Guinée Equatoriale : l’ancien Président de la Cour Suprême Court est toujours en danger après une intervention militaire à sa résidence.
Communiqué de presse CORED
Juan Carlos Ondo Angue, ancien Président de la Cour Suprême de Guinée Equatoriale est en danger de mort.
Dans la nuit du mardi 11 février 2020, il a échappé à une tentative de kidnapping -et probablement d’assassinat- à Malabo par des militaires ayant encerclé sa résidence.
Des sources diplomatiques espagnoles ont confirmé à EFE, le même jour, que » les soldats étaient dehors et voulaient l’emmener sans mandat « .
L’ambassadeur espagnol en Guinée équatoriale, Guillermo López Mac-Lellan, et l’ambassadrice américaine, Susan Stevenson, ainsi que l’ambassadeur français et l’ambassadeur allemand pour l’Union européenne en Guinée équatoriale, ont pu accéder à la maison afin de « faire pression » sur les militaires pour qu’ils renoncent, selon les mêmes sources.
Ces quatre ambassadeurs, malgré la rencontre précédente des diplomates à Malabo le même 11 février 2020, n’ont pas hésité à soutenir Juan Carlos Ondo Angue à son domicile.
Lors d’une conversation téléphonique le 12 février 2020 avec un contact proche, l’ancien président de la Cour suprême a déclaré :
« Les militaires ont encerclé mon domicile avec des véhicules blindés et des commandos armés.
Ils ont essayé de m’assassiner hier soir.
Heureusement que les ambassadeurs des USA d’Espagne et de France sont arrivés à mon domicile à temps.
Sans oublier le soutien de l’ambassadeur d’Allemagne qui représente l’Union Européenne en Guinée Equatoriale.
Grace à eux j’ai eu la vie sauve.
Je ne me sens plus en sécurité dans mon pays.
Les militaires sont partis hier soir tard dans la nuit, dès que le gouvernement a levé le dispositif militaire autour de mon domicile.
Cependant, ce soir l’Etat a justifié cette intervention militaire au JT de la télévision nationale (TVGE), d’une part en me tenant pour « responsable » de la décision de justice prononcée par les juges français à l’endroit du Vice-président dans l’affaire des Biens Mal Acquis, et d’autre part en m’accusant à tort d’être impliqué dans une ….tentative de coup d’état! »
Pour l’instant ma situation n’a été relayée que par la presse espagnole.
Je souhaiterais que la presse internationale en fasse écho. »
Cette intervention militaire a eu lieu au lendemain de la dernière décision judiciaire rendue par les juges français de la Cour d’Appel de Paris contre Théodorin Nguema Obiang, le fils de l’actuel président équato-guinéen, dans l’affaire des gains mal acquis.*
L’ancien président de la Cour suprême serait tenu pour « responsable » par le gouvernement de cette décision car il serait assimilé à un « pro français » ou à un francophile, ce qui est pour le gouvernement synonyme de haute trahison.
Juan Carlos Ondo Angue a été démis de ses fonctions de président de la Cour suprême en août 2018.
Il explique les raisons de l’hostilité du régime à son égard :
« Mon plaidoyer en faveur de l’État de droit m’a éloigné du président de la République.
Face à la stigmatisation des juges par le Président de la République, j’ai pris parti, lors de toutes mes interventions publiques, pour une adéquation de l’organisation judiciaire aux principes proclames par la constitution (indépendance, unicité, exclusivité de la fonction juridictionnelle), pour une reforme du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (en vue de l’effectivité du principe de la séparation des pouvoirs également énonce par la Constitution)
Concernant les accusations proférées habituellement par le Président de la République contre l’ensemble des juges, j’ai exigé le strict respect de l’exigence de responsabilité pénale personnelle des juges présumés avoir commis des infractions pénales.
Le 8 janvier 2018, Le 8 janvier j’ai été interpellé alors que je voyageais à Bata puis finalement autorise à voyager.
J’ai ensuite remis ma démission, qui a été rejetée.
Le 17 janvier 2018, j’ai été empêché de me rendre à Madrid sur ordre verbal du ministre de la sécurité.
Après de nombreuses mésententes, il y a eu l’épisode de la détention d’un juge par la police politique, José ESONO NDONG BINDANG, qui est malheureusement décédé des suites des tortures qui lui ont été infligées.»
La révocation des fonctions a eu lieu après que le juge équatoguinéen José Esono Ndong Bidang soit mort en garde à vue au poste de police de Malabo en juillet 2018 dans des circonstances étranges.
La Guinée équatoriale, depuis son indépendance de l’Espagne en 1968, est considérée par les organisations des droits de l’homme comme l’un des pays les plus répressifs au monde en raison des accusations de détention et de torture de dissidents et des allégations de fraude électorale répétée.
Le chef de l’État équatoguinéen, Teodoro Obiang, dirige le pays d’une main de fer depuis 1979, année où il a renversé son oncle Francisco Macias lors d’un coup d’État, et est actuellement le président ayant les plus longs états de service au monde.
Juan Carlos Ondo Angue, l’ancien président de la Cour suprême, a ajouté :
« Alors que j’étais encore président de la Cour suprême, j’ai été convoqué par le RP et le vice-RP, qui m’ont accusé de collusion avec le gouvernement français, et d’un certain manque de soutien de la part du VPR dans ses rapports avec la justice française. »
Depuis qu’il n’est plus en fonction, il travaille sur la lutte contre la corruption, notamment par la création d’une ONG dédiée à la bonne gouvernance et aux réformes institutionnelles***
*Articles déjà publiés sur la tentative d’assassinat :
https://www.lavanguardia.com/vida/20200211/473472388696/militares-cercan-casa-delexpresidente-de-corte-suprema-de-guinea-ecuatorial.html
https://www.ultimahora.es/noticias/internacional/2020/02/11/1141109/militares-cercan-casa-delexpresidente-corte-suprema-guinea-ecuatorial.html
https://expresso.pt/internacional/2020-02-11-Casa-de-ex-presidente-do-Supremo-Tribunal-daGuine-Equatorial-cercada-por-militares
https://www.noticiasaominuto.com/mundo/1412288/casa-de-ex-presidente-do-supremo-tribunalcercada-por-militares
https://e-global.pt/noticias/lusofonia/guine-equatorial/guine-equatorial-militares-querem-deter-expresidente-do-supremo-sem-mandato/
**Articles récents sur l’affaire des biens mal acquis
https://www.theguardian.com/world/2017/oct/27/son-of-equatorial-guineas-president-convictedof-corruption-in-france
https://www.telegraph.co.uk/news/2020/02/10/equatorial-guineas-playboy-vice-president-given25m-fine-three/
http://www.rfi.fr/en/international/20200210-equatorial-guinea-vp-given-suspended-sentence-andfined-30-million-euros https://www.voanews.com/africa/supercars-houses-and-suits-equatorial-guineas-teodorin-obiang https://www.bbc.com/news/world-europe-51449951
*** présentation de l’ONG
*ONG AFRICAINE POUR LA BONNE GOUVERNANCE ET LES RÉFORMES INSTITUTIONNELLES *
*PARTENARIAT *
Malgré l’importance des avoirs illicites saisis en Occident, celle de ceux détenus et réinvestis dans les économies de nos pays africains est tout aussi considérable. Dès lors, un partenariat est nécessaire entre la société civile africaine et celle des pays occidentaux, en vue de préfigurer de futures actions légales contre les personnes impliquées dans le détournement des avoirs de l’État, aussi bien en Occident qu’auprès de nos systèmes judiciaires, une fois que ceux-ci seraient dotés d’une réelle capacité institutionnelle à cet effet.
INVENTAIRE
La nécessité d’en faire l’inventaire en s’appuyant sur des réseaux locaux intégrés constitués de personnes spécialisées et sensibilisées sur les méfaits du détournement des fonds de l’État (privés et fonctionnaires).
RAPPORT ANNUEL
L’établissement de rapports annuels sur le détournement des fonds publics et l’enrichissement illicite des représentants des institutions de l´État.
NORMATIVE INTERNATIONALE
La représentation et la défense des intérêts des populations lésées auprès des instances officielles des pays dépositaires des avoirs, en vue de faire évoluer la normative internationale et les législations nationales relatives au régime juridique des avoirs saisis et à leur restitution.
*RÉFORMES INSTITUTIONNELLES *
La promotion et le financement de la recherche dans le domaine de la bonne gouvernance et de la sécurité juridique, réformes institutionnelles, renforcement des cadres de concertation de la société civile.