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NIGER : une vraie « démocrature » avec un semblant de démocratie

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Le semblant de démocratie.

Après deux mandats et dix ans au pouvoir, Mahamadou Issoufou 68 ans doit quitter le pouvoir en avril.  « Quel que soit le vainqueur, la victoire appartiendra au peuple nigérien. C’est un jour spécial pour le Niger, qui va connaître pour la première fois de son histoire une alternance démocratique. ». Ce sera effectivement la première fois que deux présidents élus se succèderont dans ce pays à l’histoire jalonnée de coups d’Etat depuis son indépendance, en 1960. Tout le monde a l’air de s’en étonner mais il ne fera que respecter la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

Mahamadou Issoufou, prétend ne pas avoir eu à résister aux sirènes d’un troisième mandat, comme certains de ses pairs africains, qui s’accrochent au pouvoir. « On ne peut pas avoir des institutions fortes en tripotant les Constitutions, en changeant la règle du jeu en cours de jeu. Je ne peux pas m’engager dans l’aventure d’un troisième mandat. Cela aurait affaibli les institutions que nous sommes en train de construire », souligne-t-il.

Cet homme est plus malin que ses semblables ivoirien et guinéen : il veut imposer dès le premier tour  son dauphin adoubé Mohamed Bazoum, 60 ans, qui bénéficie de la machine électorale de son parti et profite publiquement et impunément des ressources et moyens de l’Etat, le tout agrémenté d’une pluie de produits dérivés de couleur rose bonbon généreusement distribués.

Choix logique puisque le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) est l’un des cofondateurs de la formation au pouvoir et un fidèle de la première heure. Mais choix curieux car il est contesté jusque dans son parti et de plus peu populaire. Natif de la région de Diffa, diplômé en philosophie de l’université de Dakar, ancien syndicaliste étudiant puis enseignant, marxiste converti à la social-démocratie, Mohamed Bazoum a connu la clandestinité et les cellules des commissariats sous les régimes militaires de Seyni Kountché et d’Ibrahim Baré Maïnassara. Élu député de Tesker à cinq reprises, cet homme de réseaux, a été ministre des Affaires étrangères  et surtout, de 2016 à 2020, un ministre de l’Intérieur et de la Sécurité à poigne et au verbe volontiers tranchant, tout ce dont la société civile se souvient. Rappelons aussi l’affaire des faux passeports quand il était aux affaires étrangères, l’affaire du milliard trouvé sur le compte de sa fille en France et l’usage de différents certificats de nationalité au cours de sa vie politique. Il est un fidèle ami du néo-impérialisme français et son profil ouattaresque ne devrait pas déplaire au gouvernement français actuel.

Laissons la parole à l’ancien ministre des affaires étrangères Ibrahim Yacouba « Une élection à un seul tour n’est pas possible. Ils [les gens du pouvoir] savent très bien que l’état de santé de leur parti et le niveau de frustration des Nigériens empêchent toute perspective de faire “un coup K.-O”. Il y aura un second tour » le 20 février 2021. « Cette campagne a été massivement corrompue par l’argent du parti au pouvoir. Je suis très préoccupé parce que ce processus corrompu peut impacter les résultats et entamer l’honnêteté du scrutin ».

Ibrahim Yacouba a vu juste : le fameux « coup KO » a effectivement capoté et c’est tant mieux !

Le  bilan très mitigé de Mahamadou Issoufou est aussi celui de Mohamed Bazoum

Un bilan très mitigé avec un environnement économique et sécuritaire devenu subitement cauchemardesque dès les premiers mois de son mandat à cause de chocs exogènes et d’une gouvernance catastrophique. En mars 2011, la catastrophe de Fukushima bouleverse durablement l’industrie nucléaire alors que le Niger est l’un des principaux producteurs d’uranium au monde. Les cours s’effondrent. Ceux du pétrole aussi au moment où le pays commerce ses premiers barils d’or noir avec l’aide des Chinois.

Presque en même temps, le voisin libyen s’enflamme. La guerre civile consume le pouvoir de Mouammar Kadhafi et plonge le pays dans le chaos alors qu’il constituait une soupape économique pour nombre de Nigériens allant y travailler. L’autre conséquence dévastatrice pour tout le Sahel est le flot d’armes et de combattants, essentiellement touareg dans un premier temps, qui submerge la région et le Mali en particulier. En quelques mois donc, tous les points d’appui du développement du Niger disparaissent. Certes le pays a progressé dans plusieurs domaines et il n’y a jamais eu autant d’hôtels de luxe et de carrefours flambant neuf à Niamey. Avant la pandémie de Covid-19, le Niger affichait en 2019 une croissance économique de 6,3 % l’an et en dix ans, le pays avait gagné une quarantaine de places à l’indice Doing Business de la Banque mondiale (à la 132e place sur 190 pays).  Une croissance artificielle et sans développement.

Cela n’a fait qu’empirer le quotidien des 23 millions de Nigériens, puisque  environ 42 % vivaient avec moins de 2 dollars par jour en 2019 et que leur sort importe peu aux princes roses.

Et pour preuve, un retentissant scandale de surfacturation de contrats militaires portant sur des dizaines de millions d’euros rappelle aussi que la corruption y reste un problème majeur alors que l’insécurité ravage le pays. Quant aux droits humains, on assiste à une régression depuis 2017 avec l’adoption de plusieurs lois qui portent atteinte à la liberté d’expression et traduisent un raidissement du pouvoir vis-à-vis des organisations de la société civile et de l’opposition.

Un prétendu socialiste qui s’est révélé être un fervent libéral

Sur le plan économique et social, M. Issoufou, qui a été très actif sur le dossier de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), croit fermement en l’intégration régionale pour faire « émerger le Niger et le continent ». « L’afro-pessimisme est derrière nous », promet-il, appelant à « des politiques ambitieuses [et] l’approfondissement de certaines valeurs notamment démocratiques et des droits de l’homme ». « La zone de libre-échange, dont les échanges vont commencer le 1er janvier, va créer le marché le plus vaste du monde avec 1,2 milliard de consommateurs, se réjouit-il. Cela mettra fin aux marchés balkanisés que l’Afrique a connus et qui ont été à la base d’échecs de beaucoup de politiques industrielles en raison de marchés trop étroits. ». Toujours la même rengaine !

Rappelons qu’aucun pays au monde ne s’est développé sans un certain protectionnisme, rappelons que l’Afrique compte 33 des 47 pays les moins avancés du monde, soit 33/55 Etats de l’UA, soit plus de la moitié. Rappelons qu’aucune zone de libre échange régionale africaine ne possède des économies dynamiques et diversifiées qui procéderaient à une redistribution significative dans la zone concernée. Rappelons enfin  que le projet de ZLEC procède d’une lecture erronée des causes de la faiblesse du commerce intra-africain. Si les pays africains échangent peu entre eux, ce n’est pas principalement du fait des barrières tarifaires et non-tarifaires. La raison fondamentale est que ces pays sont pauvres et très peu diversifiés sur le plan économique, réalités héritées de la colonisation et aggravées par la mise en place des plans d’ajustement structurel au début des années 1980 et par le protectionnisme des pays riches. Le défi premier est donc pour la majorité des pays africains de sortir de leur spécialisation primaire (exportation de produits primaires) en mettant en place des politiques commerciales et industrielles. La seconde raison fondamentale au faible commerce intra-africain est la piètre qualité des infrastructures de transport sur le continent. Dans un contexte où les crédits bancaires à l’économie sont faibles et où les banques sont contrôlées pour l’essentiel par le capital étranger, il n’y aura pas de marge de manœuvre pour stimuler une production locale de qualité à même de rivaliser avec les productions étrangères. Le capital international profitera de cette situation pour jouer le dumping social que facilitera la concurrence des marchés du travail et la libre circulation des travailleurs.

Mais en bon libéral sous les couleurs de l’Internationale Socialiste (qui n’est plus socialiste que de nom), Mahamadou Issoufou s’en fout, l’essentiel étant de paraître et de satisfaire ses commanditaires.

L’insécurité

Un des principaux défis du prochain président sera de juguler les attaques terroristes. Deux attaques meurtrières ont été perpétrées à l’approche du scrutin, une dans l’Ouest (sept soldats tués le 21 décembre), où sévit l’Etat islamique dans le grand Sahara (EIGS), et une autre dans l’Est revendiquée par les djihadistes nigérians de Boko Haram (trente-quatre morts le 12 décembre). Les attaques incessantes ont fait des centaines de morts depuis 2010 et fait fuir de leurs foyers environ 500 000 réfugiés et déplacés, selon l’Organisation des Nations unies (ONU). De plus le Niger a subi récemment la plus meurtrière attaque djihadiste contre des civils avec une centaine de  morts.

Quant à l’arbitrage sécurité / développement, c’est là l’erreur de diagnostic du régime Issoufou, car il n’y a pas d’arbitrage à réaliser. Au lieu de parler de sécurité et développement et ainsi opposer les deux termes et par conséquents les actions qu’ils demandent, il vaut mieux parler de sécurité humaine, notion qui englobe les questions sécuritaires et sociales car celles-ci doivent être menées de front pour faire progresser de concert développement socio-économique et sécurité militaire.

Une démographie galopante

Le Niger, qui n’avait que 3 millions d’habitants à l’indépendance en 1960, en compte aujourd’hui 23 millions. Avec un taux de croissance annuel de la population de 3,9 % et un taux de fécondité de 7,6 enfants par femme (record mondial), sa population atteindra 70 millions en 2050 si rien ne change.

« Nous avons fait baisser le taux de fécondité. C’est une action de longue haleine (…). Nous avons mobilisé les leaders religieux et traditionnels avec des arguments religieux qui justifient la nécessité de la transition démographique », précise Mahamadou Issoufou.

« La croissance démographique mange une bonne partie de la croissance économique », de 6 à 7 % ces dernières années, ajoute le président qui martèle : « Nous arriverons à maîtriser cette croissance exponentielle qui malheureusement rend difficile le progrès rapide du Niger vers l’émergence. » Parmi les axes prioritaires, « il faut maintenir les jeunes filles à l’école au moins jusqu’à 16 ans afin d’éviter mariages et grossesses précoces », ajoute-t-il.

Que ne l’a-t-il fait !

Des services sociaux de base dysfonctionnels voire inexistants

L’administration est dysfonctionnelle, totalement politisée et transformée en entreprise clientéliste. Les nominations et affectations aux hautes responsabilités se font sur la base de l’appartenance au parti rose. Les services se monnaient. De là découle le dysfonctionnement du service public tout entier.

L’école publique est à terre. Les infrastructures manquent. Le matériel fait défaut. Le personnel enseignant est insuffisant, sous qualifié et sous payé…quand il est payé ! Plus d’un enfant sur deux ne va pas à l’école (Banque Mondiale).

Les soins de santé sont devenus un luxe que seuls les nantis peuvent se procurer. L’hôpital public est à l’abandon. Le personnel soignant également insuffisant et sous payé est régulièrement en grève pour protester contre le manque de matériel, les arriérés de salaires déjà maigres.

Il s’agit bien d’un plan de sabotage des services publics afin de favoriser en sous main le développement d’établissements d’enseignement et de santé privés qui fourmillent dans la capitale au point de supplanter les établissements publics. Curieux système de privatisation inavouée du service public par les prétendus socialistes.

Une situation économique et sociale désastreuse

En 2019, 41,4 % des habitants vivaient dans l’extrême pauvreté (Banque mondiale). Il est classé dernier au monde sur l’Indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Avant le coronavirus qui a entraîné des fermetures de frontières, c’était un pays de transit pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe.

Le Niger, qui a connu deux famines dans les années 1970 et 1980, traverse des crises alimentaires récurrentes. Des inondations entre juin et octobre ont créé une nouvelle crise humanitaire, avec 2,2 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire, selon l’ONU. L’agriculture, qui représente plus de 40 % du PIB et occupe près de 80 % de la population active, reste vulnérable aux changements climatiques, souligne la Banque africaine de développement (BAD). L’uranium, dont il est le quatrième producteur mondial, constitue sa principale exportation dont on connait la fragilité actuelle. Le groupe nucléaire français Orano (ex-Areva) exploite l’uranium depuis 50 ans dans le nord du pays. Le Niger est également devenu  producteur d’or en 2004 et de pétrole en 2011.

Une vraie « démocrature»

La démocratie ne se résume pas à la rotation pacifique des présidents et le président Issoufou laisse derrière lui un héritage controversé. Son régime a introduit une législation restrictive comme la loi sur la cybercriminalité qui a été utilisée de manière constante pour cibler les voix critiques.

Au cours des dix dernières années, les manifestations pacifiques ont été violemment réprimées et l’état d’urgence sécuritaire et sanitaire sert aussi à prévenir et à empêcher les manifestations.

Le régime du président Issoufou a eu recours à des détentions et des arrestations arbitraires pour réduire au silence les membres de l’opposition politique et de la société civile, rendant impossible pour la population d’exprimer ses préoccupations concernant le gouvernement et de lui demander des comptes. L’indépendance du pouvoir judiciaire et de la Commission électorale indépendante (CENI) a été remise en question.

Le gouvernement sévit contre les défenseurs des droits humains ; beaucoup ont été arrêtés ces derniers mois et accusés de participer à une insurrection ou de conspirer contre l’État après avoir participé à des manifestations pacifiques ou critiqué la corruption et les détournements de plusieurs dizaines de milliards de Francs CFA au niveau du ministère de la Défense nationale.

En tant que journaliste et blogueuse, Samira Sabou, a été arrêtée le 10 juin 2020 et accusée de « diffamation par voie de communication électronique » après avoir publié des informations sur des irrégularités dans l’achat de matériel militaire. Elle a été détenue pendant 48 jours avant d’être acquittée.

Le directeur de publication du journal « L’événement » est accusé de diffamation par un ressortissant nigérien installé en Belgique dans le cadre de son enquête sur les malversations au ministère de la Défense. En février, un rapport d’audit avait mis au jour le détournement de milliards de francs CFA dans des surfacturations et contrats douteux. Moussa Aksar, a travaillé sur ce sujet pour un projet coordonné par le Consortium international des journalistes d’investigation. Pendant les investigations, le journaliste a fait déjà plusieurs menaces de mort. Il a été intimidé tout au long de son enquête.

Tout ceci sous l’égide du candidat Bazoum, ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et donc disposant de la police. Ajoutons qu’en tant que ministre de l’intérieur, il est également chef de l’administration organisatrice des élections ! Un fâcheux mélange de genres dont le bénéficiaire n’est autre que le candidat imposé.

L’espoir par la société civile

Malgré cette répression des droits civiques, la société civile résiliente et les médias vigoureux du Niger ont résisté et continuent à demander des comptes au gouvernement. Rappelons que les protestations menées par la société civile avaient abouti à l’éviction du prédécesseur du président Isoufou, Mamadou Tandja, après qu’il ait tenté de modifier la Constitution pour se présenter pour un troisième mandat en 2010.

Ces dernières années, la société civile a été en première ligne pour demander au gouvernement de rendre des comptes sur des décisions clés, notamment la loi des finances et la loi budgétaire de 2018. C’est elle également qui a réclamé que des enquêtes soient menées sur les allégations de corruption et détournement au niveau du ministère de la Défense nationale.

Au Niger, la société civile et les médias actifs ont un rôle central à jouer pour consolider la transition politique et faire progresser la démocratie. Les dispositions constitutionnelles qui garantissent le droit à des protestations et à une expression pacifiques devraient être respectées et la législation restrictive – loi sur la cybercriminalité, loi sur les écoutes téléphoniques et la loi sur les manifestations sur la voie devraient être abolies.

Côté syndicats, la Confédération démocratique des travailleurs du Niger souhaite un renforcement du dialogue social avec le prochain gouvernement, tout en estimant que des efforts ont été faits par l’équipe actuelle. Parmi les principales revendications, la CDTN cite : la création d’emploi en général, le recrutement dans la fonction publique, la question des logements sociaux et l’amélioration des conditions de retraite.

L’Union des syndicats des travailleurs du Niger soulève également la question des retraites, mais aussi par exemple celles de l’extension de la protection sociale, et des logements sociaux. L’USTN évoque un protocole d’accord signé avec le gouvernement en 2018. Mais selon le secrétaire général Mahaman Zama Allah, moins de la moitié des 29 points contenus dans cet accord ont été réglés à ce jour.

Une campagne dispendieuse et  un processus électoral corrompu

Un connaisseur de la politique nigérienne souligne l’absence de renouvellement de la classe politique. Deux anciens présidents, Mahamane Ousmane et Salou Djibo, deux anciens premiers ministres, Seini Oumarou et Albadé Abouba, et sept ex-ministres figurent parmi les candidats, pour une moyenne d’âge de plus de 60 ans, dans un pays où elle se situe autour de 16 ans.

Le  principal opposant et ancien président de l’Assemblée nationale, Hama Amadou a soigneusement été écarté de la course par la Cour Constitutionnelle en raison de sa condamnation, en 2017, à un an de prison dans une affaire de trafic de bébés en provenance du Nigeria. Une condamnation qu’il a jugée motivée par des raisons politiques.

Face à une opposition harcelée voire persécutée, Mohamed Bazoum a battu campagne en s’appuyant sur le bilan de son « ami de trente ans ». Mais l’opposition sait que l’union fait la force puisque tous les partis d’opposition membres de la coalition Cap 20/21 qui rassemble 18 partis ont promis de voter au second tour pour le candidat le mieux placé.

Le taux de participation du scrutin est de 69,67%, avec 5,2 millions de votants sur 7,4 millions d’électeurs inscrits (pour une population de 23 millions d’habitants).

Mohamed Bazoum a recueilli moins de 40 % des voix au premier tour. Mahamane Ousmane est arrivé en deuxième position, avec un taux de 16,99 % aux résultats globaux provisoires de la présidentielle du 27 décembre 2020,

Selon les résultats du premier tour annoncés par la Commission électorale, l’ancien ministre Mohamed Bazoum, candidat du PNDS obtient 1.879 543 voix, et l’ancien président M. Ousmane 811.836 voix. Les anciens Premiers ministres Seini Oumarou, 3e, et Albadé Abouba, 4e, obtiennent respectivement 8,95% et 7,07% des suffrages, devant l’ancien ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacouba, 5e avec 5,38% des voix. Salou Djibo, autre ancien président en lice, est arrivé 6e avec 2,99% de suffrages. Mohammed Bazoum et Mahamane Ousmane sont donc qualifiés pour le second tour de la présidentielle au Niger qui est annoncé pour le 20 février prochain.

Le Renouveau Démocratique et Républicain (RDR Tchanji) de Mahamane Ousmane, a dénoncé, par la voix de son coordonnateur national, Ali Mamane, des « fraudes massives qu’on a décelées, maintenant qu’il va falloir confronter pour que la lumière soit faite ». Plusieurs autres membres de cette coalition d’opposition ont fait savoir qu’ils comptaient, eux aussi, déposer des recours, comme le candidat du MPN Kiishin Kassa, Ibrahim Yacouba, arrivé cinquième au premier tour de la présidentielle avec 5% des voix. C’est aussi le cas pour le Moden Fa Lumana Africa, parti de Hama Amadou, par la voix de son directeur de campagne, Barké Moustapha. Dans un communiqué, Cap 20/21 affirme que « dans certaines contrées les armes à feu ont été utilisées contre des électeurs et le personnel électoral afin de procéder au bourrage des urnes. » La coalition d’opposition relève également des taux de participations très élevé, plus de 90% parfois, dans des zones où pourtant à cette période de l’année, les éleveurs font paître les troupeaux en brousse. Une preuve « visible » de « fraude grossière », selon Cap 20/21.

La coalition s’interroge aussi sur le faible nombre de bulletins nuls en zone pastorale, comparé aux zones urbaines, et sur la rapidité avec laquelle le vote et la transmission des résultats ont été menées. Bourrage d’urne, corruption, menaces, ces fraudes n’auraient pas pu avoir lieu sans la complicité de membres de la Commission électorale, accuse l’opposition.

Quant à la CENI, l’opposition n’en a aucune confiance. Tous les responsables principaux de la CENI sont nommés par le gouvernement sur proposition du ministre de l’intérieur à savoir… Bazoum qui est aussi le candidat du PNDS ! Plusieurs responsables de la CENI sont des membres notoires du PNDS et l’opposition n’a eu de cesse de dénoncer cela avec constance et preuves à l’appui.

De plus, la diaspora a été injustement exclue des opérations électorales. La CENI et le gouvernement ont pris prétexte de la  Covid et de la fermeture des frontières pour exclure la diaspora de l’élection. En réalité, cela cache surtout une mauvaise organisation et une impréparation totale de l’administration électorale. En outre la CENI et le gouvernement savent que la diaspora est acquise à l’opposition.

 

Le Parti de Gauche dénonce la manque de transparence du processus électoral pris globalement du fait même de la position bifrons du récent ministre de l’intérieur et de l’actuel candidat dauphin ainsi que la dérive autoritaire de la classe politique au pouvoir au Niger, toujours à la solde du néo-colonialisme  occidentale et le silence complice du gouvernement français.

Le Parti de Gauche salue la belle réussite du candidat du MPN Kiishin Kassa, Ibrahim Yacouba et appelle au vote intelligent derrière le leader de la coalition d’opposition arrivé au second tour. Même si nous ne nous faisons aucune illusion sur le caractère libéral de Mahamane Ousmane, il est possible d’espérer un renouveau démocratique et nous observerons si ce qu’il dit être sa préoccupation majeure, à savoir la restauration des services publics, se réalisera.

Pierre Boutry

 

 

 

 

 

 

 

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