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ALGERIE : 37° et 38° Hirak, meeting du 9 novembre à la Bourse du travail de Paris

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Les manœuvres de la bourgeoisie bureaucratique

La veille du premier novembre 2019, le chef de l’état (par intérim) avait déclaré qu’il aurait “l’obligation de préserver l’ordre public” contre ceux qui utiliseraient la “liberté de manifester” pour s’opposer à la participation au scrutin”. Ainsi la bourgeoisie bureaucratique, civile ou militaire, refuse de prendre en compte la volonté populaire. Le Hirak réclame une chose simple : la rupture avec le passé, c’est-à-dire un véritable changement politique et non un recyclage de l’assiba, c’est-à-dire du système.
La préparation des élections présidentielles prend l’allure caricaturale d’un recyclage du système. En effet parmi les cinq candidats en lice pour la Présidentielle du 12 décembre prochain, tous appartiennent à « l’ancien régime ».
En effet, ont été retenus par l’Autorité nationale des élections: Ali Benflis, 75 ans, ancien chef du gouvernement ; et Abdelmadjid Tebboune, ministre à plusieurs reprises, et qui fut premier ministre d’Abdekazziz Bouteflika. Azzedine Mihoubi, ex-ministre de la Culture et secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND) parti qui soutenait Bouteflika et qui avait demandé un cinquième mandat. On trouve aussi Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme et cadre du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui est une organisation islamiste, et enfin Adelaziz Belaïd, dont le parti le Front El Moustakbal, soutenait aussi Bouteflika.
« Un 5e mandat sans Bouteflika», déclare Saïd Salhi, vice-président de la LADDH (Ligue algérienne des droits de l’homme) .Sur les réseaux sociaux, des caricatures et des dénonciations des cinq candidats comme appartenant à l’assiba ont proliféré. Ali Benflis, a été longuement malmené par des groupes de jeunes en colère, samedi 2 novembre après-midi, Les jeunes lui scandaient le slogan du Hirak : «Klitou leblad ya serraqin !» (Bande de voleurs), puis («Ya el-khâyen» (traître dégage !»).

Premier novembre 2019 -37° Hirak -Une mobilisation exceptionnelle
Le 37° vendredi du Hirak, coïncidait avec le 65° anniversaire de l’insurrection armée du premier novembre 1954. Les commentateurs de la presse d’opposition, comme les intervenants sur les réseaux sociaux déclarent « un tsunami populaire a submergé un grand nombre de villes algériennes ». Plusieurs millions d’Algériennes et d’Algériens se sont mobilisés pour dire non au « système » à ses symboles, et aux cinq candidats qui veulent le perpétuer. Les manifs avaient d’ailleurs démarré, pour la première fois depuis le 22 février dès jeudi soir 31 octobre.
La campagne électorale devrait débuter le 17 novembre prochain alors que les manifestants du 37° Hirak ont redit avec force non à la tenue d’une élection présidentielle le 12 décembre. Le mouvement populaire a également apporté son soutien aux détenus d’opinion et à ceux qui ont arboré des drapeaux amazigh. On pouvait également voir des affiches représentant des militants de la « Bataille d’Alger » comme Ali La Pointe ou Hassiba Ben Bouali. Des manifs très importantes se sont déroulées à Alger, mais aussi à Oran, Constantine, Annaba, Mostaganem, Blida, Tipaza, Dellys, Bejaïa, Tizi-Ouzou, Sidi Bel Abbès et dans bien d’autres villes.
Pour le moment le pouvoir par intérim fait le sourd et refuse une solution politique prenant en compte les revendications du Hirak.

Vendredi 8 novembre 2019- 38° Hirak : nous irons jusqu’au bout

Algérie Presse Service a publié le 9 novembre 2019 le communiqué suivant : le Conseil constitutionnel a confirmé samedi la liste des cinq candidats retenus pour l’élection présidentielle du 12 décembre prochain, validée la semaine dernière par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), et rejeté les recours introduits par neuf postulants à la candidature.
Face à ces candidats, le Hirak continue avec des exigences radicales. La manifestation populaire du 38° vendredi s’est déroulée, le 9 novembre 2019, notamment à Alger, Oran, Constantine, Annaba, Tlemcen, Mostaganem, Sidi Bel Abbes, Jijel, Chlef, Ain Defla, Mascara, El Oued, Blida, Bouira, Tizi Ouzou, Bejaia, Skikda, Bordj Bou Arreridj, Sétif, Guelma, Saida, Biskra, Ouargla, El Bayadh et dans d’autres villes.
Chaque vendredi, depuis le 22 février 2019, les Algériens descendent dans la rue pour renouveler leurs exigences, défiant le climat de répression : arrestations totalement arbitraires par la sécurité militaire, menaces voilées du chef d’Etat-major à l’encontre du hirak…
Les manifestants ont rappelé : leur refus d’aller voter le 12 décembre : « iskat el vote, wajib watani » (annuler le vote est un devoir national) ; leur opposition au pouvoir militaire : « dawla madania machi aâskaria » (État civil et non militaire) « la nourid el hokm el aâskar min djadid » (on ne veut pas d’un pouvoir militaire à nouveau. A Tizi Ouzou : les manifestants réclament, en amazigh, Thilili (liberté).
Ils ont aussi brandi des pancartes avec les noms des détenus d’opinion ; ils ont proclamé « libérez les otages ! » On a entendu « Istiqlal ,Istiqlal » (Indépendance) dans les manifs et plus précisément : « Le peuple réclame la vraie indépendance ».
On a également vu dans les manifs des portraits de militants du « groupe des six » qui ont lancé l’insurrection armée du 1° novembre 1954 : Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi et applaudi la sœur de ce dernier qui participait à la manif d’Alger. A Alger, des manifestants ont brandi le drapeau amazigh.
Les manifestants ont rendu hommage aux trois militaires de l’ANP (Armée Nationale Populaire) tombés près de Tipaza alors qu’ils combattaient un groupe terroriste

Roger Esmiol

Un article du quotidien El Watan du 11 Novembre 2019 commentant le meeting de solidarité organisé le 9 novembre 2019 à la Bourse du travail à Paris.
Meeting international de solidarité avec le peuple algérien : Admiration et soutien à un mouvement populaire pacifique inédit

Le mouvement pacifique du peuple algérien pour une Algérie démocratique et un Etat de droit a été salué comme un «modèle» et un «exemple» pour les peuples en quête de démocratie et de justice sociale, samedi après-midi à Paris, tout au long d’un meeting de quatre heures, initié par l’Association pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA) et de nombreuses associations de la diaspora algérienne et par de nombreux représentants de partis politiques, d’associations, de personnalités, françaises, maghrébines, africaines et latino-américaines.
Cette salle (la Bourse du travail de Paris) doit être un lieu de communion, de construction d’une chaîne de solidarité avec les Algériens qui, depuis le 22 février 2019, sont tous les vendredis et tous les mardis dans la rue pour revendiquer pacifiquement un changement radical du système politique.» Et, par-delà les Algériens, «les peuples qui, en Afrique, dans le monde arabe ou en Amérique latine, luttent contre des régimes oppressifs et répressifs», lance Omar Bouraba, membre de l’Association pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA), organisatrice du meeting avec d’autres associations de la diaspora algérienne en France.
Le ton est donné. La salle archicomble sur ses deux niveaux répond en écho par des «Djazaïr houria wa democratia !»(Algérie libre et démocratique) et des youyous. Des représentants de partis politiques de gauche, de syndicats et de la société civile français, des représentants d’associations et collectifs maghrébins, d’Amérique latine, d’Afrique subsaharienne, de Palestine se sont succédé à la tribune pour affirmer leur soutien mais aussi leur admiration aux Algériens qui manifestent pacifiquement depuis plus de huit mois pour un Etat de droit, pour une République démocratique. Ils ont également dénoncé la répression et exprimé leur solidarité aux détenus.
«Leur dire qu’ils ne sont pas seuls» (Akram Belkaïd)
En introduction du meeting, le journaliste et essayiste Akram Belkaïd a rappelé que les Algériennes et les Algériens sont engagés depuis le 22 février dans «un impressionnant mouvement de contestation politique et sociale» et que cette contestation était dirigée d’abord contre un 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika, puis a exprimé la volonté d’en finir avec un régime liberticide et corrompu.
«Ce mouvement, ce hirak, est historique à bien des égards», «parce qu’il est pacifique», «parce qu’il est national», «parce qu’il ne faiblit pas», a ajouté notre confrère. Les manifestants refusent les élections du 12 décembre, parce qu’ils estiment que «ces élections ne feront que prolonger le système». «Ils ne sont pas contre des élections, mais ils veulent de vraies réformes.
Le pouvoir politique refuse toute ouverture et fait des élections du 12 décembre une affaire d’honneur. En face, les Algériens se battent contre un pouvoir finissant.» Et Akram Belkaïd de conclure : «Notre rencontre, aujourd’hui, est pour leur exprimer notre respect. Leur dire qu’ils ne sont pas seuls. C’est une marque d’amitié et de fraternité.»

Djaafar Lakhdari, membre du collectif de la coordination de la société civile (regroupant des partis politiques et des associations), venu d’Algérie, pour l’occasion, affirme que «notre collectif qui œuvre pour la constitution d’une coalition pour négocier une transition pacifique, réclame que le peuple souverain décide de l’avenir du pays». Et de la diaspora, «nous attendons deux formes de soutien : qu’elle informe de la situation en Algérie et un devoir de solidarité avec les victimes de la répression».
Et de noter que le hirak algérien revendique «la réalisation des fondements de la démocratie». «Pour la première fois, on assiste à un consensus large dans un pays arabo-musulman pour réclamer un Etat démocratique.» «Aujourd’hui, on assiste à un printemps démocratique, y compris les partis islamiques jouent le jeu de la démocratie. Chest cela qui permettra demain d’instaurer des règles démocratiques dans les pays arabo-musulmans. On observe ce phénomène au Liban avec le reflux du confessionnalisme, au Soudan, en Irak qui apportent un démenti aux atavismes qui frappent les pays arabes (ou qu’on leur impute).»

«Plus qu’une nationalité, être algérien c’est une identité» (Aouicha Bakhti)
L’avocate Aouicha Bakhti, qui se présente comme «laïque résolument à gauche», membre du réseau algérien de lutte contre la répression, « né au cœur du processus révolutionnaire actuel le 1er juin» pour soutenir les détenus d’opinion, également venue d’Algérie, relève «le nombre de détenus pour délit d’opinion que nous avons découvert et qui étaient inconnus de l’opinion publique. C’est effarant». Et de noter qu’«être Algérien, plus qu’une nationalité, c’est une identité». «Le hirak a révélé l’union du peuple algérien dans sa diversité.»
Et avec un brin d’humour : «On n’est pas pressés, les Algériens ont dit non aux élections que le chef d’état-major veut nous imposer, ils ont massivement voté pour les rejeter.» Et cette interrogation : «Comment construire cette Algérie nouvelle ? L’idée d’auto-organisation est en train d’avancer.» «A force de se côtoyer tous les vendredis, un projet se dessine clairement dans notre diversité.» «Les Algériens sont en train de se réconcilier entre eux, avec leur histoire.»
Mais «si je veux construire une Algérie démocratique, ce n’est pas avec ceux qui ont tué. Je ne peux pas oublier ceux qui ont été assassinés, parce qu’on est en révolution». Et pour conclure, Aouicha Bakhti relève que «les jeunes Algériens ont fait la somme des expériences de leurs aînés. Ils ne reculeront pas». «Le peuple algérien est le seul peuple qui a mis dehors une colonisation de peuplement». « C’est le premier peuple à mener une révolution pacifique qui est en train de faire école.»

Pour évoquer les 9 militants emprisonnés de l’association RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse) – dont son président Abdelouahab Fersaoui et son premier président Hakim Addad –, Mohand Kadi, membre de l’association, et Dounia, fille de Hakim Addad, ont appelé au soutien des détenus d’opinion. Mohand Kadi rappelle que le RAJ, qui existe depuis 1989 et agréé en 1993, «répond à l’appel des jeunes depuis le 22 février, accompagne cette révolution, son siège est le QG de cette révolution».
Puis il fait lecture d’un message des militants du RAJ, exprimant leur détermination à continuer «notre combat aux côtés des forces vives pour notre dignité, mobilisons-nous, impliquons-nous davantage». Dounia Addad a rappelé qu’un appel à une solidarité internationale a été lancé le 17 octobre dernier : «Signez-le et faites-le signer !»

La référence aux aînés
«Il est impensable pour nous de ne pas faire référence à nos aînés, car le combat des Algériens pour un Etat de droit, pour la justice sociale dure depuis longtemps», a indiqué l’un des deux animateurs du meeting, Omar Bouraba avec Sanhadja Akrouf. «Ils sont pour nous un exemple, un recours pour nous donner plus de force.» «Notre détermination, nous la puisons du combat de nos aînés.»
Et de nommer Sadek Hadjerès, Mohamed Harbi ou Madjid Benchikh (ce dernier était toutefois présent dans la salle) qui ont transmis des messages écrits ou vidéo.
Ainsi, Madjid Benchikh (ancien doyen de la faculté de droit d’Alger et militant des droits de l’homme) a avancé, en substance, que «le 1er Novembre, c’est la lutte pour la souveraineté nationale, le 1er novembre 2019 c’est la lutte pour un Etat de droit. La souveraineté de l’Etat a été détournée, la souveraineté du peuple confisquée». Et «l’universalité des droits de l’homme exige de chaque humain d’aller au secours des autres, sans ingérence».

L’historien et ancien responsable du FLN, Mohamed Harbi, observe, pour sa part, que «dans sa marche pour l’indépendance l’Algérie a bénéficié d’un soutien international que peu de colonies ont connu». Il en appelle à «refonder la démocratie en Algérie, constituer un espace public dans lequel toutes les opinions, je dis bien toutes les opinions puissent s’exprimer». Et «nous demandons à nos amis qui nous ont aidés à recouvrer notre indépendance à être à nos côtés dans notre reconquête de la démocratie».
«Une insurrection démocratique puissante, obstinée, exigeante» (Etienne Balibar)

Les amis du peuple algérien ont été nombreux à lui exprimer leur solidarité. En voici quelques échos.
Pour Olivier Besancenot, porte-parole du Parti anticapitaliste français, «ce processus révolutionnaire en Algérie nous fait du bien, c’est du baume au cœur pour nos combats». «C’est une révolution qui dépasse les frontières de l’Algérie, soulève des questions politiques, sociales.» Aussi, «quand un peuple uni se soulève, il peut soulever des montagnes. Au Chili, en Irak, au Liban, les peuples se soulèvent contre des régimes corrompus». Et un tacle à l’adresse des dirigeant français, «s’il y a un silence de l’Etat français, c’est parce qu’il y a des intérêts politiques, économiques, stratégiques».

Le philosophe Etienne Balibar, dans un message vidéo, affirme qu.il se sent «concerné, même intimement interpelé par ce qui se passe en Algérie comme tout Français de ma génération qui s’était engagé pour l’indépendance de l’Algérie».
«Aujourd’hui, une fois de plus l’histoire se fait à Alger, pour vous et pour nous de par les liens qui nous unissent.» Le philosophe observe que «certains parlent de mouvement de contestation ou de révolution, moi je dirais que c’est une insurrection démocratique, profondément enracinée dans l’histoire de son pays. Cette insurrection est puissante, obstinée, exigeante. Espérons qu’elle saura résister, vaincre, accompagnons-la de nos vœux, avec nos moyens».

L’historien Gilles Manceron, intervenant «pour la Ligue des droits de l’homme et au nom des associations, nombreuses, sensibles à ce qui se passe en Algérie, ressentent une solidarité profonde à l’égard des Algériens», affirme qu’«on ne peut pas faire de l’ingérence, on n’est pas sur la même longueur d’onde que les autorités françaises qui, elles, ont tendance à s’«ingérer». «Il y a eu de nombreux épisodes de solidarité pendant la période coloniale et c’est dans cette solidarité que nous devons nous situer.» «Nous sommes pour le recouvrement de l’indépendance totale du peuple algérien qui enracine son mouvement dans l’histoire pour l’indépendance. C’est ce qui gêne et qui a du mal à passer dans certains milieux politiques français.»
«On a l’impression que le hirak contribue à revisiter l’histoire.» Faisant allusion à l’actualité française, l’historien et militant des droits humains indique qu’«en France, il y a un climat de racisme, de xénophobie qui prend prétexte du terrorisme pour nourrir l’islamophobie. On refuse ce climat de haine qui se développe en France et qui a ses racines dans le passé. La solidarité est naturelle et elle existe». Et pour finir, il en appelle à «rompre avec la complicité entre les pouvoirs en place depuis 50 ans dans les deux pays».

Stephane Enjalran, de l’Union syndicale Solidaires a relevé que «le silence qui perdurait dans les médias (sur la situation en Algérie) nous a révoltés». Et après avoir indiqué que «notre amitié avec les syndicats autonomes algériens a commencé il y a 15 ans, qui nous disaient leur isolement, les harcèlements et les pressions exercées à leur encontre», il déclare qu’«à Solidaires, on s’«engage à dire que les prochaines élections ne sont pas démocratiques et n’entraîneront pas un changement démocratique».
«On sera là pour faire entendre toutes ces voix en France.» «Combien de temps allons-nous avoir honte des discours et des politiques des différents gouvernements français depuis l’époque coloniale à aujourd«hui ?» «Le hirak nous rappelle cette mémoire enfouie.»

«La résistance du peuple algérien est aussi celle de tous les peuples opprimés au Maghreb» (Khadidja Riyadi, de l’OMDH)
Khadija Riyadi, représentant la Coordination maghrébine des organisations des droits humains (réseau de 260 ONG maghrébines), est venue du Maroc pour saluer «une lutte pacifique sans précédent», une «phase historique de l’histoire du peuple algérien qui a mis de côté ses divergences pour se réapproprier sa souveraineté», qui «a déjoué tous les barrages du pouvoir en misant sur la division et la violence, l’instrumentalisation de la justice».
«Le Maghreb uni sans frontières, qui est le but de l’OMDH, ne peut être que l’œuvre de Maghrébins libres. Le droit des peuples à l’autodétermination est le point de départ de la démocratie. La lutte du peuple algérien est la nôtre, sa résistance est aussi celle de tous les peuples opprimés au Maghreb. Bravo au peuple algérien, merci d’avoir ravivé notre espoir d’un Maghreb uni.»

Mathilde Panot, vice-présidente de La France insoumise, avance que «la révolution citoyenne en Algérie est une de nos raisons d’espérance».
«Nous avons des luttes à mener en commun, la lutte pour la justice sociale, contre les oligarchies qui servent les plus riches.» Et d’ajouter : «Le pouvoir algérien essaie de briser la solidarité internationale en en faisant une ingérence. Cette solidarité est importante, on n’a pas le droit de garder le silence quand des jeunes se font emprisonner pour le port d’un drapeau.»

Noël Mamère, ancien élu et ancien responsable politique, se déclare «aux côtés du peuple algérien en train de reconquérir sa dignité face à un pouvoir militaire qui a ruiné l’espérance d’un des pays les plus jeunes».
Julien Bayou, porte-parole d’Ecologie Les Verts, est venu apporter le soutien de son parti ainsi que le sien personnel. «Ma mère était porteuse de valises, a fait la prison pour poursuivre son rêve d’une Algérie indépendante, pour l’autodétermination des peuples.» Et lui de déclarer en référence à l’actualité française : «Le mot de fraternité est bafoué.» «Pour nous, à Ecologie Les Verts, nous affirmons qu’il n’y a qu’une humanité, que la fraternité est une.»

A l’annonce de l’intervention de Pierre Audin, toute la salle se lève pour ovationner le fils de Maurice et Josette Audin aux cris de «Allah yarham achouhada» (qu’Allah accorde sa miséricorde à ces martyrs) accompagnés de youyous retentissants.
Pierre Audin, très ému dira : «Je vais commencer par engueuler les Algériens. Cela faisait longtemps que ma mère désespérait pour ce qu’était devenue l’Algérie pour laquelle elle s’était engagée. Le hirak a commencé le 22 février et ma mère est décédée le 2 février.» «Je suis très fier de ce que font les Algériens. 38 vendredis ça suffit, il faut qu’ils dégagent tous, il y a un pays à construire.»
«On vous remercie de l’exemple que vous nous donnez»

Olivier Lecour Grandmaison, universitaire et co-animateur du Collectif du 17 Octobre 1961, a fait quelques rappels à ceux qui disent que l’islam n’est pas compatible avec la démocratie, et que les Arabes ne sont pas mûrs pour la démocratie. «Ce qui se passe en Algérie, en Irak, au Liban est un démenti cinglant.» «Nous soutenons les Algériens aujourd’hui, nous serons à leurs côtés demain. Si le pouvoir algérien sera tenté par la violence, nous reprendrons la voie des porteurs de valises.»

Une représentante du PCF a salué «le courage et la détermination du peuple algérien», soulignant que «le mouvement populaire algérien est un espoir et un élan pour les peuples en lutte» et a «apporté le soutien de Meriem Derkaoui, maire d’Aubervilliers, des parlementaires Stéphane Peu, Fabien Roussel, Pierre Laurent».
Et de préciser que l’Humanité est «un des rares médias français à écrire régulièrement sur le hirak». «Vous pouvez continuer à compter sur les communistes français», a-t-elle assuré.
Lui a succédé à la tribune Mohamed Bensaïd du Forum des associations des luttes démocratiques et de l’immigration (Faldi), puis Lana Sadeg, militante du Forum Palestine Citoyenneté.
«La lutte de libération algérienne a inspiré la lutte du peuple palestinien, comme la lutte des féministes algériennes. Votre mouvement actuel nous inspire aussi», a souligné la jeune militante . «Aujourd’hui, la convergence des luttes est importante pour vous et pour nous. Je lance un appel à tous les représentants des associations du Maghreb et du Machrek pour une union ici en France.»
Suit un militant chilien qui rappelle aux Algériens : «Vous nous avez accueillis pendant les années noires de la dictature au Chili, on ne l’oublie pas.» Et il ajoute que «c’est la jeunesse qui bouge dans plusieurs pays, l’Amérique latine bouge aussi. L’Algérie est dans cette mouvance».

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