Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

Il y aura donc un second tour entre le président sortant Ibrahim Boubacar Keita qui obtient 41,42% des voix et le chef de file de l’opposition Soumaïla Cissé qui obtient 17,80%. Le taux de participation s’élève à 43,06%, un taux habituellement constaté dans ce pays.

24 candidats ont concouru pour l’élection présidentielle sans qu’on ne connaisse le moindre projet de société. Au lieu de tenter de crédibiliser la politique, la classe politique malienne continue à jouer ses petites manœuvres habituelles. Les conditions financières et de parrainage posaient beaucoup de problèmes aux « petits » candidats, les cartes électorales sont parvenues tardivement. Bref, le jeu électoral était faussé à l’avance en faveur des milieux d’argent.

Le vote a été impossible dans 716 bureaux sans qu’il soit possible d’en obtenir la liste et des incidents ont été répertoriés dans 20% des bureaux sur l’ensemble du territoire. Un changement de procédure de dernier moment concernant les procurations, des doutes quant à la fiabilité du fichier électoral, quelques bourrage d’urnes spectaculaires, l’opacité dans la phase de recensement des voix complètent le tableau.

Le seul point positif des résultats est le recul net de l’influence des religieux, leur candidat a fait moins de 8%. La gauche n’a pas pu se mettre d’accord pour aller unie aux élections. Oumar Mariko du parti SADI, dont nous saluons le courage et l’engagement, arrive en sixième position avec 2,32% des voix en l’absence d’accord ou d’alliance avec les autres forces de gauche.

En ce qui concerne le second tour, ce sera un match retour de 2013 et il est fort probable qu’IBK,le sortant, l’emporte. Il continuera à appliquer docilement les décisions de la France.

Les élections ne sont pas la solution aux problèmes du Mali. Seules des assises populaires nationales et souveraines pourraient permettre au pays de sortir des impasses actuelles et répondre à la frustration des jeunes. Ce pays reçoit 855 Millions d’euros par an des bailleurs internationaux une somme dont au moins 40% sont détournés. Un pays dont 4,3 millions d’habitants ont besoin d’assistance et sont en état d’insuffisance alimentaire. Un pays où l’insécurité règne, générée par toutes sortes de trafics et par l’absence de véritable dialogue entre ses composantes qui formaient pourtant il y a peu une véritable nation.

Pierre Boutry