Côte d’Ivoire : une élection pour rien

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Il ne s’est rien passé disent les Ivoiriens après l’élection d’Alassane Dramane Ouattara : six mois d’enrôlement pour seulement 55% d’inscrits sur les listes électorales et un taux de participation oscillant entre 10% et 40% selon les observateurs et de 60% officiellement ; ADO, inéligible selon la Constitution ivoirienne, est donc élu par à peine un quart et même probablement moins, de la population ivoirienne face à des non-adversaires tous issus du même moule libéral. La trahison d’ Affi N’Guessan candidat dissident issu du FPI  est d’autant plus pitoyable que l’occasion se présentait de constituer un front uni à travers la Coalition Nationale pour le Changement. La vraie opposition, probablement majoritaire dans le pays, est ailleurs, pourchassée, en exil, en prison. Hollande peut être satisfait, lui dont le seul souci est de veiller sur les marchés attribués aux entreprises françaises et à la stabilité de la sous-région.

Pendant ce temps, la politique de préférence ethnique continue, effrontément assumée par ADO,  le plaçant ainsi  en digne adepte de Le Pen et  environ 700 prisonniers politiques continuent à croupir dans les geôles sachant que de nouvelles arrestations se produisent régulièrement chez les pro-Gbagbo ou supposés tels.

Pendant ce temps, ADO  met à la disposition de son parrain Campaoré une résidence d’Etat dans le quartier chic de Cocody Ambassade et  tolère sur le  sol toute la clique qui entourait le beau Blaise ; il est vrai qu’il lui doit d’être là où il est.

Si ADO a rebouché les trous de l’autoroute Abidjan-Bouaké et inauguré le troisième pont sur la lagune Ebrié, il a singulièrement raté l’ensemble des grands chantiers de la reconstruction sociale du pays : échec de la réconciliation, aucune organisation du retour des exilés de façon à laisser libre champ aux burkinabés dans l’ouest du pays, des listes électorales établies en l’absence de tout consensus, la constitution d’une Commission Electorale Indépendante en fait terriblement partiale avec Youssouf Bakayoko à sa tête, la nomination de Koné Mamadou, un affidé de plus, à la tête du Conseil Constitutionnel six mois avant les élections ce qui a permis d’en chasser le camarade Francis Wodié pourtant reconnu universellement comme un constitutionnaliste émérite, la distribution de la manne présidentielle aux candidats restant en lice pour les remercier de leur participation et contrer les vrais et seuls opposants à savoir tous ceux qui ont refusé de se présenter face au peuple dans cette mascarade électorale  : nous sommes décidément bien loin de la « démocratie irréversible » annoncée triomphalement par ADO  dans un journal du soir parisien en 2012 ; ce ne sont pas les bonnes œuvres et l’agitation dans la jet-set de son épouse qui amélioreront le tableau. La façade officielle de la bonne gouvernance cache la misère et la violence, la croissance apparente cache le non-développement d’un pays qui s’était engagé sur la voie d’une réelle indépendance. Le peuple a raison lorsqu’il dit : « on ne mange pas la bonne gouvernance ».

Le Parti de gauche dénonce la complaisance du gouvernement français à l’égard de ce régime militaro-affairiste qui continue à protéger des seigneurs de guerre de tout calibre et exige un changement total de politique de la France vis-à-vis de la République de Côte d’Ivoire afin de rétablir la confiance entre nos peuples.

 

Pierre Boutry

 

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