Déclaration de Presse de la Commission Afrique du Parti de Gauche
Le président de la République récemment élu Emmanuel Macron a émis une plaisanterie de fort mauvais goût qui dévoile le grand mépris du technocrate pour la misère humaine et le grand retour du refoulé colonial de la République française.
Lors d’une visite au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique d’Etel (Morbihan), il a en effet déclaré : « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du comorien, c’est différent ». Ces embarcations de fortune sont utilisées par les passeurs pour emmener illégalement des migrants comoriens jusqu’aux côtes de Mayotte dans des conditions précaires.
Nous connaissions le Macron adepte du racisme social : ministre de l’économie en septembre 2014 il avait qualifié les ouvrières de l’abattoir de Gad, dans le Finistère, de simples « illettrées ». Il avait déclaré lors de sa campagne dans le bassin minier du Pas de Calais « Ici une série de difficultés qui se sont accumulées, la difficulté économique, l’effondrement de la mine (…). Sur cet effondrement il y a eu des problèmes sanitaires et sociaux ». « Dans ce bassin minier, les soins se sont moins bien faits, il y a beaucoup de tabagisme et d’alcoolisme, l’espérance de vie s’est réduite, elle est de plusieurs années inférieure à la moyenne nationale ». Plus tard, il s’en est pris aux chômeurs : « Je ne veux plus entendre ‘j’ai encore droit de rester un peu au chômage’ ou ‘on ne me propose rien’ ! ».
Si l’on vit moins longtemps dans le milieu ouvrier, c’est aussi et surtout à cause des maladies professionnelles ; si l’on reste au chômage, c’est parce qu’il n’y a aucun emploi décent de proposé et certainement pas par esprit de profiteur.
Nous découvrons maintenant le Macron colonialiste qui ose parler d’êtres humains comme de marchandises (« du comorien ») affichant ainsi un grand mépris de classe à l’échelle mondiale.
Comme si les familles comoriennes ne pouvaient plus jouir du droit ancestral de rendre visite à leurs parents, en dehors des cas de décès !
La France n’a pas respecté pas le droit international de la décolonisation en favorisant par référendum le rattachement à la France de Mayotte (22 décembre 1974) puis en mettant en œuvre la départementalisation de ‘l’île hippocampe’ (depuis le 31 mars 2011) et enfin en concrétisant son statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne (depuis le 1er janvier 2014).
Cette situation que les gouvernements français successifs ont créée, génère un afflux permanent de « clandestins » comoriens à Mayotte en provenance d’Anjouan. Cet afflux entraine de nouveaux et dramatiques naufrages. Des milliers de personnes sont mortes, des milliers d’autres sont empêchées et refoulées dans des conditions indignes et des enfants sont séparés de leurs parents.
Le Parti de gauche demande que soit remis en cause le ‘visa Balladur’, instauré en 1995 afin de restreindre la libre circulation des personnes entres les quatre ’îles de la Lune’.
Le Parti de gauche dénonce la façon dont Mayotte est gérée dans le cadre de la République française sans aucun souci de l’économie locale abandonnée aux effets désastreux des politiques européennes, ce qui favorise le départ d’une population qui préférerait vivre et travailler au pays.
Le Parti de gauche considère qu’un processus de confédération entre Mayotte et l’Union des Comores devrait être engagé et qu’en parallèle avec le développement programmé de Mayotte, un véritable plan confédéral politique, économique et financier doit être mis en œuvre.
Pierre Boutry