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MALI : les irresponsables ne sont pas ceux qu’on pense !

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Le Parti de Gauche salue la mémoire des treize soldats morts au Mali dans la collision entre deux appareils en opération et présente ses condoléances à leurs familles.

Ce drame pose au moins trois questions : que faisons nous là-bas depuis maintenant plus de six ans soit plus longtemps que la seconde guerre mondiale et pour quel résultat ? La stratégie est elle adéquate ? Notre armée a-t-elle les moyens humains et matériels pour mener ce combat ?

Nous ne devons pas sous-estimer la menace djihadiste : l’islamisme radical gagne du terrain, financé l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, par ailleurs nos chers clients quand il s’agit de leur vendre des armes. Il menace les Etats côtiers.

La France, avec ses 4500 soldats et forces d’élite, bénéficie du partenariat entre l’Union européenne et le G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger). S’y ajoute la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), forte de 12 000 hommes, dont un millier d’Allemands. Ce déploiement massif ne peut venir à bout de quelques colonnes de pick-ups armés ou de groupes se déplaçant à moto, faisant preuve d’une grande mobilité et d’une bonne connaissance du terrain.

Les soldats des armées malienne et burkinabé payent un lourd tribut, étant régulièrement victimes d’attaques violentes auxquelles ils ne peuvent répliquer par manque de moyens. Quant à l’armée française elle est bien seule (mis à part le renfort de quelques soldats estoniens) sur les zones de combat, avec du matériel vieillissant, des manques flagrants en logistique lourde et des soldats hyper-sollicités.

Il est donc légitime de s’interroger d’une part sur cette situation contrastée d’autre part sur la stratégie suivie : s’agissant d’une guerre discontinue, transfrontalière, asymétrique et non pas anti-subversive, ne serait il pas préférable de renforcer les armées locales et de les aider en moyens de renseignements et de communication ? De plus l’éloignement des forces combattantes françaises ou en tout cas l’internationalisation d’une présence militaire étrangère devrait rassurer un acteur majeur de la paix ou de la guerre dans la région à savoir l’Algérie.

Les Etats du Sahel sont défaillants et menacés d’effondrement, minés par la corruption et les trafics. Des chefs traditionnels et des chefs religieux respectés sont assassinés. De vraies assises populaires de refondation pour l’unité de ces pays contre ceux qui cherchent à les démembrer au nom d’un irrédentisme racialisé, seraient la condition pour redonner le pouvoir au peuple afin qu’il reprenne son destin en mains et qu’un processus électoral démocratique soit rétabli. Des aides en ce sens pourraient être fournies.

Enfin, le flou quant aux vraies raisons (économiques et stratégiques) d’une présence française dans les territoires sahéliens et les compromissions en résultant avec certains groupes d’intérêts doit être levé.

L’émotion que nous éprouvons devant le sacrifice de nos compatriotes ne doit pas nous faire oublier la lourde responsabilité des gouvernements français successifs dans cette dégradation de la situation au Sahel. Il est temps qu’un large débat national soit engagé afin d’en sortir non par un abandon mais par un repositionnement impliquant l’ONU et les pays concernés, tout en regagnant la confiance des peuples africains.

La pauvreté de l’Afrique n’est pas nécessairement une cause principale de l’intensification du djihadisme sur ce continent. Mais plutôt l’échec des initiatives occidentales unilatérales conséquence des maladresses de la politique étrangère agressive, de la première guerre d’Afghanistan à l’intervention militaire en Libye. Aujourd’hui, face à un adversaire opportuniste, mutant et invisible, la stratégie de lutte contre le terrorisme sur le continent africain, doit impérativement passer par une Afrique pacifiée une Afrique pacifiée par le respect des valeurs morales et des droits de l’homme, pour la paix retrouvée grâce à l’éducation et un développement éco-socialiste respectueux des peuples et de l’environnement. Tel est le devoir auquel une France redevenue républicaine et internationaliste devrait faire sien.

Pierre Boutry

Déclaration de la commission Afrique du Parti de Gauche

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