Le Président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG, au pouvoir depuis 1999) qui brigue un quatrième mandat en muselant l’opposition regroupée dans une Union pour le Salut National (USN) a profité des attentats de Paris pour décréter un état d’urgence.
Rappelons que la victoire aux élections législatives de février 2013 était acquise à l’USN mais que cette victoire lui a été dérobée par la pouvoir. L’USN avait accepté de signer en décembre 2014 un accord-cadre portant notamment sur des « réformes démocratiques » qui prévoyaient, entre autres, l’établissement d’une Commission électorale nationale indépendante (Ceni). A quatre mois des élections présidentielles prévues en avril 2016, ces réformes sont au point mort.
A cela s’ajoute une répression croissante contre les membres et dirigeants de la coalition USN soupçonnés de vouloir organiser des rassemblements. Une quarantaine de militants de l’USN et simples sympathisants sont détenus entre les prisons de Gabode et Nagad à Djibouti-ville depuis le décret du 25 novembre 2015 interdisant tout rassemblement pendant deux mois soi-disant pour mesure de sécurité. Le 14 décembre Daher Ahmed Farah, porte-parole de l’USN et président du MRD, a été arrêté près de son domicile, alors qu’il se rendait au palais de justice pour soutenir de jeunes démocrates arrêtés aussi.
La police a ouvert le feu lundi 21 décembre sur les participants d’une réunion privée dans la ville de Balbala, en périphérie de Djibouti ville. Vingt-cinq personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées. Les personnes visées seraient les membres de la communauté Yonis Moussa venus célébrer une cérémonie traditionnelle culturelle.
Mr Abdourahman TX a été arrêté au cours de l’assaut sanglant qui a été mené dans la maison où se tenait la réunion du haut conseil de l’USN lundi 21 décembre et il a ensuite été torturé ainsi que d’autres militants selon la Ligue Djiboutienne des Droits Humains. Le président de l’USN Mr Ahmed Youssouf Houmed a été gravement blessé et souffre d’une fracture au col du fémur, l’ancien ministre Mr Hamoud Abdi Souldan ainsi que le jeune député USN Saïd Houssein Robleh ont tous été blessés au cours de cet assaut et sont hospitalisés à l’hôpital militaire français Bouffard. Mais depuis hier, la police Djiboutienne mène un siège devant l’hôpital Bouffard et veut récupérer les trois blessés MMr Youssouf, Hamoud et Houssein pour interrogatoire.
Il y a là, incontestablement une dérive de la garde à vue : la torture, la prison et le massacre sont devenus le programme du régime d’IOG, pour faire passer en force son quatrième mandat.
IOG se croit fort des appuis internationaux que lui confèrent de nombreuses bases militaires internationales installées à Djibouti (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie, Japon, et désormais Chine) mais c’est aussi son point faible si la communauté internationale conditionne le paiement des loyers de ces bases au respect des droits démocratiques.
Le Parti de gauche s’inquiète du sort réservé aux responsables de l’USN et dénonce avec vigueur l’indifférence du gouvernement français face au cycle de la répression.
Le Parti de gauche exige du gouvernement français que sous aucun prétexte les opposants soignés à l’hôpital militaire français ne soient remis au gouvernement djiboutien et qu’en raison de l’ancienneté des liens entre Djbouti et la France, il prenne la tête d’une initiative internationale afin de faire pression sur IOG.
Pierre Boutry