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TOGO : soutien du Parti de Gauche au peuple togolais en révolte

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Depuis le 3 août 2017, dans toutes les préfectures et grandes villes du Togo, des manifestations monstres ont lieu contre le pouvoir de Faure Gnassingbé. Malgré la répression brutale du pouvoir, les 6 et 7 septembre 2017, une partie importante de la population, bravant l’interdiction de manifestations, était dans la rue pour exiger la fin de la dynastie cinquantenaire des Gnassingbé fondée sur le meurtre du Président Sylvanus Olympio. Une banderole demandait aux soldats, policiers et gendarmes de faire allégeance au peuple. D’autres manifestations sont prévues la semaine prochaine.

Les manifestants réclament le retour à la Constitution de 1992 qui prévoyait une limitation absolue du nombre de mandats présidentiels à deux, avec la formule « en aucun cas nul ne peut faire plus de 2 mandats » et un mode de scrutin à deux tours. Ils y ajoutent l’exigence du vote de la diaspora. Cette forte mobilisation est rendue possible par l’unité d’action de toute l’opposition contre le pouvoir, regroupée en trois ensembles (CAP2015, le Groupe des Six, le Parti National Panafricain). Pour la première fois, le nord et le sud du pays sont incontestablement debout et unis pour faire partir la dynastie prédatrice.

Après le décès de son père, Etienne Eyadema Gnassingbe, Faure a été déclaré élu en 2005 grace à un coup d’Etat institutionnel qui a fait 500 morts et une parodie de vote, avalisée par Chirac. Il a été déclaré réélu en 2010 grâce au truquage du système de transmission des résultats à la CENI. Il l’a été à nouveau en avril 2015 à l’occasion d’une autre mascarade électorale, seule qualification que l’on puisse donner à une manœuvre orchestrée par le Président Ivoirien Ouattara ; Ce dernier avait fait accélérer la proclamation des résultats du scrutin en catimini par le président de la CENI, Taffa Tabiou, au terme d’une opération rocambolesque qui a vu les gendarmes s’en prendre aux représentants de l’opposition ,notamment du CAP 2015, membres de la Commission électorale. Faure Gnassingbé avait été déclaré vainqueur de l’élection alors que seulement les résultats de 15 circonscriptions électorales sur 42 avaient été compilés et consolidés.

Dans la crise, Faure, surnommé « bébé Gnass » par son peuple, a recours à sa stratégie habituelle de mutisme, préfère couper internet et les moyens de communication et manœuvrer les députés plutôt que d’engager un dialogue audible avec son peuple.

Faure qui voue une admiration sans pareille à Kagamé autre despote adepte de la monopolisation du pouvoir à vie, avait jusqu’il ya peu, confié l’administration des recettes de son pays à des consultants rwandais qui ne se sont pas privés de profiter du système. Kagamé qui aide depuis 8 ans le Togo à asseoir un système efficace de renseignement et a conclu avec le président togolais un accord tacite de non-agression et de soutiens réciproques. Il bénéficie des compétences du juriste Charles Debbasch alias Koffi Souza, grand expert en matière d’arrangements constitutionalistes.

Faure est protégé par une garde présidentielle appuyée par les israéliens et une armée clanique recrutant quasi exclusivement chez les Kabyé, ethnie du nord du pays dont est issue la dynastie. Cette armée est dûment conseillée par une quinzaine de coopérants militaires français et renforcée en matériel ces dernières années grâce à la politique de vente d’armes aux dictateurs africains par le ministre français Le Drian sous le prétexte de lutte contre le terrorisme. Si le premier ministre français Ayrault ne s’y était pas opposé, le Togo se verrait actuellement doté d’hélicoptères Gazelle sensés protéger les frontières mais si efficaces pour réprimer les manifestations.

Le pouvoir s’engage à faire commencer ce vendredi 15 septembre l’examen par les parlementaires d’un projet de réforme constitutionnelle qui prend en compte, comme le souhaite l’opposition, la limitation des mandats et le mode de scrutin. Mais il manque dans ce projet la courte phrase : « En aucun cas, nul ne peut faire plus de deux mandats » », qui a été reformulée et amputé du « En aucun cas… ».

L’opposition demande qu’on retourne à la Constitution de 1992 dans sa forme originelle telle qu’adoptée lors du référendum du 27 septembre 1992. Le gouvernement propose alors de limiter la durée du mandat des députés comme une sorte de provocation/diversion pour désamorcer la mobilisation. Même si un départ immédiat de Faure est souhaitable, un départ négocié est sans doute envisageable dans le cadre d’une réforme permettant le retour à la Constitution de 1992. Il revient au peuple togolais d’en décider.

Pour rappel, dans l’espace CEDEAO qui rassemble 15 pays, le Togo est aujourd’hui le seul pays à ne pas connaître d’alternance démocratique réelle, le seul pays à ne pas avoir une limitation du mandat présidentiel, le seul à ne pas avoir une élection présidentielle à deux tours, le seul à ne pas réaliser la décentralisation de ses institutions locales et qui continue à faire gérer ses communes et ses préfectures depuis des décennies, en toute opacité, par des délégations spéciales non élues, le seul à ne pas avoir des règles électorales universelles, consensuelles, comme le préconisent les dispositions du protocole A/SP1/12/01 de la CEDEAO sur la Démocratie et la bonne gouvernance.

Le Parti de Gauche soutient le peuple togolais dans sa lutte pour la fin de la cynique et calamiteuse dynastie des Gnassingbé.

Le Parti de Gauche demande au gouvernement français de suspendre sa coopération militaire avec le régime en place ainsi que toute livraison d’armes et à faire pression sur le régime afin qu’il négocie une sortie de crise rapidement.

Pierre Boutry

Responsable de la Commission Afrique du Parti de Gauche

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