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Allocution prononcée par Pierre Boutry membre du Secrétariat Exécutif National du Parti de Gauche à l’occasion de la cérémonie d’investiture du camarade Désiré BIBI comme représentant en France du parti ivoirien PPA-CI

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Paris, le 26 novembre  2022

Monsieur le VPE du PPA-CI, Monsieur le représentant France du PPA-CI, Chère Salomé,

Cher(es) Camarades militantes et militants, Sœurs et Frères,

Tout d’abord,  je voudrai vous adresser mes très sincères remerciements pour votre invitation.  C’est pour moi un honneur et un réel plaisir de me trouver parmi vous, aujourd’hui, à l’occasion de l’investiture du représentant du parti des peuples africains (PPA-CI) en France.

Je suis heureux de saluer aujourd’hui, au nom du Parti de Gauche, les représentants des  partis  politiques, présents, ici dans cette salle, dont certains membres de l’AFPA.

Toutefois, chers camarades, l’essentiel de mes propos portera sur des thèmes que nous avons préparés avec le camarade Oris Bonhoulou membre de la Commission Afrique du Parti de Gauche, à savoir : le panafricanisme, la doctrine écosocialiste du Parti de Gauche, la situation insécuritaire dans le Sahel, la perspective 2025 et l’union de la gauche.

Le panafricanisme

Le PPA-CI, parti politique fondé par le président Laurent Gbagbo est idéologiquement proche  du Parti de Gauche. Il  entend être un parti socialiste, souverainiste, en mettant désormais l’accent sur le panafricanisme.  Cette notion du panafricanisme,  dont vous connaissez la définition, est pourtant présente dans le  discours politique  et intellectuel africain, depuis plus d’un siècle.

Mais le panafricanisme n’a toujours pas atteint son but principal en Afrique : celui d’unir  et de solidariser d’abord tous les Africains (y compris les peuples d’ascendance africaine) dans la durée, avant de mener les combats du temps présent. Cependant, un exemple du panafricanisme, attire notre attention.

En effet, au  lendemain de la Seconde guerre mondiale, plusieurs partis politiques africains, au-delà des clivages politiques religieux et culturels,  avaient réuni leurs forces au sein du Rassemblement démocratique africain (RDA), mouvement panafricain dirigé par Félix Houphouët-Boigny. L’union de ces partis politiques africains au sein du RDA s’était ainsi constitué sur un programme commun pour la lutte contre la domination coloniale.

Quinze ans plus tard, ce mouvement panafricain a rétabli les droits des peuples colonisés. Il a conduit la plupart des États d’Afrique francophone, à l’indépendance politique, en plaçant ses hommes à la tête de ces nouveaux États indépendants, même si ces derniers ne sont pas parvenus à s’entendre par la suite, sur l’application des principes du fédéralisme.

Pour le Parti de Gauche,  le RDA incarne aujourd’hui le plus bel exemple du panafricanisme et de l’anticolonialisme de l’histoire de l’Afrique.

Aujourd’hui, en s’inspirant du RDA de Félix Houphouët-Boigny,  le président Laurent Gbagbo,  inculque aux progressistes africains, la formule la plus réaliste du panafricanisme. Celui de placer (par la voix démocratique)  à la tête des États africains, des candidats de partis des peuples africains, aptes à promouvoir des idéaux du panafricanisme. Prenant ainsi à contre-pied, ces « panafricains des temps nouveaux » que l’on voit fleurir un peu partout.

En effet, chers camarades,

Être panafricaniste ne consiste pas à brûler le drapeau français au Tchad ou le consulat de France à Bobo Dioulasso, tout en restant silencieux lorsque la Guinée équatoriale  expulse de façon inacceptable des immigrés africains.

Être panafricaniste, ne consiste pas à  inciter les jeunes africains en quête de repères, au sentiment anti-français,  alors qu’on réside confortablement en France.   Être panafricaniste, ne consiste pas à jeter des ONG brutalement alors qu’elles sont au service du peuple.

Être panafricaniste aujourd’hui consiste à rejeter l’impérialisme occidental et français en particulier, qui exploitent les peuples africains, mais ceci ne doit pas se faire au profit d’une autre puissance étrangère  qu’elle soit ours ou dragon.

Notre ennemi commun, c’est le système de mondialisation économique mis en place par les États du Nord, qui exploite les pays pauvres.  Notre ennemi commun, c’est ce système économique qui favorise la dépendance  économique des États africains, à savoir l’endettement, les multinationales hyper-puissantes et la maîtrise des prix des matières première des pays africains par ceux du Nord.

Notre ennemi commun c’est aussi ce système politique mondialisé qui n’hésite pas à tancer les pays africains lorsque ces derniers font preuve de leur propre détermination à défendre leurs intérêts et non pas ceux qu’on voudrait leur imposer. Il n’est qu’à voir les réactions offusquées des chancelleries occidentales lorsque le président Macky Sall a osé au nom de l’UA afficher une position neutre vis-à-vis du conflit ukrainien en renvoyant dos à dos les impérialismes américain et russe.

Dans le combat contre ce néocolonialisme, le Parti des Peuples Africains est sur la bonne voie,  avec le retour au pouvoir du président Laurent Gbagbo. Ainsi,  après la Côte d’Ivoire en 2025, nous  formons ici le vœu de voir partout en Afrique, des candidats de  Partis des peuples africains naissants, accéder au  pouvoir d’État.

Notre doctrine

Le terme écosocialisme résume la doctrine du Parti de Gauche. il englobe les termes d’écologie et de socialisme. Il s’agit d’un courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme et qui n’a donc rien à voir avec un quelconque capitalisme vert.

Pour les écosocialistes que nous voulons être,  la logique du marché et du profit, de même que celle de l’autoritarisme bureaucratique, sont incompatibles avec les exigences de sauvegarde de l’environnement naturel.  L’écososialisme  se distingue de l’écologie politique par sa remise en cause radicale du système de destruction du capitalisme contemporain : productivisme et consumérisme, civilisation du gâchis et du déchet.  Il entend également dépasser un socialisme qui trop longtemps, n’a fait que peu  de cas de la question écologique.

L’écososialisme se veut universel car les questions écologiques ne concernent pas que les pays du Nord : j’en veux pour preuve les mouvements sociaux à dimension écologique qui se développent de plus en plus  dans les pays du Sud particulièrement en Amérique du Sud.

Ces mouvements réagissent à une aggravation croissante des problèmes écologiques d’Asie, Afrique et Amérique Latine, en conséquence d’une politique délibérée des pays impérialistes uniquement préoccupés par leur développement basé sur un extractivisme destructeur des ressources minières des pays du Sud, une surexploitation des surfaces agricoles au détriment des besoins des populations locales, un déversoir de leurs déchets.

Il est donc opportun pour nous de nous interroger sur la possibilité d’étendre la notion d’écosocialisme en Côte d’Ivoire.  Car en Côte d’Ivoire le désastre écologique engendré par le libéralisme promu par le pouvoir est patent.

Aujourd’hui, ce sont 80% des forêts de la Côte d’Ivoire qui ont disparu en un demi-siècle. De plus de 16,5 millions d’hectares à l’indépendance en 1960, le couvert forestier ivoirien est progressivement passé à environ 12 millions d’ha en 1970 puis à quatre millions en 2000. De plus, le phénomène de la montée du niveau de la mer, présage la disparition de plusieurs villes côtières ivoiriennes d’ici 2100.

En outre ; l’orpaillage clandestin est un autre phénomène qui accentue le désastre écologique en Côte d’Ivoire. Ainsi, de nombreuses terres agricoles fertiles sont entièrement détruites par les orpailleurs, plusieurs rivières et affluents des grands fleuves sont pollués. Ce qui perturbe les activités économiques des populations rurales. La complicité ou laxisme des autorités en matière de contrôle et de réglementation, encourage le phénomène de l’orpaillage clandestin.

Face à tous ces fléaux,  le régime Ouattara se montre incapable de régler de façon concrète ces questions relatives au désastre écologique en Côte d’Ivoire.

Quant à la loi N° 2013-655 du 13 septembre 2013 relative au délai accordé pour la constatation des droits coutumiers sur les terres du domaine coutumier accordant un nouveau délai de dix ans, nous y voyons la volonté du pouvoir actuel de confisquer aux paysans ivoiriens leur droit à la propriété foncière dans le but de confier ultérieurement ces terres aux multinationales de l’agro-alimentaire et des industries extractives.

La situation insécuritaire

On constate actuellement que plusieurs coups d’État orchestrés par des officiers supérieurs et même subalternes,  de l’armée, ont eu lieu dans des États sahéliens francophones Ouest-Africains, avec un fort soutien des populations. Le Mali, la Guinée, le Burkina Faso.

Ces interventions de l’armée dans la vie politique semblent se propager à l’échelle régionale et ce, en pleine guerre contre le terrorisme.  Les militaires se présentent aujourd’hui comme une nouvelle alternative aux pouvoirs politiques locaux, jugés incapables de trouver une solution adéquate pour recouvrer sur leur territoire l’entier exercice de la souveraineté de leur État, face aux groupes djihadistes toujours présents dans le Sahel.

Cependant, malgré ces putsch militaires  et le départ des militaires français qui était certes souhaitable mais certainement pas de cette façon, ces pays ne sont  toujours pas libéré des groupes djihadistes, malgré le soutien du groupe de mercenaires Wagner.

Raison pour laquelle, nous devons faire en sorte que la « théorie de l’État faible en Afrique » ne s’applique pas à la Côte d’Ivoire, pays phare de la sous-région, qui a déjà souffert de dix années de crises militaro-politique. En effet, la Côte d’Ivoire reste un partenaire important. Sa stabilité conditionne la situation économique des États sahéliens.

La situation géographique de votre pays, son influence sous-régionale, ses liens économiques et historiques avec la France, la présence d’une base militaire française sur son sol constituent des raisons pour tout mettre en œuvre, afin de protéger votre pays contre les assauts des groupes djihadistes.

A la condition que votre souveraineté soit pleine et entière sur les trois plans : économique, monétaire et sécuritaire, ce qui nécessite de renégocier sur le fond toutes ces questions. C’est à vous de l’exiger et c’est dorénavant à la France de faire son ajustement structurel ! Nous avons cette détermination et je sais que vous l’avez aussi.

 

La perspective 2025, l’union de la Gauche

Les prochaines élections présidentielles en Côte d’Ivoire se tiendront en octobre 2025. Lors de ces échéances, camarades ivoiriens, ne faites pas les mêmes erreurs que nous ! En effet en avril 2022, le candidat de l’Union populaire fondateur du parti de Gauche, JLM manque de peu une qualification historique au second tour, du fait de la désunion des leaders de Gauche.

Alors soyez plus astucieux que nous ! Unissez-vous  dernière le seul candidat susceptible de remporter une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, comme vous avez su le faire autrefois !

Je me permets d’insister sur les points suivants :

  • La nécessité de rassembler toute la gauche ivoirienne au sein d’une vaste plate-forme ou d’un mouvement pour rassembler toutes les factions éparpillées pendant les dix années d’exil
  • La nécessité de faire le bilan de ce qui avait commencé à être mis en œuvre et qui a été brutalement interrompu par la rébellion et la guerre civile qui s’en est suivie
  • La nécessité de réactualiser le programme en rééquilibrant la préoccupation sociale avec une préoccupation écologique ; le Parti de Gauche étant à disposition pour travailler avec vous le thème de l’éco-socialisme décliné autour des problématiques africaines. Ce nouveau programme pourrait être celui de la conquête de toutes les souverainetés (économique, monétaire, sécuritaire) qui ferait grandir l’indépendance de la Côte d’Ivoire et la rendrait maître de la gestion de ses interdépendances dans le concert mondial
  • La nécessité enfin d’être les premiers à s’engager réellement dans le changement de génération politique condition sine qua non d’un renouveau de la Côte d’Ivoire

Félicitations au Camarade Désiré BIBI.

Je voudrai pour terminer  féliciter  le camarade Désiré BIBI pour son investiture en tant que représentant du PPA-CI en France, et lui souhaiter la meilleure réussite dans cette nouvelle fonction.  Le parti de Gauche se tient disponible pour toute collaboration avec le PPA-CI, à l’avenir.

Pour conquérir une véritable souveraineté en œuvrant avec les progressistes de votre sous région, pour un développement équilibré, pour un non-alignement réinventé, pour la paix !

Vive la révolution citoyenne, écosocialiste, féministe et internationaliste !

Honneur au Président Gbagbo !

Merci à tous !

Pierre Boutry

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