assemblée Générale des Nations Unies a réaffirmé la souveraineté de Madagascar sur les Iles éparses et a demandé à la France de les restituer à la Grande Ile. Le dossier explosif des blocs pétroliers de Belo Profond Nord réapparaît à cette occasion. Ils font apparaître des périmètres octroyés initialement par la France au pétrolier nigérian SAPETRO, alors qu’ils se trouvent dans la zone économique exclusive des îles Eparses. Ces blocs ne sont pas sous la juridiction de Madagascar, cependant certains ont fait l’objet d’une convention qui régit le contrat global que l’Etat malgache, représenté par le premier ministre de l’époque, Jean Ravelonarivo, a signé le 1er septembre 2015 avec le représentant du pétrolier CBWTNE (CB World Trade Natural Energy). Cette société, créée au Brésil en 2004, est basée à Houston (Etats-Unis) a conclu un accord qui prévoit l’exécution de travaux d’exploration et de construction d’un terminal pétrolier ainsi que des infrastructures de distribution d’hydrocarbures, une raffinerie et un port pétrolier LNG. Les conditions financières stipulent que la société s’engage à verser une avance sur production de 300 millions $ au Trésor public par tranches de 100 millions $. Elle se serait acquittée, en mars 2017, des frais administratifs pour l’obtention de licences d’exploration[8].

Les Russes se sont emparés de la polémique au moment de l’annexion de la Crimée. A l’occasion des présidentielles, comme plusieurs pays étrangers, ils financeraient leur candidat. Tous réclament le rattachement des îles Eparses à la République malgache en promettant aux investisseurs étrangers des droits d’exploitation sur le pétrole tout en accusant la France de mettre en danger l’environnement de l’Océan Indien par les forages pétroliers.

Les sables bitumineux et Total
La compagnie Total est présente dans la distribution, l’avitaillement et la logistique pétrolière ; c’est la première société à intégrer en amont le secteur pétrolier malgache, en partenariat avec la société « Madagascar Oil » dans le projet d’exploitation pétrolière de grès bitumeux, dans la région Melaky à Bemolanga. La cérémonie de signature de l’accord de partage de production entre les deux parties, ainsi que l’Omnis a eu lieu le 17 septembre 2018. Un investissement de 170 millions de dollars qui sera effectué dans les cinq premières années du projet. La grande production, pour ce gisement, est prévue dans une dizaine d’années. Elle est estimée à 180 000 barils par jour pendant 30 ans. L’Etat bénéficiera de 65 à 75 % de la valeur du produit extrait.

Depuis 2010, 16 compagnies ont contracté 24 contrats pétroliers avec l’OMNIS.
Seulement 45% des surfaces renfermant potentiellement des ressources pétrolières sont exploitées. Cela représente 445 000 km² sur un total de 988 000 k². Les bassins sédimentaires de toute la partie ouest du pays font l’objet d’exploration. Les projets offshores dans le canal du Mozambique sont nombreux, tandis que les blocs au sud de l’île n’ont pas encore trouvé preneur. La réserve potentielle de Madagascar est estimée à 10 milliards de barils. Cette estimation plutôt optimiste attend toujours confirmation par une découverte officielle. Si les contrats prévoient qu’une partie de la production doit-être utilisée à Madagascar, en l’absence de raffineries, on se demande si, cela n’est pas un vœu pieux : « le ministre de l’Energie et des Hydrocarbures, Lantoniaina Rasoloelison, a souligné que jusqu’ici, seule MOSA (Madagascar Oil S.A) a signé un contrat de partage de production avec l’Etat malgache. Il a qualifié cette étape « d’énorme » tout en exprimant son souhait de voir l’installation d’une raffinerie pour les besoins du pays mais aussi pour les marchés d’Afrique de l’Est[9]. » Ceci dans le cadre du terminal pétrolier de Maintirano pour écouler l’huile lourde de Tsimiroro.
A Tsimiroro, il semble que le pétrole lourd extrait du sol, brûle directement, sans transformation, pour produire de l’électricité pour la Jirama ! C’est l’utilisation la plus absurde du pétrole lourd, qui produit énormément de polluants.

Lors de la Semaine africaine du pétrole, du 5 au 9 novembre 2018, Voahangy Nirina Radarson, directrice générale d’OMNIS, a affirmé que « Dans le but d’intensifier les activités d’exploration offshore, nous sommes ravis d’annoncer qu’OMNIS invitera les investisseurs intéressés à investir au cours d’une phase d’octroi des licences débutant en novembre 2018[10]. » Des investissements très intéressants pour les Multinationales du pétrole : Africa Oil & Power estime qu’avec d’avantageux impôts sur les sociétés à seulement 21%, des taux de redevance relativement bas et une réglementation simple et attrayante, Madagascar pourrait « juste être le refuge pour l’exploration de pétrole et de gaz dans les régions pionnières »[11].

Quatre compagnies pétrolières (Galana, Jovena, Vivo Energie, Total) se partagent le marché de l’importation des produits pétroliers à Madagascar, 100% du carburant importé est déjà raffiné. Ces opérateurs pétroliers assurent eux-mêmes la commande à l’étranger et l’acheminent jusqu’à toutes les stations d’essence dans le pays.
La vérité des prix devait être atteinte en octobre 2018 selon les informations du site de l’Office Malgache des Hydrocarbures, mais au mois d’août, les prix sont encore situés à -440Ar/L en dessous de cette vérité des prix. Le prix actuel du super carburant est de 4150 Ar/L (1 €) et celui du gasoil de 3500Ar/L (0,87€).

Les risques pour l’environnement et les équilibres sociaux
Les compagnies présentes sur place, Madagascar Oil et Total, se montrent peu disertes sur leurs activités. Elles renvoient généralement, dans leur communication, au respect de leurs obligations sociétales. Ainsi la compagnie française a-t-elle dépensé 8 millions de dollars à Bemolanga et Morafenobe pour construire des infrastructures, critiquées d’ailleurs, par les populations concernées.

Le système des prête-noms
« A Madagascar, il y a beaucoup de prête-noms. Les vrais propriétaires ne sont pas ainsi identifiés. Ou bien ils ont mandaté des actionnaires ou se font représenter par des cadres de l’entreprise. Mais selon les normes EITI, il est recommandé de tenir un registre des propriétaires réels des permis ou des licences d’exploitation dans le secteur extractif. Ce sera obligatoire à compter du 1er janvier 2020. C’est un moyen de lutte contre la corruption et l’évasion fiscale[12] », a déclaré Daniella Randriafeno, le Secrétaire Exécutif de l’EITI-Madagascar, l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives.

Une nouvelle énergie, renouvelable, le solaire
Après un an et demi de travaux, la phase opérationnelle de la plus grande centrale électrique solaire de l’Océan indien à Ambohipihaonana, a été lancée le 23 juin 2018. Des installations similaires sont envisagées dans une quarantaine d’autres localités. Cette centrale étalée sur une surface de 33 hectares devrait surtout permettre de fournir une puissance nominale de 20 mégawatts pour la zone de la capitale et d’Antisrabe, la troisième ville du pays. Elle devrait aussi permettre de réduire le coût de l’énergie pour les ménages et les industriels avec un coût de production deux fois moins élevé. Le secteur énergétique est fortement subventionné par l’Etat car le prix de vente du kilowatt-heure est un tiers plus faible que son coût de production.

Mais l’énergie solaire étant intermittente, l’adossement à des centrales thermiques ou hydrauliques reste nécessaire.Dans la perspective d’une diversification des sources et pour réduire le coût de la facture énergétique, un contrat de 780 millions d’euros a été signé avec Siemens en octobre 2018 pour la construction d’une usine à gaz aérodérivée. Déjà, en décembre 2016, le développement et l’exploitation de la centrale hydroélectrique de Sahofika a été confié à un groupement auquel participent les français Eiffage et Eranove

Les Russes et les ressources minières et en hydrocarbure de Madagascar.
Un protocole d’accord a été signé à Saint-Petersbourg, une convention qui comporte certainement des clauses secrètes ou tacites selon le journal « La Gazette du 14 juin 2018 ». Aux termes de l’accord conclu, le journaliste pose la question : Le régime Rajaonarimampianina sollicite-t-il l’assistance de la Russie pour se maintenir au pouvoir et pour y perdurer ? Cet accord prévoit : « la recherche et l’exploration des gisements minéraux de l’île : étude géologique, évaluation de l’état des réserves, exploration des gisements minéraux existants… Dans le cadre de ces travaux, une carte sera établie sur la prévision métallogénique et l’évaluation des gisements notamment sur les minerais solides et les hydrocarbures. » Il comprend aussi un volet militaire qui « comporte des escales de navires de guerre russes dans nos ports et, autant qu’on le sache, une dotation d’hélicoptères russes, mais aussi des échanges de délégations militaires, la formation du personnel militaire malgache ainsi que des visites de navires de guerre et d’avions militaires russes […] la présence d’une mission militaire russe au sein du ministère de la Défense de ces deux pays[13] ».

La Russie a récemment pris le contrôle de la République Centre-Africaine, apparemment, elle misait sur l’ex-président Hery Rajaonarimampianina pour s’implanter à Madagascar.

Et récemment, de manière totalement opaque, elle aurait réalisé un hold-up sur le chrome malgache en s’emparant de manière très opaque de l’entreprise Kraoma, avec l’aide du régime Rajaonarimampianina. En octobre 2018, la société Stork International, enregistrée en Autriche mais à capitaux russes, a formé une JV avec la société nationale malgache de production de chromite. Stork, qui détient 80% de la coentreprise, récupère trois mines de la Kraoma ainsi que son usine de traitement. Kraoma doit recevoir 16 millions $, une somme bien en deçà des prix pratiqués dans le secteur, quand l’endettement de la société publique malgache se chiffre à près de 12 millions $. Pas un centime n’a encore été versé sur le compte de la Kraoma […] Le cabinet qui certifie les comptes de la Kraoma devrait être magnanime : il s’agit d’Auditeurs associés CGA, la firme de Hery Rajaonarimampianina. Ce contrat a créé des vagues au sein des proches de ce dernier : Arsène Rakotoarisoa, qui s’y opposait, a démissionné de ses fonctions de DG de la Kraoma en août […] L’ancien ministre des mines, Ying Vah Zafilahy, accompagnait Hery Rajaonarimampianina à Moscou en mars et a été nommé ambassadeur de Madagascar en Russie deux mois avant la démission de Rajaonarimampianina[14].

La Grande Ile, très riche en ressources, est le seul pays au monde où le niveau de vie a reculé depuis 1960.
Anjoelina ne changera pas la donne. Un désastre énigmatique : c’est le seul pays au monde où le revenu par habitant (424 dollars) a reculé de 30% en dollars constants depuis l’année de son indépendance. Les trois quarts de ses 26,33 millions d’habitants vivent depuis 5 décennies sous le seuil de pauvreté.

Lors de ces élections présidentielles, on constate que des ennemis jurés d’hier entament aujourd’hui une amitié idyllique. Ce retournement de veste paradoxal et spectaculaire, sur fonds de corruption et de dépenses somptueuses, c’est le prix de la survie pour ces hommes politiques qui ne défendent que leurs intérêts particuliers et ceux de leur clan. Car aucune idéologie ne sépare, ne distingue les opinions des candidats à la présidentielle. Ils sont tous des adeptes du libéralisme économique. Pas d’idéologue du socialisme pur, du communisme, du nationalisme. Tous les candidats ont présenté des programmes libéraux mâtinés de social. Marc Ravalomanana compte refaire vivre son programme MAP basés sur les investissements privés (surtout les siens pour accroître son empire) tout comme son adversaire Andry Rajoelina qui prévoit dans son programme IEM l’usage de capitaux privés.

Allain Graux
14/12/2018

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[1] Médiapart – A Madagascar, une présidentielle sur fond de grand banditisme et corruption Fanny Pigeaud – 7/11/2018 –
[2] Ibid
[3] Ibid
[4] Quand l’argent malgache finit à Levallois – Par Benoist Fechner, 09/05/2018 – L’Express.
[5] Médiapart – A Madagascar, une présidentielle sur fond de grand banditisme et corruption Fanny Pigeaud – 7/11/2018 –
[6] Source : Jeune Afrique – 17 novembre 2018 à 18h10 | Par Emre Sari
[7] Source : Africa Energy Intelligence n° 819 du 19/06/2018- Hery place l’un de ses affidés pour sanctuariser le portefeuille du pétrole et des mines.
[8] Source : La Lettre de l’Océan Indien – Pétrole de la discorde dans les îles Eparses. 3.09.2018
[9] Un Terminal pétrolier et la route vers Maintirano en vue – Tribune.com -4/09/2018 | Fanambinantsoa
[10] https://agenceecofin.com/exploration/1409-59985-madagascar-vers-un-cycle-de-licences-petrolieres-en-novembre-prochain
[11] Pétrole et gaz : Madagascar deuxième pays d’Afrique pour les opportunités d’investissement LINFO.RE –17.04.2018
[12] Source ; Entreprises minières et pétrolières : Toutes les informations sur les véritables propriétaires à divulguer selon l’EITI
Redaction Midi Madagasikara 9 février 2018

[13] Coopération russo-malgache inquiétante et ç à suivre de près -Adelson RAZAFY – La Gazette de la Grande Isle –
[14] http://www.madagate.org/madagascar-informations-politiques/a-la-une/5577-madagascar-kraoma-ou-lautopsie-dune-faillite-a-la-rajaonarimampianina.html

http://allaingraux.over-blog.com/2018/12/madagascar-des-elections-presidentielles-dans-un-climat-de-corruption-generalisee.html

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