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APE : dénonçons les complices de l’effondrement programmé de l’Afrique !

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La Commission Afrique du Parti de gauche dénonce les Accords de Partenariat Economique en cours de ratification par les pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique australe ; ces accords léonins prévoient la suppression des droits de douane sur les trois quarts des exportations de l’Union Européenne tandis que celle-ci continuera à importer d’Afrique la totalité de ses produits qui sont déjà en franchise de droits. Malgré la résistance de la société civile à Cotonou, à Dakar, à Ouagadougou, les Présidents aux ordres vont céder aux pressions de l’Union Européenne et soumettre leurs peuples.
Ces accords sont nocifs pour les peuples d’Afrique car ils vont priver les pays africains de recettes douanières considérables nécessaires à des budgets déjà bien insuffisants pour répondre aux besoins de santé et d’éducation. Ils sont nocifs car il ne peut y avoir de décollage économique des secteurs productifs qui ne disposent pas de véritables avantages compétitifs (notamment l’agriculture et les industries légères de transformation des productions locales) sans des politiques publiques de soutien et de protection contre la concurrence en provenance du reste du monde.
Ces accords sont pervers car ils prévoient non seulement la suppression des droits de douane pour les trois-quarts des produits européens mais aussi l’impossibilité de les rétablir par la suite, si la politique des pays ouest-africains devait changer.
Ces accords sont porteurs de misère et de famine car ils permettront à l’Europe de déverser certains de ses produits agricoles subventionnés sur les marchés africains et aggraveront la crise de l’agriculture paysanne poussant ainsi les jeunes à émigrer vers les villes ou à l’étranger. De plus, le renoncement à des politiques portant l’accent sur l’autosuffisance alimentaire met potentiellement en péril la sécurité alimentaire des peuples à la moindre flambée des prix. Ces accords vont induire des distorsions au profit de l’Europe dans les flux d’investissement vers l’Afrique dans une période pendant laquelle les investissements internationaux ne manqueront pas. Enfin, ces accords mettent en danger le processus d’intégration régionale des pays africains, seule façon pour eux de développer un marché de taille suffisante et ils inciteront d’autres sous-ensembles économiques à demander des avantages semblables à ceux que l’Union Européenne s’octroie. Le manque à gagner est estimé à 2,3 milliards d’euros cumulés sur quinze ans en Afrique de l’Ouest.
Ces accords sont tout aussi nocifs pour les peuples européens, pour le devenir de leurs paysans et pour l’environnement au nord comme au sud ; ils rejoignent d’autres accords de libre-échange comme le TAFTA qui, négociés dans le dos des peuples, ne profiteront qu’à quelques multinationales prédatrices.
Nous dénonçons les complices de cet effondrement programmé de l’Afrique : la Commission européenne et le gouvernement français en premier mais aussi les institutions sous-régionales comme la CEDEAO sous l’impulsion d’Alassane Ouattara qui a ainsi tenté d’imposer les APE aux pays de la sous-région, les chefs d’Etat africains comme Macky Sall pour le Sénégal ou Paul Biya pour le Cameroun. Quant au Président illégitime Ali Bongo, il pousse l’ensemble des chefs d’Etat de la CEMAC à signer les accords.
Nous saluons a contrario la Tanzanie qui a décidé de se retirer des APE et invitons les autres pays africains à suivre son exemple courageux.
Nous lançons un appel à soutenir la campagne contre les APE et encourageons les ONG africaines à poursuivre leurs luttes pour éviter la ratification des APE devant les parlements de leurs pays. Nous appuierons toute démarche visant à bloquer la signature de ces accords au Parlement européen et à promouvoir des Accords de Coopération et de Solidarité (ACS) qui ne soient pas basés, comme le sont les APE sur un « libre-échange » qui menace l’émancipation humaine.

Pierre Boutry

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