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AFD, AFRIQUE CONTEMPORAINE et MALI : les liaisons dangereuses

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Marc-Antoine Pérouse de Montclos a démissionné de son poste de rédacteur en chef de la revue Afrique Contemporaine, revue animée par des chercheurs universitaires et publiée par l’AFD, à cause de la suspension sine die d’un dossier consacré aux conflits du Mali.

Dans un premier article titré « Les groupes djihadistes dans le conflit malien depuis 2015. Entre violence et pratiques de légitimité locale », Aurélie Campana et Adam Sandor, du Centre FrancoPaix en résolution des conflits et missions de paix, décryptent les ambitions politiques de ces organisations recourant à la violence pour s’imposer comme « des acteurs de gouvernance locale », là où l’Etat central n’est plus capable d’exercer sa souveraineté. Et ce, en instrumentalisant et en excitant parfois les violences intercommunautaires.

Dans un autre article, trois autres chercheurs s’intéressent à la région de Mopti (dans le centre du pays) sous l’angle des « élites statutaires peules et [des] logiques de domination ». Les auteurs pointent également les risques d’accroissement des tensions provoquées par des interventions militaires internationales dont la vision est jugée trop souvent « binaire, entre les acteurs “légitimes” et “terroristes” ». L’Etat malien, rappellent les universitaires, n’est pas étranger à ces violences, tant certains de ses représentants y contribuent, assimilant dangereusement les Peuls à des terroristes, se rendant parfois coupables de violations des droits de l’homme.

Ces deux articles et peut-être d’autres déplaisent à l’AFD ce qui n’est pas étonnant étant donné le rôle opérationnel de cette dernière au Mali où elle intervient en tant que « volet développement » de l’opération militaire Barkhane, les projets étant décidés par Paris qui se substitue sans barguigner aux Etats concernés. Déjà lors de la publication du numéro de la revue sur la Côte d’Ivoire en 2018, l’ambassadeur de France en RCI avait demandé à relire les textes, ce qui au final n’avait, semble-t-il, pas été le cas.

Au-delà de la confusion des rôles (comment l’AFD bras officiel du gouvernement français peut elle publier en toute liberté de rédaction une revue universitaire ?), cet épisode démontre une nouvelle fois les liaisons dangereuses entre acteurs de la françafrique et ce dans le dos des africains eux-mêmes.

Les décideurs politiques français ne sont ils donc pas capables d’entendre une analyse critique des engagements militaires de la France ? Il est grand temps que ce système basé sur le secret, l’arbitraire et l’(auto)-censure soit balayé.

Pierre Boutry

Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

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