Le coup d’Etat constitutionnel ! Ceux qui remettent les compteurs à zéro en changeant la Constitution parce que la Constitution pensent-ils est faite pour être changée… à leur guise ; il semblerait que la Guinée s’achemine vers ce scenario.
Les législatives du 16 février ont été annoncées avec un délai très court alors qu’on attend toujours que le pouvoir organise les élections locales. Mais soudainement il y a urgence ! il faut renouveler des députés dont le mandat a expiré il y a plus d’un an ! Cette manigance a un but principal : octroyer les 2/3 des sièges au parti présidentiel (RPG-arc-en-ciel) grâce à une fraude institutionnalisée afin de légitimer à l’avance la victoire du oui au futur référendum sur la nouvelle Constitution, elle-même devant permettre à Alpha Condé de briguer un troisième mandat illégal, au terme de son second et dernier mandat.
Le pouvoir dispose d’un fichier électoral gonflé artificiellement : 8,3 millions d’électeurs sur une population estimée à 12,2 millions de Guinéens ! Un corps électoral représentant donc aujourd’hui 68 % de la population, alors que ce ratio n’atteint nulle part 42 % dans toute la sous-région !
29 partis sur la ligne de départ (le pouvoir en place aime distribuer des agréments à de vrais faux-partis mais les refusent à des partis ne correspondant pas à son modèle…) et une consigne d’abstention de la part des grands partis.
De nombreuses marches de protestation ont lieu faisant de nombreuses victimes : on parle de 140 morts. Mais pourquoi donc si peu de sanctions ont-elles été prises jusqu’ici suite à l’usage de la violence et d’armes létales dans le cadre du maintien de l’ordre ?
Alors même que la Guinée passe actuellement son examen périodique universel devant la commission des droits de l’homme de l’ONU, Il semblerait que rien n’ait réellement été fait depuis 2011 pour sanctionner les auteurs de violations des droits de l’homme.
Un pays potentiellement riche mais un des plus pauvres d’Afrique avec une économie en lambeaux, le pouvoir n’ayant guère écouté les propositions de réformes des principaux opérateurs économiques du pays, dont l’Association des Entreprises Industrielles de Guinée.
Un pays dont le modèle extractiviste de développement a été exagérément renforcé par alpha au point que 32% des recettes de l’Etat en dépendent alors qu’il génère peu d’emplois mais beaucoup de pollution et que le code minier revisité tarde à être généralisé. Il serait grand temps de se donner le temps de la réflexion quant à ce modèle de dépendance vis-à-vis de l’extérieur.
Un pays qui doit recourir à l’importation pour nourrir sa population alors que de riches terres propices à l’agriculture, en particulier à la production de riz, existent dans le pays.
Un pays devenu exportateur de migrants.
Un système de corruption politique et économique, savamment mis en place par alpha notamment via de grandes entreprises nationales.
Un pays où la violence semble depuis trop longtemps être le seul moyen de régler les différends et ce depuis l’époque d’avant l’indépendance.
Un pays où règnent d’une part la délation et la peur d’autre part la victimisation : victime du boycottage de la France gaulliste, victime maintenant des exigences démocratiques des bailleurs de fonds : il faudrait sortir de cette situation !
Un Alpha Condé qui non content d’installer ce système dans son pays, se sert des mêmes procédés pour pourrir la vie de l’opposition togolaise en la trompant avec ses belles paroles car il partage le même objectif de troisième mandat illégitime que Faure Gnassingbé tout en se faisant passer pour un grand démocrate.
Un Alpha Condé qui joue de l’appartenance de son parti à l’Internationale Socialiste cette galaxie d’astres morts d’une social-démocratie qui a depuis longtemps trahi ses idéaux, à commencer par le PS français ; qui joue de cette appartenance pour se faire passer pour socialiste ce qu’il n’est absolument pas sauf si copiner avec Kouchner suffit à se dire socialiste.
Comme le dit notre ineffable ministre des affaires étrangères Le Drian en commission des affaires étrangères de l’AN : « Nous sommes aujourd’hui particulièrement soucieux de la situation en Guinée et nous appelons à l’apaisement. La démarche du président visant à demander une réforme de la Constitution ne me paraît pas être obligatoirement partagée ni par sa population ni par ses voisins »
Le Parti de Gauche dénonce les tentatives d’alpha Condé 81 ans visant à ouvrir la possibilité d’un troisième mandat et ne se contente pas des déclarations lénifiantes de Le Drian. C’est dans l’immédiat que le président de la CENI, maître Salif Kébé, grand organisateur de la triche doit dégager !
Le Parti de Gauche dénonce le bradage du pays par Alpha Condé aux russes et aux chinois et à quelques oligopoles français et la casse de ce qui malgré tout continuait à fonctionner.
Le Parti de Gauche dénonce la réactivation du mythe des quatre Guinées et le recours accentué à l’ethnicisme par Alpha Condé pour monter les différentes parties du peuple l’une contre l’autre.
Le Parti de Gauche salue le courage du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile, qui mène la protestation face à la violence d’un Etat policier et répressif.
Le Parti de Gauche ne soutiendra jamais un parti fût il d’opposition qui serait clairement mono-ethnique et nous formulons le vœu qu’une véritable opposition progressiste au service du peuple guinéen se constitue ou se renforce afin de reconstruire l’Etat de droit avec une vraie séparation des pouvoirs.
Le Parti de Gauche a toute confiance dans le peuple guinéen qui a su résister au néo-colonialisme français et qui saura encore une fois montrer la voie aux autres peuples africains francophones placés devant la même imposture pour résister à cette tentative de coup d’Etat constitutionnel et envoyer à la retraite un président dont c’est le tour.
Pierre Boutry
Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche