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Côte d’Ivoire : Jeunes politiciens nés après l’indépendance : réveillez vous !

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A la suite de la crise postélectorale de 2011, la quasi-totalité des Ivoiriens était convaincue que l’élection présidentielle de 2020, marquerait certainement l’émergence d’une nouvelle génération à la présidence de la République de Côte d’Ivoire. Sur le plan légal, la Constitution du premier Août 2000, à son article 35, limitait indiscutablement le nombre de mandats présidentiels à deux. Ce qui donnait de l’assurance à la nouvelle génération.

Cependant, la nouvelle constitution promulguée en novembre 2016, par le chef de l’Etat Alassane Ouattara, a finalement instauré une « Kôrôcratie » en Côte d’Ivoire, c’est à dire une forme de gouvernement imaginaire dominé par les doyens d’âge, selon le langage de rue ivoirien.

La  « Kôrôcratie » ivoirienne, est incarnée par trois personnalités qui dominent la vie politique depuis le retour du multipartisme en 1990. Dans un pays ou l’espérance de vie de la population est de « 60 ans », leur impressionnante longévité à la fois politique et biologique, empêche l’émergence d’une nouvelle génération de politiciens en Côte d’Ivoire. En 1993 à l’époque d’ Houphouët-Boigny, les vieux leaders mouraient pour laisser la place à leurs jeunes dauphins désignés. Mais en 2020 au sein du RHDP de Ouattara, ce sont plutôt les jeunes dauphins pourtant désignés, qui meurent pour laisser la place aux vieux leaders.

Aujourd’hui, au sommet de l’Etat, comme à l’intérieur des grands partis politiques, aucun signe visible n’annonce l’émergence d’une nouvelle génération, pour la décennie 2020-2030 à la tête de la Côte d’Ivoire.

Les « Kôrô» de la vie politique ivoirienne, ont pourtant émergé  jeunes (….)

Dans son ouvrage la fin d’une génération en Côte d’Ivoire, Oris Bonhoulou soutient que trois évènements expliquent la montée en puissance des « kôrô »  dans la vie politique ivoirienne, à partir de 1990.

« Le premier événement est relatif au VIIe congrès du PDCI (parti unique) qui s’est déroulé du 29 septembre au 1er octobre 1980. Le deuxième évènement porte sur le retour du multipartisme en 1990. Le troisième évènement est consécutif à la mise en application des dernières mesures prises par le président Houphouët-Boigny (85 ans), lors du IXe congrès qui s’étant du 1er au 5 septembre 1990 ».

Ainsi, le VIIè congrès du PDCI en 1980 a permis à Henri Konan Bédié, âgé de 46 ans, d’accéder à la présidence de l’Assemblée nationale, au détriment du pionnier de l’indépendance Philippe Grégoire Yacé. Henri Konan Bédié devenant ainsi le dauphin constitutionnel de Félix Houphouët-Boigny. Ambassadeur aux USA à 26 ans, puis ministre de l’Economie, à 32 ans, pendant 14 ans (1966-1977). Il  deviendra en décembre 1993, le deuxième le président de la Côte d’Ivoire, suite au décès de Félix Houphouët-Boigny.

Ainsi, Konan Bédié, aux affaires depuis l’âge de 26 ans, accédait à la magistrature suprême à l’âge de 59 ans. En avril 1994, il prend la tête du PDCI-RDA, parti de Félix Houphouët-Boigny. Trente ans après, Henri Konan Bédié, 86 ans, reste le leader incontournable du PDCI. Pour ces prochaines élections présidentielles, il est « officiellement » le plus vieux candidat de l’histoire de la Côte d’Ivoire.

Le retour du multipartisme à partir de 1990, favorise l’émergence de Laurent Gbagbo (45 ans) sur la scène politique ivoirienne. Seul candidat face à Félix Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo, leader du FPI, devient une figure incontournable l’opposition ivoirienne. Ce politicien reconnu pour être un « battant », accède au pouvoir 10 ans plu tard à l’âge de 55 ans, comme Félix Houphouët-Boigny. Trente ans après le retour du multipartisme, Laurent Gbagbo, 75 ans, reste toujours le leader principal du front populaire ivoirien (FPI), et n’a favorisé l’émergence d’aucun « jeune notable » de sa famille politique. Suite à son acquittement par la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo a pour ambition de revenir au pouvoir d’Etat.

Enfin, les dernières mesures mise en œuvre par le président Félix Houphouët-Boigny en 1990, ont permis à plusieurs personnalités ivoiriennes d’émerger  (le général Guéi, Daniel Kablan Duncan, Laurent Dona Fologo, etc..). Cependant, le grand bénéficiaire de ces mesures fut Alassane Ouattara, nommé à l’âge de 48 ans, Premier ministre (aux pleins pouvoirs) d’un Félix Houphouët-Boigny vieillissant. Il devient par la suite une figure dominante de la vie politique ivoirienne, depuis le retour du multipartisme. Le leader du RDR, accède finalement à la magistrature suprême en 2010 à l’âge de 68 ans, même s’il faut noter la non-tenue de l’élection présidentielle en 2005, et la  participation de sa formation politique à la gestion du pays, depuis janvier 2003, en vertu des accords de paix.

Le 31 octobre 2020, Alassane Ouattara, s’apprête à briguer un troisième mandat, une première depuis le retour du multipartisme en 1990. En cas de réussite, l’actuel président ivoirien compte maintenir la stabilité du pays jusqu’en 2030, brisant ainsi les rêves de la nouvelle génération née entre 1960 et 1975. Une génération qui jusqu’ en 2019, brulait d’impatience.

(… )  Contrairement à la nouvelle génération en 2020.

Pour rappel, les différents présidents de l’Histoire de la Côte d’Ivoire ont accédé à la magistrature suprême, alors qu’ils étaient relativement jeunes. Félix Houphouët-Boigny et Laurent Gbagbo ont été accédé à la présidence à 55 ans. Le président Henri Kona Bédié et le général Robert Guéi, ont  respectivement accédé au pouvoir d’Etat à 59 ans. Alassane Ouattara  a géré les trois années de la présidence de Félix Houphouët-Boigny, alors qu’il était âgé  de 48 à 51 ans, avant d’arriver au pouvoir d’Etat en 2010, à l’âge de 68 ans après 8 longues années de processus de sortie de crise.

Cependant, nous constatons que la pyramide des âges de cette époque, est totalement différente de l’actuelle, du moins celle des jeunes personnalités les plus présidentiables. En effet, en 2020, les personnalités nées après 1960, âgées au plus de 60 ans, ne bénéficient pas de la même considération, que ceux des années 90.

Les deux grandes figures de la génération fesciste (issue de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire), actuellement absente du pays, à savoir Guillaume Soro ( l’époque de la rébellion est révolue)  et Charles Blé Goudé ont chacun, écopé de 20 ans de prison. Ce qui compromet la suite de leur carrière politique. Au sein du FPI et de la Gauche ivoirienne, l’ombre du président Laurent Gbagbo, maintient une jeune génération dans l’anonymat.

Au sein du PDCI d’Henri Konan Bédié, de brillantes jeunes personnalités comme Jean Louis Billon (56ans), Thierry Tanoh (58 ans) ; Jacques Gabriel Ehouo (47ans) ou encore Tidjane Thiam (58 ans) jouent le rôle de second plan face à une vieille garde (Konan Bédié 86 ans, Constant Bombet 79 ans, Ouenssenan Koné 81 ans, Maurice Kacou Guikahue 70 ans), qui tient véritablement le parti. Ce qui  pousse certains jeunes comme Kouadio Konan Bertin (52 ans), à chercher à se « faire un nom », en jouant un rôle de « tocard », dans un scrutin présidentiel destiné à hypothéquer l’avenir politique d’une jeune génération, dans la décennie 2020-2030.

 

Il est dans ces conditions indispensable que la jeune génération secoue le joug à gauche afin de redonner espoir au peuple ivoirien et le  Parti de Gauche sera solidaire pour soutenir, aider à rebâtir un discours écosocialiste qui contribue à notre émancipation conjointe Nord et  Sud unis contre le capitalisme néo-colonial.

 Le Parti de Gauche tient enfin à souligner que la mascarade électorale du troisième mandat serait rendue inopérante si le processus électoral depuis l’enrôlement jusqu’à la proclamation en passant par l’accès aux media se faisait de façon respectueuse des règles démocratiques. Le Parti de Gauche dénonce de ce point de vue le silence complice du gouvernement français et de l’UE  et de l’OIF tout justes bons à appeler au calme alors qu’ils devraient dénoncer haut et fort la falsification et la tricherie à l’œuvre.

Oris Bonhoulou et Pierre Boutry

Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

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