ALGERIE : réponse des insoumis à B Stora

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Dans l’article « Peut-on réconcilier la France et l’Algérie » Benjamin Stora déclare que pour les insoumis, comme tout un ensemble de personnes adhérant à diverses organisations de gauche, la question de la réconciliation et de la mémoire concernant l’Algérie est « une affaire qui ne les intéresse pas ».

Pour ce qui concerne les insoumis la situation est la suivante. Avant l’indépendance, ils suivaient de près l’évolution de la lutte de libération nationale. Après l’indépendance, les uns sont rentrés très vite en France et d’autre sont restés travailler en Algérie. A l’époque de Ben Bella, ils ont évité de soutenir telle fraction de l’opposition à Ben Bella.

A partir  du 19 juin 1965,  date où Boumediène prend le pouvoir, un petit nombre d’entre eux adhère à L’ORP, puis  au Parti de l’Avant-Garde Socialiste. D’autres préfèrent  le PRS de Boudiaf. Rentrés en France, ils suivent l’évolution de la situation ; certains sont très désabusés car le pouvoir de Boumediène ne correspond pas à la vision du socialisme qui était la leur. D’autres enfin, prolongeant l’anticolonialisme lié à la lutte de libération nationale  adhérent à l’organisation de soutien aux mouvements de libération nationale d’Henri Curiel. Les uns et les autres s’intéressent, à des degrés divers à la situation en Algérie. Un exemple, Jean Tabet, ex-insoumis, a demandé que, pour son inhumation, le cercueil soit enveloppé du drapeau algérien.

Quant aux insoumis appartenant au Parti de Gauche, nous pouvons assurer à B Stora que la situation en Algérie ( il n’y a qu’à lire les papiers que nous publions régulièrement sur ce site concernant le hirak) non seulement nous intéresse mais est pour nous un exemple essentiel de transition en Afrique. Nous comprenons donc mal les accusations injustes que B Stora porte envers nous et l’invitons à reconsidérer son appréciation.

Roger Esmiol et Pierre Boutry

La situation politique en Algérie en ce mois d’octobre 2020

Un mouvement d’une ampleur exceptionnelle, le Hirak s’est développé en Algérie depuis le 22 février 2019 et a rassemblé des de millions d’Algériens dans les villes du pays. Hommes et femmes de tous âges ont montré un degré élevé  de conscience politique ; ont exprimé de façon radicale leur volonté de rompre avec la politique des années Bouteflka, exigé un véritable changement politique et démocratique. Ils ont revendiqué notamment la convocation d’une Constituante. L’insurrection pacifique et citoyenne pourrait alors engager le pays vers une révolution démocratique patriotique et sociale .Dénonçant la politique de soumission au capital globalisé, le Hirak exige la  justice sociale et la réappropriation par le peuple des richesses naturelles et du travail humain sur le territoire de la nation.

La bourgeoisie bureaucratique et la bourgeoisie compradore s’opposent à une telle politique : le gouvernement actuel défend leurs intérêts et s’efforce de piéger une nouvelles fois de plus les aspirations du peuple. Un ces pièges, c’est le projet de constitution élaboré par des technocrates au service du pouvoir et adopté par les deux chambres du parlement. Ce parlement est celui de l’époque Bouteflika :il est le produit de magouilles diverses ; la très majorité de ses membres a soutenu le pouvoir antérieur .C’est bien du Bouteflika sans Bouteflika.

Le pouvoir actuel profite des mesures prises pour limiter l’expansion du covid 19. Ainsi les manifestations du Vendredi ont été suspendues, les militants acceptant ce blocage du mouvement populaire. Des manifestations se déroulent malgré tout dans diverses régions. Le pouvoir entend aller plus loin : il s’agit de briser les forces de contestation .Le pouvoir entend museler toutes les voix divergentes et museler la presse indépendante. La condamnation du journaliste Khared Drareni à deux ans de prison par la cour d’appel illustre parfaitement cette politique. Les Algériens, pour illustrer la justice aux ordres la qualifie de «  justice du téléphone ». Il convient de considérer la répression dans son ensemble : le fichage, les arrestations avec violence  et les condamnations tous azimuts de militants du Hirak (ou de  personnes proches), partout sur le territoire national.

La tactique du gouvernement est d’inhiber l’action de contestation populaire pour la neutraliser et casser la dynamique de mobilisation .Le gouvernement a pour objectif de de faire adopter le1° novembre 2020 sa nouvelle constitution .Il pourrait alors  se prévaloir d’une légitimité à l’intérieur et au niveau international..

Roger Esmiol

 

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