Pour une transition citoyenne en RD Congo

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Nous publions cette tribune pour une transition citoyenne en RD Congo à l’heure où des violences et même des incidents mortels émaillent la campagne électorale ces derniers jours puisque des tirs à balles réelles auraient servi à disperser des manifestants. Ce constat rend encore plus actuel cet appel.

Contexte

Deux ans après la fin de son dernier mandat constitutionnel, Joseph KABILA règne sur le chaos qu’il a lui-même organisé, depuis son accession aux responsabilités publiques en janvier 2001. Peu nombreux sont ceux qui douteraient encore, dans l’opinion internationale, du danger permanent qu’il représente pour la stabilité, la sécurité, la démocratie du pays, et des pays de la sous-région voire l’existence même de la RDC en tant qu’Etat. Nul n’est besoin de rappeler la misère révoltante du peuple, les persécutions à répétition, les traitements dégradants et leurs traumatismes psychiques, et le rapatriement forcé dont les Congolais n’arrêtent de faire les frais, dans l’indifférence quasi-totale, aussi bien sur le territoire national que dans les pays frontaliers, tels que le Burundi, l’Ouganda et, récemment, l’Angola.

Le détournement des instruments de l’Etat, tels que la Justice et les Forces de l’ordre, de leurs fins constitutionnelles, empêchant, du fait même, toutes les institutions nationales de jouer leurs rôles traditionnels, contraint aujourd’hui les regroupements politiques, la Société civile, et les autres organisations sociales congolaises, à tirer la sonnette d’alarme, en vue de la sauvegarde de l’INTEGRITE NATIONALE (plus que jamais menacée), après les échecs successifs des concertations de 2014, et des Dialogues de la cité de l’OUA et de la CENCO en 2016.

Massacres, viols et occupation de territoire

Le prix Nobel récemment attribué au Docteur Denis MUKWEGE, est une parfaite illustration, voire une preuve irréfutable, de l’épuration ethnique en cours dans l’Est du pays, la région de BENI en particulier qui est le théâtre des massacres des populations civiles, des viols des femmes à répétition et des assassinats ciblés, perpétrés en toute impunité. Cette tragédie planifiée et ces violations massives des droits de l’homme en RDC contraignent, les habitants déjà sinistrés, à l’errance et ses conséquences, favorisant l’occupation illégale de leurs terres, mais aussi l’exploitation et la commercialisation illégales des minerais congolais par des pays étrangers comme l’atteste le rapport Mapping de l’ONU. Le cas le plus emblématique est celui du Rwanda, devenu un « pays producteur de plusieurs minerais », dont il ne dispose pas dans son propre sous-sol. Par ailleurs, les 80 fosses communes identifiées jusque-là sur le territoire congolais apportent une preuve supplémentaire de l’extermination des Congolais sur leur sol, illustrant une fois de plus, la cruauté du système de prédation piloté par le Rwanda et leurs commanditaires, qui utilisent Joseph Kabila comme marionnette pour gouverner la RDC à leurs propre profit, causant la mort de plus de 6 million de congolais en 20 ans.

La responsabilité nationale et internationale

De nos jours, il existe des réalités tellement tragiques qu’il n’est plus possible de se taire indéfiniment. C’est notamment le cas de la condition sociale et de malheureuses expériences électorales précédentes sous le régime Kabila en 2006 et 2011, qui ont conduit, à des résultats frauduleux, aux conséquences catastrophiques. Il n’échappe à personne, que nombre de leaders politiques congolais ont habitué le peuple à s’accommoder à des orientations ou des diktats imposés par leurs parrains étrangers. L’heure a plus que jamais sonné pour dénoncer l’infantilisation de ce peuple et susciter une prise de conscience de la nécessité d’adopter une POSITION COMMUNE, capable d’interpeler la communauté internationale, qui observe à chaque occasion, les jeux individuels et partisans des Congolais.

Au travers de cette tribune, les signataires affirment leur solidarité, pour indiquer à tous les partenaires de la RD Congo, la voie du salut pour cette nation : une période transitoire sans Joseph Kabila, dont le départ est devenu une priorité nationale, dans la mesure où des élections transparentes et démocratiques supposent, au préalable, la sécurité nationale et l’accès libre aux médias publics assuré à tous les candidats. Ceci est loin d’être le cas selon le dernier rapport des évêques congolais du 22 novembre 2018 et de nombreux autres témoignages d’acteurs locaux.

Les élections du 23 décembre 2018

Alors que l’organisation des élections avait été reportée pendant deux ans pour « manque de moyens », la RDC devient subitement capable de se passer de toute assistance internationale pour les élections de fin décembre 2018. Forcé par la communauté internationale à désigner un Dauphin. Joseph serait désormais prêt à céder son fauteuil à celui qu’il a choisi. Tout indique pourtant qu’avec la machine à voter qui n’en finit pas d’arriver et le fichier électoral corrompu de dix millions d’électeurs non identifiés, ce scénario ne sera qu’une formalité, pour assurer la continuité du régime symbole de l’occupation rwandaise.

Aujourd’hui, plus que jamais, le peuple congolais a la chance de compter des personnalités capables de diriger une PERIODE DE TRANSITION pour la préparation des élections démocratiques. Soutenir les élections sans démocratie de décembre 2018, sous la gestion d’institutions douteuses, dans une ambiance de terreur, de massacres, de répression et de chantage équivaut à choisir en connaissance de cause, la poursuite de la faillite et le démembrement de ce pays.

Une Transition citoyenne, pour remettre en place les instruments d’appui à la démocratie.

Les Congolais sont conscients que le contexte de confiscation des médias publics par le régime, de poursuite des massacres, de vagues de répression des manifestants pacifiques sur tout le territoire, d’utilisation des machines à voter NON prévues par la loi électorale, de conservation d’un fichier électoral corrompu, constitue un obstacle réel à l’organisation des élections libres indispensables pour ramener la paix et le travail.

Les crises électorales issues des scrutins de 2006 et 2011 et la légèreté de la classe politique congolaise ayant servi de leçon, le capital confiance populaire ne bénéficier qu’à une équipe de personnalités apolitiques, pour conduire UNE TRANSITION devant reposer sur l’application stricte, d’une FEUILLE DE ROUTE négociée par les forces vives congolaises, à l’issue d’une « négociation de salut public ».

La cacophonie de la classe politique après l’accord de Genève.

Les suites du récent accord de Genève ont démontré, s’il en était besoin, de la réalité d’une fuite en avant de ce groupe constitué essentiellement d’anciens et de récents ex-barons du régime manipulés par leurs parrains européens. La très fugace candidature commune n’étant qu’un prétexte pour une répartition actualisée des rôles. Pour preuve, cette détermination à participer aux élections, dans un scénario du fait accompli, malgré l’absence des instruments démocratiques qu’ils avaient dénoncé.

Longtemps considérés, comme alliés objectifs du régime à cause de l’ambigüité habituelle de leurs positions, le groupe de Sept hommes politiques présents à Genève apparait comme décidé à confisquer le terrain politique après Joseph Kabila. Refuser la machine à voter et le fichier électoral corrompu par des déclarations fracassantes, mais les accepter dans les faits au final, indique un éloignement de ce groupe, des vraies préoccupations du peuple.

Les manifestations de foules désespérées ressemblent dans ces conditions à un jeu de dupes, situation qui renforce la conviction des congolais, de la nécessité d’un grand coup de balai sur ce qui a été qualifié de « médiocres » par le cardinal Monsengwo, afin de laisser une chance au peuple de reprendre son destin en mains.

Nous condamnons fermement les violences contre les meetings de Mr Martin FAYULU, candidat de la coalition LAMUKA, qui ont déjà causé la mort de plusieurs personnes et les incendies d’entrepôts de matériels électoraux ; tout ceci montre bien la réalité d’un processus qui va à l’encontre les intérêts de la RD Congo.

Appel

La voie d’une période transitoire proposée ici est le fruit des travaux obtenu après plusieurs rencontres des personnalités expertes, soucieux de justice et de paix, dans un esprit de responsabilisation du Congolais, pour qu’une position prise par certains parrains internationaux ne devienne la norme pour l’homme politique congolais. Cette tribune est un pressant appel aux congolais à soutenir la transition citoyenne « SANS JOSEPH KABILA », dans un cadre d’Union Nationale. Cet appel s’adresse aussi à tous les amis du peuple congolais pour leur soutien dans le cadre des institutions internationales.

Fait à Paris, le 15 décembre 2018.

Liste des personnalités signataires :
1. Mr Christopher NGOY MUTAMBA : Président de la société civile de la RD. Congo.
2. Mr Joseph Sita NSONI ZENO : Directeur du bureau politique du Parti Bundu Dia Mayala.
3. Mr Eugene DIOMI NDONGALA: Président du parti Démocratie Chrétienne.
4. Mr Valentin MUBAKE: Président du Parti UDPS le people.
5. Mr Christophe MASAMBA: Président du Parti Congolais de progrès Intégral.
6. Mr Ernest WAMBA DIA WAMBA: Direction du Parti Bundu Dia Mayala
7. NE MUANDA NSEMI: Chef historique du Parti Bundu dia Mayala.
8. Mr Donat MUPAPA KUBADI: Médecin du SAMU, President de la Fédération des démocrates et des républicains.
9. Mr Jean Paul BOFUNDA : Parti Nouvelle génération politique.
10. Mr Freddy MUTOMBO: Délégué France du mouvement “Paix et solidarité”.
11. Mr Cyrille KAMANGA AMITAR: Secrétaire général du parti Unité Nationale et Intégrité du Congo.
12. Mr André QUINTA: Parti Mouvement des démocrates.
13. Mr Felix BOKASSIA: Elu municipal, ville de Château Thierry.
14. Mr Felly MULUMBA: Président de l’association des entrepreneurs congolais en France.
15. Mr Olivier TSHIMANGA: Artiste musicien.
16. Abbé Désiré BALA-BALA NEMBENZE: Fédération des démocrates et des républicains.
17. Mme Marie Antoinette MAKAYABU: Association panafricaine Lisalisi.
18. Mme Tina MWANGELU: Délégué. Collectif du Droit à la Démocratie en Afrique « CDDAF ».
19. Mr James NGUMBU: Rédacteur, Panafrica Magasine.
20. Mr Pungi SADI MABONDO: Médecin, Hôpitaux de Paris.
21. Mr Nsimba DIAKIESE : Délégué de l’Ecole de formation internationale de droits humains, RDC
22. Mr Willy MESONGOLO : Délégué Luxembourg, “Paix et solidarité”
23. Mr Gérard NKONDI KUDEDA : Groupement international des volontaires africains au Congo.
24. Mr Claude MWANGELU
25. Mme Marie Claire SOGAZA
26. Mr Edouardin MPUTU
27. Mr Pedrito LUNGWELA
28. Mr Jules KINSALA
29. Mr Raphael MALOLO
30. Mr Pierre KAMA
31. Mr Eric KABONGO
32. Mr Nicolas KIGWESI
33. Mr François NZABI
34. Mr Pierre BOUTRY : Parti de Gauche
35. Mr Vincent ISRAEL : Président NOUVEL’R
36. Mr Daniel GOLDBERG : Délégué Hauts de Seine, GENERATION’s
37. Mme Bénédicte IBOS : Elue municipale, ville de Malakoff, GENERATION’S
38. Mr Mahamat ZANG : Union nationale pour la démocratie et le renouveau « UNDR », Tchad

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