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Contre le Trumpisme, une nouvelle espérance transnationale.        

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1 Concernant l’élection américaine, force est malheureusement de constater que l’élection de Trump, (ce primaire sans aucun programme sauf celui de détruire la société au profit de ses amis capitalistes et d’échapper à ses condamnations) a suscité une adhésion massive du peuple américain. Certes la gauche américaine est inexistante (et ce n’est pas de brave Sanders qui y changera quelque chose) et les démocrates continuent d’apparaitre comme les partisans d’une mondialisation libérale ouverte sans même entendre les revendications sur le travail et les conditions d’existence des américains. En votant Trump la classe ouvrière blanche mais aussi latino et chose nouvelle, une part importante des hommes afro-américains, mais aussi étonnamment des femmes,  tous ces gens pensent trouver une solution aux deux « problèmes » principaux pour eux que sont l’immigration  non régulée et le coût de la vie (inflation, santé, éducation) plus une atmosphère de violence (vols, agressions…). Que ce soit un milliardaire véreux et sa bande de dingos qui prétende « régler » ces questions, peu leur chaut. Le peuple américain est foncièrement conservateur, individualiste et religieux ; il élit celui qui répond à leurs attentes et il n’y a dans cette attitude aucune idéologie politique, aucun intérêt pour la marche du monde et aucune velléité de lutte des classes (les deux grèves dockers et Boeing étant des exceptions opportunistes).

Mais les Américains n’ont pas voté unanimement pour un fasciste ! Trump a remporté 31 % des suffrages des inscrits et on peut dire qu’environ les trois quarts du corps électoral américain potentiel n’ont pas voté Trump, soit qu’ils ne sont pas inscrits, soit qu’ils se sont abstenus (37 % des inscrits), soit qu’ils ont voté Harris (75 millions contre 77 environ pour Trump). Il n’y a donc aucune unanimité en faveur de Trump et on peut affirmer que ce n’est pas Trump qui a gagné, mais le parti démocrate et sa candidate Harris qui ont perdu, faute de mobiliser l’électorat populaire et une partie des « minorités » : 10 millions de voix perdues par rapport à Biden !

Sur le plan intérieur, ce sera sus à la bureaucratie fédérale et continuation de la politique ploutocratique, creusant encore des inégalités devenues abyssales et insoutenables sur les plans social, sanitaire et politique (de telles inégalités corrodent forcément les institutions démocratiques).

La défaite des démocrates est bien l’échec du rêve d’Obama d’une nation multiraciale, moderne et ouverte sur le monde. A contrario le succès de Trump est bien dans sa réponse populiste répugnante certes mais à de vraies questions posées par le peuple et ce succès s’accompagne d’une montée en puissance du nationalisme chrétien conservateur, une idéologie mêlant foi religieuse rétrograde et projet politique patriotique.

2 Le « national-capitalisme autoritaire » nationalisme de puissance, celui de la « pensée » MAGA (Make America Great Again) et de la nostalgie impériale se raccorde désormais à l’évolution autoritaire de nombre de démocraties, renforcée aux Etats-Unis par la méfiance originelle à l’égard de l’État fédéral. Elle y ajoute le glissement progressif de la conflictualité démocratique vers un agonisme brutal, où l’adversaire d’hier devient l’ennemi qu’il faut contenir ou détruire par tous les moyens, y compris le mensonge (les fake news) et la violence. Elle se complète par la porosité explicite entre l’institution politique et un monde de l’économie concentré à l’extrême. Au cœur du processus que l’État se propose de soutenir massivement, l’économie de la guerre fonctionne plus que jamais comme le grand stimulant de la recherche et d’une croissance prédatrice, tandis que les barons de l’information imposent leurs normes, indissociablement économiques et idéologiques, à l’ensemble des acteurs principaux, quelles que soit leurs nationalités.

Ce nationalisme généralisé et la notion de souveraineté qui en découle ne sont que les masques du grand retour explicite des ambitions impériales et de l’équilibre-déséquilibre provoqué par le heurt assumé des puissances. Plus encore qu’au début du XXe siècle, le néo-nationalisme est l’habillage d’un échec, celui de la « mondialisation » et d’un essoufflement, celui de l’utopie mondialiste. Il n’est que la forme condensée et parachevée du glissement, de la régulation par la « concurrence libre et non faussée » vers une régulation alternative reposant sur le heurt des puissances principales, dans un monde où « l’état de guerre » est devenu la norme.

La cohérence du nouveau modèle trumpien ne doit pas laisser dans l’ombre les contradictions de son déploiement. Dès son investiture, Donald Trump a pris les mesures flattant son électorat le plus radicalisé mettant en scène pour le monde entier sa détermination. Mais pour que son projet puisse se déployer dans toutes les dimensions il devra faire ses preuves face à l’épaisseur du réel. Or ce réel est aussi celui des interdépendances planétaires contraignantes, celles des effets destructeurs possibles d’une bulle financière non maitrisée, celles du caractère explosif des inégalités, celle des risques propres à la nouvelle flambée de la course aux armements, sans compter les dérèglements désormais tangibles de la crise climatique. La guerre froide entre systèmes a laissé la place au face-à-face, à la fois réel et fantasmé, d’un   « Occident global » et d’un « Sud global ». Les réactions face aux grands conflits en cours, guerre en Ukraine et affrontements israélo-palestinien, ont montré l’importance et les risques de ce dualisme résurgent. Une fois de plus, il peut pousser les grands courants d’opinion à « choisir leur camp », par conviction profonde ou par résignation. En cela, le « national-capitalisme » risque de n’être en pratique qu’un nationalisme limité par l’équilibre instable entre la nécessité des alliances et la crainte d’une hégémonie trop lourde des Etats-Unis d’un côté, ou de la Chine de l’autre…

3 Le carbofascisme de Trump

Certes, les États-Unis n’ont jamais extrait et exporté autant de pétrole et de gaz que sous la présidence démocrate. La production de brut (crude oil) est aujourd’hui 70 % au-dessus de son niveau d’il y a huit ans, lors de la première élection de Trump. Quant aux exportations de GNL, elles dominent aujourd’hui le marché mondial – alors qu’elles en étaient presque au niveau zéro en 2016. Les chiffres sont affolants, au regard des effets sur le dérèglement climatique de l’extraction des hydrocarbures : les États-Unis produisent aujourd’hui plus de pétrole qu’aucun autre pays dans l’histoire du monde, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Même l’Arabie saoudite sort moins d’or noir de ses sous-sols, précise l’AIE. La compagnie étatique Saudi Aramco prépare un plan de développement dans le but d’atteindre 13 millions de barils d’ici deux ans. Soit moins que les États-Unis aujourd’hui. Kamala Harrisa défendu pendant sa campagne la poursuite des forages pétroliers. Les États-Unis ont pourtant signé au Qatar en 2023 un engagement à sortir des énergies fossiles. Un texte non contraignant, tout comme le fut en son temps l’accord de Paris sur le climat.

Concernant le gaz, autre énergie contribuant gravement au chaos climatique, les investissements dans les infrastructures (terminal portuaire, gazoduc, etc.) ont été si massifs sous la présidence démocrate que leurs exportations pourraient doubler dans les années qui viennent. Même si Joe Biden a décidé de mettre en pause de nouveaux projets de sites gaziers à la toute fin de son mandat, pas moins de cinq équipements sont en cours de construction dans le golfe du Mexique, pour une capacité estimée à 300 millions de mètres cubes supplémentaires par jour d’ici à 2027. En plus de la capacité déjà existante de 320 millions de mètres cubes exportables quotidiennement.

Les rejets de carbone n’ont quasiment pas baissé en 2024 (− 0,2 % par rapport à l’année précédente), alors que les USA s’étaient engagés à les réduire de 61 % d’ici à 2020 – par rapport à 2005, dans le cadre de l’accord de Paris. L’IRA mis en place par Joe Biden a bien accéléré l’essor du photovoltaïque et de l’éolien, mais la demande en électricité a augmenté davantage, si bien qu’elle n’a pu être comblée que par des centrales à gaz, émettrices de dioxyde de carbone.

L’élection de Trump marque un changement de degré (drill baby drill !), mais pas de nature de politique énergétique. Seulement une accentuation forcenée de cette politique que l’on pourra aisément qualifier de  « carbofascisme » au vu du climato-négationnisme désinhibé de Trump et du mouvement Maga.

4 Transhumanisme, Intelligence Artificielle et suprémacisme trumpien

Pour les milliardaires de la tech, le programme, c’est de se libérer de la concurrence et de la régulation à la fois. En investissant la Maison-Blanche, ils sont en train de faire les deux. Et la théorie selon laquelle la Silicon Valley serait composée de libertariens n’a plus vraiment cours. Ce sont au contraire des gens dont la fortune est dopée par de gigantesques contrats publics et qui ne veulent pas du tout de la disparition de l’État. On assiste à l’aboutissement de la stratégie de capture réglementaire, qui consiste normalement à infiltrer les régulateurs pour devenir soi-même le régulateur. C’est une étape de plus : devenir carrément l’État et s’auto-décerner des contrats militaires, des contrats de surveillance ou des contrats spatiaux, dans le cas de Musk. On assiste à la transformation d’une oligarchie : ce qu’écrivent et ce que disent les grands patrons du secteur, ce qui les unit est avant tout une conviction élitiste et suprémaciste. Car ce qui est envisagé c’est  la création, grâce au numérique, d’une « superclasse mondiale » de gens extrêmement riches, « l’élite cognitive ». Ils se considèrent comme des super-héros, qui ne font pas partie de la même espèce que nous et qui ont une légitimité intrinsèque à nous gouverner.

L’Intelligence Artificielle (IA) porte un projet de redéfinition de la notion même d’être humain  et le discours qui promeut l’intelligence artificielle propose de refonder les architectures de la société. Ce projet est très différent selon qu’il s’applique à eux-mêmes (les super-héros) ou au reste du corps social. Pour eux-mêmes, l’IA, c’est le projet d’augmentation des capacités humaines, la mythologie du surhomme, la volonté d’hybrider son cerveau avec la machine. De défier la mort aussi. Mais pour ces milliardaires, quand l’IA est appliquée au reste du corps social, elle devient un outil de contrôle et de servitude. Quand on regarde les utopies qu’ils défendent, par exemple les stations spatiales de Musk, le futur qui est promis pour la population, c’est la servitude algorithmée, aux mains de la machine, avec un capital qui se régénère quasiment automatiquement.

Plus on s’éloigne de la médiane, plus le modèle va avoir du mal à prédire et à modéliser le monde. Le problème est que la médiane politique du monde correspond à la bourgeoisie, à la blanchité, au genre masculin. Ce rêve de la tech d’aujourd’hui est d’ailleurs le même que celui des patrons d’industrie au XIXe siècle qui investissaient dans les premières machines, ou que celui d’Henry Ford quand il inventait la division du travail et se faisait décorer par Hitler. C’est toujours l’idée qu’avec suffisamment de rationalité, le capital va créer tout seul du profit, sans intervention humaine. Et quand on humanise la machine, on mécanise l’humain – c’est la contre-proposition tacite. Donc, plus on s’éloigne de la représentation du monde des dominants, plus on arrive dans les marges, plus on se retrouve avec une automatisation des inégalités : la machine reproduit et amplifie les biais de classe, de race et de genre, qui soutiennent déjà le monde occidental. Toute machine algorithmique est une intervention politique sur le réel.

Les racines idéologiques fascisantes de certains des plus grands milliardaires de la Silicon Valley, coïncident  ainsi avec le projet politique sur lequel repose le développement rapide de l’IA dans les sphères politiques et économiques. Un projet qui coïncide avec celui du trumpisme.

5 Les conséquences sur les peuples européensL’impérialisme prédateur américain provoque une crise sociale majeure en Europe le but était d’abord d’affaiblir la Russie et de déclencher une guerre par procuration contre elle et d’affaiblir l’Europe dans la foulée. L’extension de l’OTAN et le non respect des accords de Minsk par les « Occidentaux » ont conduit à cette guerre stupide et mortifère qui a provoqué  la mise sous tutelle économique de l’UE et sa dépendance au gaz de schiste américain. Les peuples européens ne doivent pas se laisser berner par les discours de soutien aveugle aux positions américaines entonnés par la Commission Européenne et l’OTAN.

Par ailleurs, devenu le porte-parole du trumpisme, Elon Musk avec son salut nazi se fait le chantre des extrêmes-droites européennes, qui en retour ne manquent pas de saluer le cours annoncé de l’administration américaine. Elon Musk représente un danger majeur pour la démocratie en Europe : ses promesses de financement des partis néo-nazis UKIP en GB et AFD en Allemagne constituent une ingérence sans précédent dans la politique de pays souverains. De plus la mollesse de la lutte anti-Musk de la part de l’UE fait craindre pour nos libertés : les textes sur la modération en ligne comme le Digital Services Act ( dont Thierry Breton est à l’origine mais on connait le sort qui lui a été réservé par Ursula von der Leyen) ne sont pas jusqu’ici appliqués avec force au point que l’on peut se demander si Ursula le souhaite vraiment. Il s’agit bien d’une nouvelle compromission qui sera désastreuse pour notre avenir.

S’il faut s’attendre à des ruptures de la part de l’administration Trump, c’est d’abord à celle d’un plus grand isolationnisme et, via la politique commerciale, à l’aggravation du pillage des économies des pays vassaux, principalement de l’Union européenne. Entre le pillage, via l’espionnage à grande échelle mis au service de leurs propres fins économiques (souvenons-nous du dépeçage d’Alstom et de la mise sous écoute de Merkel et de Hollande), l’extraterritorialité du droit américain, l’exigence d’augmentation des dépenses militaires (aux dépens des dépenses sociales) et l’abandon en rase campagne des pays qui n’intéressent pas l’Oncle Sam, nous sommes prévenus. Par le chantage aux sanctions commerciales et les déclarations de guerre potentielles au Danemark et au Canada, visant à contrôler les ressources en minerais et en énergie nécessaires au développement de l’IA,  c’est d’abord l’Union européenne qui tremble.

Plus globalement, l’Union européenne est prise en étau entre les deux puissances américaine et chinoise et son réveil est bien trop tardif, attachée qu’elle est au libre-échange doctrinaire et au dogme de la                  « mondialisation heureuse ». Quand Macron déclare dans ses vœux télévisés que « l’Europe doit être moins naïve », on se pince ! Au fond, Trump 2 s’inscrit dans la continuité de la politique commerciale agressive de ses prédécesseurs. En attendant, ce sont bien les citoyens européens qui vont payer la note et l’on va voir que « l’union » est bien peu unie face aux sauve-qui-peut nationaux, d’autant que la néo-fasciste Meloni et l’ « illibéral » Orban sont des chevaux de Troie Trumpiens pour faire éclater l’UE.

Enfin, l’occidentalisation de la France et son alignement sur les intérêts anglo-saxons et israéliens, totalement contraire au dessein gaullien de la diplomatie française, nous ont conduits dans le piège de l’alignement systématique sur la volonté de puissance américaine. C’est une véritable tragédie pour la France qui a choisi le camp de ceux qui la piétinent.

 Face à cela, la revendication doit être la paix négociée et le refus de la militarisation de l’UE ; donc la réaffirmation de notre opposition à l’UE d’Ursula von der Leyen et la formulation d’une exigence de désobéissance.

6 Les conséquences pour l’Afrique

Chacun se souvient des déclarations de Trump sur les « shithole nations » et le fait qu’il n’a effectué aucun voyage officiel en Afrique lors de son premier mandat. Malgré cela il se peut que son style plaise à certains leaders africains adeptes du néovirilisme et sensibles à son discours anti-woke. Comme la Chine ou la Russie, le partenaire international idéal des démocraties approximatives n’est-il pas une puissance économique volontairement aveugle aux modes de gouvernance ou au traitement des droits humains ?

Le protectionnisme américain pourrait évidemment compromettre certaines exportations africaines aux États-Unis. Tout comme l’éventuelle quête d’indépendance à l’égard du dollar pourrait susciter des menaces de hausse de certains droits de douane, de la part de l’administration Trump, comme ce fut le cas envers les BRICS dont se rapprochent de plus en plus les économies dominantes africaines. Quant à la prochaine fixation de l’aide américaine au développement, elle ne devrait guère apporter de bonnes nouvelles au continent.

Sur le plan politique, indépendamment de la morale géopolitique, de nombreuses situations pourraient mettre certains dirigeants d’Afrique devant des dilemmes au moment des votes, lors des sommets internationaux, notamment sur le rapport à l’État d’Israël ou sur l’espace accordé à la Chine. Chaque pays du continent tentera alors d’imposer une realpolitik bilatérale aux considérations idéologiques globales.

Conclusion : vers une mondialité partagée

Trump pourra compter sur le déclin des institutions internationales, réduites au statut de simple chambre d’enregistrement des rapports des forces entre puissances. Même les institutions financières mondiales, qui échappent depuis longtemps au magistère de l’ONU, sont désormais considérées comme mineures par un Président et ses acolytes oligarques, qui ambitionnent d’imposer leur propre logique, par exemple autour de l’essor de leur cryptomonnaie. Mais toutes les institutions onusiennes ne sont pas encore réduites au silence, à l’absence de pensée et d’action, notamment celles qui tournent autour de l’exigence du développement humain. Quant aux sociétés civiles et aux opinions publiques, elles ne sont pas uniformément asservies.

Il faut combattre la cohérence du trumpisme, en ne se contentant pas de la contester : en lui opposant au contraire une cohérence alternative. L’essor d’un national-capitalisme n’est que l’envers d’un échec – celui de la « mondialisation heureuse » – et d’une absence – celle d’une alternative progressiste aux dérèglements du capitalisme mondialisé. Depuis le début de ce siècle, le débat s’est polarisé autour du conflit opposant le « souverainisme » » à la « mondialisation ». Du coup, le retour au national est apparu comme la seule alternative réaliste à la mondialisation financière sans limites. Sans doute, une alternative progressiste s’est-elle tentée derrière le drapeau de « l’altermondialisme ». Mais cette alternative n’est jamais parvenue à dépasser les limites d’une certaine marginalité et n’a pas atteint le statut d’un projet politique cohérent et partagé. La mondialisation financière a été une plaie douloureuse, mais la « démondialisation » qui lui était opposée, en ne laissant place qu’à des formes de repli national, a péché par son incapacité à assumer l’interdépendance des sociétés et à proposer des régulations. L’altermondialisme a voulu promouvoir une autre conception du monde et de ses régulations. Il n’a pas eu la force politique nécessaire.

Le poète Edouard Glissant, pour contester l’inéluctabilité de la mondialisation de la concurrence et des marchés, proposait une « mondialité », celle des interdépendances assumées autour de la visée d’un libre et sobre développement des capacités humaines. Que la mondialisation telle qu’elle est soit moribonde n’afflige personne. Encore faut-il que, à la place de l’universelle conflictualité des puissances et des « civilisations », s’impose le projet différent d’une mondialité partagée. L’alternative au désordre existant se nourrira bien sûr des particularités de chaque nation. Mais un projet pacificateur et rassembleur ne peut pas être avant tout national. Il ne peut même pas se contenter de prolonger le vieil idéal internationaliste. Le temps de l’inter-nations ne suffit plus. C’est donc en assumant ouvertement la part de transnationalité qu’impose la réalité de notre monde qu’un projet d’émancipation pourrait trouver les voies de sa réalisation possible. C’est à nous Africains et Européens progressistes d’inventer ce nouveau modèle.

Trump ne veut pas la paix, il veut dominer le monde en menaçant en permanence et en tordant le bras aux nations. Comme il veut « faire le ménage à Gaza » en chassant les Palestiniens de leur terre ancestrale,   il veut nous imposer la destruction de notre mode de vie et de notre culture.

Mais il ne faut pas se résigner, il faut combattre pied à pied la tendance délétère qu’expriment la brutalité trumpienne et la rupture conduite par les extrêmes-droites partout dans le monde. Cette résistance restera inefficace, purement verbale ou désespérée, si elle ne s’accompagne pas d’une espérance. Les fascismes d’hier n’auraient pas été vaincus si n’avait pas existé l’élan des « lendemains qui chantent ». Les régressions sociales et démocratiques d’aujourd’hui s’imposeront, si ne se déploie pas, en termes nouveaux, la conviction émancipatrice qui, seule, peut les contenir et les faire reculer.

 

 

 

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