Tebboune a déclaré 22 janvier 2020, « le gaz de schiste est don de Dieu ».
Lors de sa première conférence de presse, le président de la République a déclaré notamment que son gouvernement allait relancer l’exploitation du gaz de schiste en Algérie. La prospection allait s’effectuer dans la perspective d’une exploitation qui, selon lui, devra démarrer au plus tard en 2022. (1) Tebboune, par sa position sur le gaz de schiste, adhère comme ses prédécesseurs à la logique : « Tout par le pétrole et le gaz »
Pour lui, pas question d’envisager une alternative énergétique aux hydrocarbures, malgré le potentiel de l’Algérie en énergie solaire, éolienne et hygrothermique. C’est maintenir le système où, les ressources des hydrocarbures, représentent plus de 90% des exportations algériennes et les deux tiers des rentrées fiscales. Ces ressources sont soumises à la fluctuation du cours du baril, dont la maîtrise échappe totalement à l’Algérie. D’où catastrophe en cas de baisse des cours.
Dès les « Hirak » du 24 et du 31 janvier et les marches actuelles des étudiants, une forte opposition avec slogans et pancartes s’est opposé à l’exploitation du gaz de schiste. Un débat en plein air sur le thème « Notre Sahara n’est pas à vendre » s’est déroulé à Alger. La prise en compte par les manifs des Vendredi et des Mardi de l’opposition au gaz de schiste donne une ampleur nationale aux manifs d’In Salah de 2014 et de 2015. En effet à cette époque s’est développée dans le sud algérien un mouvement de masse qui a contraint le pouvoir à suspendre les activités de forage du gaz de schiste.
L’exploitation du gaz de schiste par le système de la fracturation avec la diffusion dans le sous-sol de divers polluants met en danger les nappes phréatiques. En effet, des photos ont été prises sur le site du puits de gaz de schiste foré en 2014 à quelques kilomètres d’In Salah. Elles montrent des cigognes, des dromadaires, des oiseaux morts après avoir bu l’eau ayant servi à l’injection ou après avoir respiré l’air ambiant. La vie animale et humaine serait donc très gravement menacée dans le Sud algérien par l’exploitation du gaz de schiste.
Quand le Hirak lance le slogan « Notre Sahara n’est pas à vendre » le mouvement populaire s’oppose à une reconduction des contrats confiés précédemment par Bouteflika à la firme américaine Halliburton. Le gouvernement de l’époque prétendait que l’Algérie ne disposait pas des moyens techniques pour réaliser la fracturation du sous-sol.
L’exigence du Hirak de renoncer à l’exploitation du gaz de schiste n’est pas négociable. Il faut que le Hirak, dans le cadre d’une transition démocratique se prononce pour une transition écologique pour développer une alternative énergétique.
(1)Le précédent gouvernement avait fait adopter une loi autorisant aussi bien l’exploitation du gaz de schiste que l’ouverture du secteur des hydrocarbures aux investissements étrangers.
Roger Esmiol