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ALGERIE : situation politique après le 31ème vendredi

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Le mouvement populaire (« Hirak »)

Le Hirak se développe depuis sept mois. Le 31° Vendredi (20 septembre 2019) a été marqué par une très forte mobilisation des Algériens. Toutes les régions du pays ont pris part à des manifestations, six jours après la convocation du corps électoral par le chef de l’État Abdelkader Bensalah .

Le peuple algérien est descendu dans les rues dans les villes suivantes : Alger, Oran, Constantine, Chlef, Tlemcen, Biskra, Annaba, Mostaganem, Jijel, Tiaret, Blida, El Tarf, Batna, Tébessa, Mila, Bouira, Oum El Bouaghi, Skikda, Guelma, Sétif, Bejaia, Tizi Ouzou, Boumerdes, Ain Defla, Mascara, Sidi Bel Abbès, Ain Temouchent, Saida, Médéa, Tipaza, El Bayadh, Tissemsilt, Ouargla, El Oued, Adrar, Tindouf, Ghardaïa, Djelfa, Bordj Bou Arreridj, M’Sila, Naama et Souk Ahras .

A Alger, on a noté une très forte mobilisation malgré un dispositif de sécurité dissuasif aux entrées de la ville et au niveau du centre-ville. La mobilisation a également été forte à Constantine, Annaba, Bejaia, Tizi Ouzou…

Le journal El Watan a titré comme suit un article le 20 Septembre : 31° vendredi de mobilisation citoyenne : Marche grandiose contre Gaïd Salah. Beaucoup de slogans concernaient en effet le chef d’Etat-major : « Asmaa ya el Gaïd dawla madania machi askariya » (Nous voulons un état civil et non militaire), «Chaab yourid iskate Gaïd salah » (Le peuple exige la destitution de Gaïd Salah). « y en a marre des généraux ». On entendait aussi : « makache el vote » (pas de vote).

Le « système », et notamment le chef d’Etat-major, ont joué le pourrissement et ont multiplié les mesures de répression (arrestations, pressions sur les médias, interdictions de réunions publiques) Mais loin de s’essouffler, le hirak se poursuit et il réalise un large consensus qui exige une rupture radicale avec le pouvoir en place.
Pour évaluer le rapport de forces, il faut aussi prendre en compte les manifestations des étudiants (auxquelles s’associent des intellectuels et d’autres citoyens) le mardi, qui ont redémarré à la rentrée. Des manifs se développent dans diverses régions d’autres jours que le vendredi. Enfin des mouvements sociaux se poursuivent sur des questions concrètes de la vie quotidienne.

On peut lire dans TSA (1) du 21 septembre 2019 : « Six jours après la convocation du corps électoral et l’installation de la Commission d’organisation des élections, les manifestants ne semblent pas convaincus par les « garanties » de transparence données par le pouvoir, pour un scrutin crédible. »

(1) TSA (Tout sur l’Algérie) se définit ainsi : Premier média francophone algérien sur internet. TSA couvre l’essentiel de l’actualité politique, économique et sportive sur l’Algérie

La bourgeoisie bureaucratique

La bourgeoisie bureaucratique en place depuis des décennies est toujours là : mais elle a délégué à son appareil d’Etat militaire plusieurs actions : arrestations par la sécurité militaire de proches d’Abdelazziz Bouteflika, de patrons accusés de corruptions. Le chef d’Etat-Major a multiplié les déclarations depuis des mois : toutes vont dans le même sens : des élections au plus vite, arrêter le mouvement populaire, maintenir l’essentiel du système, rendu présentable par des patrons corrompus traîné en justice.
C’est l’Etat-major qui a fixé le calendrier des futures élections présidentielles -12 décembre 2019-, calendrier repris à l’identique par le pouvoir qui a d’ailleurs adressé ses félicitations au chef d’Etat-major : il faut à tout prix éviter une période de transition démocratique.

La bourgeoisie compradore

Malgré les arrestations d’un certain nombre de patrons ou chefs d’entreprise et la réactivation de dossiers comme le »scandale de l’autoroute est-ouest », la bourgeoisie compradore conserve l’essentiel de ses prérogatives. En particulier, presque personne ne conteste l’infitah (2) mise en œuvre dès la mort de Boumediène en 1978 par Chadli Bendjedid et poursuivie par tous ses successeurs. L’infitah a conduit à la liquidation du secteur public, à la soumission des entreprises restant théoriquement publiques comme la Sonatrach à la .domination des oligopoles.

(2) Infitah, en arabe standard ouverture. Mise en œuvre dès 1978 en Algérie elle a été instituée en Egypte par Sadate, qui a liquidé les structures de développement économique national de l’Egypte mené par Nasser

Les manifestants lancent depuis le 22 février le slogan » Klitou leblad ya serrakine » (Vous avez pillé le pays, bande de voleurs » .Ils déclarent aussi « Istiqlal » (Indépendance). Ils revendiquent le retour des richesses à la nation et la mise en œuvre d’un développement national. Des fractions de la bourgeoisie existent en tant que bourgeoisie nationale et seraient d’accord avec cette orientation.

Rejet de la « hogra »

Dans les manifestations, les couches populaires, les gens modestes des villes et des campagnes ressentent la « hogra » que leur manifestent les privilégiés de la bourgeoisie bureaucratique ou compradore .La hogra, c’est le mépris, l’oppression, l’excès de pouvoir, l’injustice, l’excès de pouvoir que tu ressens dans tous les actes de la vie sociale. Il faut que ça cesse. On l’exige quand on crie « Houria « (Liberté), « Dimocratia » (Démocratie) ou quand on chante « Chaab va libérer l’Algérie » (Le peuple va libérer l’Algérie)

Deux réactions ce jour au « processus électoral » en cours

Du côté du pôle formé par le FFS, le RCD, le PT, le PST, le MDS, le PLD, l’UCP et la LADDH, c’est l’option du «rejet de la tenue des élections organisées par le pouvoir» qui est retenue.». Source : TSA 22 09 2019

Les maires de Béjaïa tournent le dos au scrutin
A Béjaïa, une trentaine de présidents d’APC, sur 52 édiles, n’encadreront pas les élections programmées pour le 12 décembre prochain. Leur décision est tranchée et ils l’ont signifiée à l’issue d’une réunion qui a regroupé, vendredi, une vingtaine d’élus locaux après la marche hebdomadaire. Source El Watan 22 09 201

Les candidatures

Vingt-deux postulants à la candidature pour la présidentielle du 12 décembre 2019 ont procédé, jusqu’à hier, au retrait des formulaires de souscription de signatures, a-t-on appris auprès de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Parmi ces postulants à la candidature pour le prochain scrutin présidentiel, figurent des chefs de parti politique, dont Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbal, et Aïssa Belhadi, président du Front de la bonne gouvernance, Ali Benflis, président de Talaie El Houriat, Rachik Khoudir, représentant de Tayar Essalam, un parti nouvellement agréé. Abdelaziz Belaid, chef du parti Front El Moustakbal, et Mahfoud Adoul, le président du Parti de la victoire nationale (PVN).

Parmi Les postulants au poste de président de la République figurent aussi des indépendants tels que : Loth Bounatiro et l’économiste Fares Mesdour. La candidature de l’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune pourrait s’ajouter à la liste. Ce dernier n’a encore fait aucune déclaration officielle, mais plusieurs sources affirment sa candidature.

La nouvelle loi organique relative au régime électoral

Cette loi fait obligation aux candidats à la présidentielle de présenter cinquante mille (50.000) signatures individuelles au moins, d’électeurs inscrits sur une liste électorale. Ces signatures doivent être recueillies à travers au moins 25 wilayas.
Le nombre minimal des signatures exigées pour chacune des wilayas ne saurait être inférieur à 1.200. La déclaration de candidature à la présidence de la République résulte du dépôt, par le candidat lui-même, d’une demande d’enregistrement auprès du président de l’ANIE, stipule cette nouvelle loi, exigeant la nationalité algérienne d’origine pour le candidat qui doit être également titulaire d’un diplôme universitaire ou d’un diplôme équivalent.

L’ANIE a la charge de préparer les élections, de les organiser, de les gérer et de les superviser, et ce dès le début de l’opération d’inscription sur les listes électorales et leur révision, ainsi que les opérations de préparation de l’opération électorale, des opérations de vote, de dépouillement et se prononcent sur le contentieux électoral jusqu’à l’annonce des résultats provisoires.

Composée de 50 membres, l’ANIE, présidée par l’ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, est chargée de réceptionner les dossiers de candidature pour l’élection du président de la République et d’y statuer. Pour rappel, le chef de l’État, Abdelkader Bensalah, avait convoqué, dimanche dernier, le corps électoral pour l’élection du président de la République, prévue le 12 décembre.

Roger Esmiol

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