On trouvera ci-après un document édité par le journal Liberté du 14 mars 2021 concernant la situation économique de l’Algérie, reproduisant des éléments établis par la Banque africaine de développement. Ce texte, relatif indique le poids de la dette publique et les principaux indicateurs économiques et l’excessive dépendance au pétrole et au gaz. L’Algérie qui est un producteur moyen ne maîtrise pas le prix de vente des hydrocarbures qui est déterminé par l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. La ressource est donc précaire. Le président Tebboune a déclaré vouloir réduire la dépendance aux hydrocarbures en développant l’industrie minière mais cette option implique des investissements considérables, une production effective dans plusieurs années et la définition d’une activité industrielle et non la production d’une matière brute peu créative de valeur ajoutée. Les contrats en cours révèlent également une dépendance au partenaire chinois.
Roger Esmiol
Le poids écrasant de la dette publique
Le financement étatique de l’économie nationale est un facteur qui alourdit considérablement la dette publique. Pour en sortir, la Banque africaine de développement dans son dernier rapport conseille à l’Algérie de diversifier son économie et surtout de sortir de sa forte dépendance aux hydrocarbures.
La pandémie de Covid-19 a eu des répercussions importantes sur l’économie algérienne en 2020. C’est ce qu’a relevé la Banque africaine de développement (BAD) dans son dernier rapport sur les “perspectives économiques en Afrique 221” publié vendredi. “Outre ses conséquences néfastes sur le plan sanitaire, la pandémie est venue aggraver d’autres facteurs négatifs, tels que la chute du prix du pétrole, ce qui a plongé l’économie algérienne dans la récession”, souligne le rapport. Selon la BAD, le produit intérieur brut réel (PIB réel) de l’Algérie a baissé de 4,7% en 2020, après une très faible croissance de 0,8% en 2019.
Les mesures mises en place pour contenir la Covid-19, note le rapport, ont eu de sérieuses répercussions sur les secteurs des services et de la construction, qui ont connu de nombreuses suppressions d’emplois. La baisse des recettes d’exportations de pétrole et de gaz a contribué à creuser davantage les déficits publics et externes. “Ainsi, le déficit budgétaire a plus que doublé, passant de 5,6% du PIB en 2019 à 13,6% en 2020, sous la pression combinée d’une chute des recettes des hydrocarbures qui représentent une large part des recettes publiques, et des dépenses publiques importantes afin d’atténuer les retombées économiques de la crise sanitaire”, souligne la BAD.
Le déficit de la balance courante a également augmenté, passant de 10% du PIB en 2019 à 14,8% en 2020, en raison de la forte dépendance du pays aux exportations d’hydrocarbures et des importations structurellement élevées. “En conséquence, le niveau des réserves en devises a graduellement baissé, pour atteindre un niveau couvrant seulement 12 mois d’importations à la fin de 2020, alors qu’il couvrait 13,6 mois à la fin de 2019”, fait remarquer le rapport.
La BAD ajoute qu’afin de fournir aux banques une liquidité supplémentaire pour financer l’économie, la Banque d’Algérie a nettement baissé le ratio des réserves obligatoires à 3% en septembre 2020, alors qu’il était de 12% en février 2019. En 2020, l’inflation était de 2,4%, comparativement à 2% en 2019. “Toutefois, si le gouvernement recourt au financement monétaire du déficit budgétaire, il pourrait sur la durée restreindre l’objectif de la politique monétaire de limiter les flambées inflationnistes”, suggère la BAD qui prévoit un retour de la croissance dès 2021 “à partir du moment où les vaccins permettraient un contrôle mondial de la pandémie, ce qui redynamiserait l’économie mondiale”.
Le rapport table sur un rebond important de la croissance réelle estimée à 3,4% du PIB en 2021, avant de fléchir à 2,9% en 2022. “Un retour à un niveau élevé de croissance permettrait une réduction importante du déficit budgétaire global qui passerait à 10,3% du PIB en 2021 et à 8,7% en 2022”, indique la BAD.
La tendance serait similaire pour le déficit de la balance courante qui serait ramené à 13,8% en 2021 et à 11,1% en 2022. “Cependant, l’Algérie devrait approfondir les mesures pour élargir l’assiette fiscale, portée par la loi de finances de 2021, et mettre en place un programme visant à diversifier son économie en vue de limiter la dette publique interne. Dans le cas contraire, la forte dépendance de l’économie algérienne aux hydrocarbures continuera d’entraver ses perspectives de développement sur le moyen terme”, estime la BAD.
Évoquant les questions et les options de financement, le rapport relève que dans la mesure où les autorités ont décidé de ne pas emprunter à l’extérieur, la dette publique de l’Algérie est essentiellement interne et a considérablement augmenté depuis 2016 pour financer le déficit découlant de l’augmentation des dépenses et de la baisse des prix des hydrocarbures.
À la fin 2019, tandis que la dette publique externe représentait moins de 1% du PIB, la dette interne, y compris les garanties, était légèrement supérieure à 46% du PIB et pourrait augmenter dans les années à venir.
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Une nouvelle étape pour le Hirak : reprise des manifs le vendredi
Après les manifs du 22 février 2021, le peuple algérien a renoué le Vendredi 26 février avec les manifs du vendredi à Alger, Oran, Bejaia, Tizi Ouzou, Tlemcen, Bouira, Skikda Jijel.. Les slogans étaient les mêmes que ceux du 22 : « changement radical du régime politique, justice indépendante, État civil et non militaire , Algérie libre et démocratique, nouvelle indépendance Klitou lebled ya esseraquine» (vous avez pillé le pays bande de voleurs) A Tiaret : la police empêché la marche, 23 manifestants ont été arrêtés Le CNLD signale aussi des arrestations à Alger et Tlemcen.
22 février 2021 Des centaines de milliers d’Algériens manifestent
Manif à Alger le 22 février 2021
Des manifs ont eu lieu mardi 16 février 2021 à Kherrata et à Bejaia pour célébrer le deuxième anniversaire du Hirak. En effet c’est le 16 février 2019 qu’une première manif s’est déroulée à Kherrata pour s’opposer à ce que Abdelazziz Bouteflika exerce un cinquième mandat présidentiel. Le 22 février 2019 , des manifs ont été organisées dans toute l’Algérie .C’était le début du Hirak qui a réuni, vendredi après vendredi des millions de citoyens pour exiger le départ de « el issaba » la bande, le gang qui dirigeait le pays.
Le 22 février 2021, des manifs se sont déroulées à l’occasion du deuxième anniversaire du Hirak notamment à Alger à Annaba, Oran, Béjaïa, Sétif, Bouira, Mostaganem, Constantine Tizi Ouzou, Tlemcen, Mila, Sidi Bel Abbes…
Les manifestants ont scandé dans ces manifs : « Etat civil et pas militaire », « le peuple veut la chute du régime », « Nous ne sommes pas venus pour célébrer le 2e anniversaire du Hirak mais réclamer votre départ » . »Istiqlal ! Istiqlal ! » (indépendance), « justice où es tu ? », ,.«Klitou lebled ya esseraquine» (vous avez pillé le pays bande de voleurs), «Bladi fi danger, enkemlou fiha la Bataille d’Alger» (Le pays est en danger, nous poursuivrons la Bataille d’Alger), «We enkemlou fiha ghir besselmiya, we ennehou el askar mel Mouradia» (Nous continuerons notre combat pacifiquement et nous expulserons les militaires d’El Mouradia (le palais présidentiel)»
Le Comité national de libération des détenus (CNLD) a signalé que des manifestants ont arrêtés par les services de sécurité le 22 février à Alger et dans d’autres villes. Pourtant le Président de la République avait gracié par décret présidentiel un certain nombre de militants du Hirak. Les manifs du 22 février 2021 avec leurs slogans radicaux montrent clairement que les revendications fondamentales exprimées dans les manifs antérieurement demeurent partagées par la population : une rupture radicale avec l’ancien système un Etat de droit-civil et non militaire, la démocratie politique et sociale l’indépendance de la justice, une nouvelle indépendance .
Les Algériens ont manifesté le 16 février 2021 pour l’anniversaire du Hirak
Manif du 16 février 2021 à Kherrata
Des manifs ont eu lieu mardi 16 février à Kherrata et à Bejaia pour célébrer le deuxième anniversaire du Hirak. En effet c’est le 16 février 2019 qu’une première manif s’est déroulée à Kherrata pour s’opposer à ce que Abdelazziz Bouteflika exerce un cinquième mandat présidentiel. Le 22 février, des manifs ont été organisées se sont déroulées dans de nombreuses villes. C’était le début du Hirak qui a réuni, vendredi après vendredi des millions d’Algériens. Ces manifs exigeaient le départ de « el issaba » la bande, le gang qui dirigeait le pays.
Les manifestants du 16 février 2021, brandissant le drapeau national et le drapeau amazigh ont scandé les slogans du Hirak: « Pour l’indépendance de l’Algérie », « Tebboune est arrivé par la fraude, placé par les militaires » ou encore « Les généraux à la poubelle “Echaâb yourid isqat enidam” (Le peuple veut la chute du régime), “Goulna el-îssaba trouh” (Nous avons dit que la bande mafieuse doit partir), “Libérez la justice”, “Libérez l’Algérie”, “H’na ouled Amirouche, marche arrière ma n’welouch”, “Dawla madania, machi askaria” (pour un État civil et non militaire), “Sem3ou, sem3ou ya ennas, Abane khela w’saya, dawla madania machi askaria” (Écoutez, Abane nous a laissé un testament : la primauté du civil sur le militaire), “Djazaïr houra démocratia” (Pour une Algérie libre et démocratique), “Mazalagh d-iImazighen” (Nous demeurons des Amazighs), “, “Irhalou ya el khawana” (Dégagez, traîtres !) “Tilelli i-mahvas n’rai” (Liberté pour les détenus d’opinion), “El havs i-makaran, tilelli i-maghrassen” (La prison pour les voleurs, la liberté pour les militants) ou encore “Libérez les otages”.
Des manifs sont prévues à et dans d’autres villes, pour le 22 février prochain