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Côte d’Ivoire : le triple désastre du régime Ouattara

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Nous faisons ici le bilan du triple désastre politique, environnemental et social du régime Ouattara dans la perspective des élections présidentielles de 2020.

1 la loi d’attribution de la nationalité de 2013 et ses conséquences politiques

Dans une vidéo parue sur la toile, une déclaration de l’ex président de la République Henri Konan Bédié a fait polémique et continue d’être au cœur du débat politique ivoirien. Si sa révélation sur l’existence des orpailleurs clandestins ne souffre d’aucun doute, d’autres affirmations du leader du PDCI ravivent par contre, les tensions entre le parti au pouvoir et l’opposition. Certains observateurs parlent même de la résurgence de « l’ivoirité » sur la scène politique ivoirienne. Ainsi, l’emploi de fortes expressions comme : « les Ivoiriens ne doivent pas être étrangers chez eux » ou encore « des étrangers inscrits frauduleusement sur la liste électorale » parait comme un discours xénophobe pour les uns, ou une stratégie politique pour séduire l’aile radicale et ultranationaliste du camp Gbagbo pour d’autres.

Cependant, l’emploi des discours « identitaires » dans le débat politique à un an des élections présidentielles, peut engendrer des confusions pouvant déboucher sur des heurts voire des troubles graves dans la mesure où les Ivoiriens ne sont pas informés sur certaines questions importantes : qui a le droit de voter ? Qui ne l’a pas ? Ou encore, qui est toujours étranger et qui ne l’est plus ?

En un mot : combien d’étrangers ont bénéficié depuis 2013, de la réintroduction de la nationalité par déclaration ? , une loi adoptée dans le silence du PDCI d’Henri Konan Bédié alors membre du RHDP. En effet, la réintroduction de la nationalité par déclaration a permis depuis le 6 juin 2013, à certains étrangers d’accéder légalement à la nationalité ivoirienne en vertu des accords de Linas Marcoussis de 2003.

La politique de la porte ouverte du premier président Felix Houphouët-Boigny n’avait pas clairement défini le statut juridique d’une bonne partie des immigrés de l’ère coloniale installés définitivement, et de ceux qui sont nés de parents étrangers en Côte d’Ivoire ainsi que leur descendance. Le code de la nationalité de 1961 prévoyait dans leur cas, des procédures (droit d’option pour ceux qui y résident avant l’indépendance et de déclaration pour ceux qui y sont nés avant 1972) qui leur permettaient d’acquérir la nationalité par simple demande. Le code de nationalité a été durci en 1972, par la suppression du droit du sol.

Cette catégorie d’étrangers (y compris leur descendance) selon les accords de Marcoussis avait effectivement droit à la nationalité ivoirienne à cette époque, mais ne l’a pas acquise soit par ignorance soit par analphabétisme. Estimés aujourd’hui à plus de 3 million d’individus, il est clair que ces nouveaux naturalisés modifieront considérablement le vote en 2020. Car contrairement à l’époque d’ Houphouët-Boigny qui leur garantissait un vote dans une situation de fait en échange d’une protection relative, ces naturalisés sont désormais, pour ceux qui l’ignorent encore, des citoyens ivoiriens jouissant du droit de vote. Le nombre d’électeurs risque quasiment de doubler en 2020.

Ainsi, à travers les déclarations du passé président Henri Konan Bédié qui a pourtant défendu le vote des immigrés, lorsqu’il était au pouvoir, on aperçoit clairement que ce dernier, désormais dans l’opposition, craint de voir ces nouveaux électeurs apporter leurs voix au président Alassane Dramane Ouattara (ADO), leur bienfaiteur. Ce qui pourrait assurer une victoire du parti au pouvoir (RHDP) au soir des présidentielles d’octobre 2020, vu que leur nombre important peut permettre un « braquage électoral » de la part de ce régime autoritaire.

Le FPI ainsi que plusieurs formations politiques de la Gauche ont accepté de rejoindre la plateforme non idéologique initiée par le président Bédié dans le but de contrer les nouvelles ambitions de son ex allié Alassane Ouattara. Souvenons nous toutefois que la dernière coalition FPI-PDCI date de la transition militaire de 2000. Cette coalition éphémère baptisée à l’époque le Front Patriotique avait pour but de lutter contre la fraude sur la nationalité afin d’exclure les étrangers du droits de vote. Ces étrangers qui avaient permis à Houphouët-Boigny de battre largement Laurent Gbagbo lors des élections présidentielles de 1990. Leur vote, autorisé par le décret du 10 octobre 1990, octroyait à Houphouët-Boigny le tiers (1/3) du soutien populaire, ne laissant aucune chance à son adversaire. Les étrangers disposaient ainsi du droit de vote bien qu’étant mis dans une situation de fait. Ils avaient pour seule garantie la protection de Félix Houphouët-Boigny, d’où l’évidence d’un vote-récompense.

Là où en 1966, Houphouët-Boigny avait échoué à leur octroyer la double nationalité face à l’hostilité d’une population ivoirienne unie, Ouattara profitera de la division du peuple ivoirien pour appliquer les recommandations controversées des accords de Marcoussis. En 2003, le député Ben Soumahoro un « anti- Marcoussis », prévenait ainsi : « une chose qu’on ne vous dit pas, les accords de Linas Marcoussis demandent la naturalisation de 3 millions d’étrangers. Sommes-nous prêts à accepter cela ? Des nouveaux naturalisés qui vont complètement modifier le vote, et permettre à des gens de se faire élire ici de façon frauduleuse ! ».

Si l’on ne veut pas que l’histoire se répète, le débat sur la nationalité et la liste électorale doit se faire en connaissance de la loi sur la réintroduction de la nationalité par déclaration pour éviter à la Côte d’Ivoire de plonger dans une nouvelle turbulence identitaire, même si cette loi de naturalisation reste aujourd’hui la principale carte sur laquelle compte le président Ouattara pour assurer sa victoire quelque soit la manière dont elle sera acquise.

De plus, alors que les cartes nationales d’identité des trois-quarts de l’électorat ont été prolongées par décret jusqu’en juin 2020, celles des nouveaux naturalisés expirent en 2023 au moins. Ce qui laisse ouverte la possibilité pour les présidentielles de 2020 de manœuvres frauduleuses sur le fichier électoral, les cartes électorales n’étant données qu’aux porteurs d’une carte nationale d’identité valide.

2 la dégradation de l’environnement.

A l’origine, la « boucle du cacao » désignait le triangle Dimbokro, Daoukro, Bongouanou. Cette boucle s’est étendue vers l’ouest du pays avec le triangle Soubré, Oumé, Divo.

Depuis la fin de la crise post- électorale, les populations rurales situées dans la partie la plus à l’ouest de la boucle du cacao constatent pour la première fois la présence régulière des éléphants de forêt dans leur milieu. La nouvelle cohabitation avec ces pachydermes se solde parfois par des incidents meurtriers. Aux environs de Daloa, on compte déjà 3 villageois tués et 3 autres blessés. Certains paysans voient de façon quotidienne, leurs cultures complètement détruites. Ces éléphants de forêts proviennent du parc national de la Marahoué, un parc national situé à proximité de l’axe Bouaflé-Daloa. Il occupe une superficie de 101,000 hectares et dispose d’une biodiversité importante de la faune et de la flore. Il s’agit du lieu d’origine de ces éléphants.

C’est en réalité la destruction du parc de la Marahoué par la culture sauvage du cacao, le braconnage et l’exploitation frauduleuse du bois qui est la cause de ces désordres. Des activités illicites accentuées par la crise ivoirienne qui provoquent l’exode de ces animaux. En 2014, le parc avait perdu plus de 80 % de sa surface et les attaques d’animaux sauvages tels que des léopards, ou des éléphants de forêts sur les populations rurales, se signalent régulièrement.

La situation du parc de la Marahoué est à l’image de l’ensemble de la biodiversité ivoirienne.
Les parcs et forets protégées ivoiriennes ont été peu à peu détruits par la culture brutale du cacao qui exige au préalable, un défrichement de la forêt primaire. Traditionnellement les paysans ivoiriens du centre-est cultivaient les cacaoyers sous les grands arbres après avoir débroussaillé un minimum, de qui permet de garder pendant plusieurs dizaines d’années les cacaoyers en production. Ces règles de bon sens n’ont pas été respectées par des immigrés non habitués à la forêt et à la culture du cacao qui ont arasé la forêt primaire complètement pour favoriser un rendement maximum mais à court terme. Ces exploitations illégales de cacao faisant suite à l’exploitation sauvage du bois, ont envahi l’espace et décimé la faune et la flore. La corruption des autorités ainsi que la vente illicite des terres aux planteurs étrangers par des autochtones, accentuent la déforestation. Cette situation est aggravée par la guerre qu’a vécue le pays car plusieurs parcs nationaux et de réserves sont en zones rebelles.

L’orpaillage clandestin est un autre phénomène qui accentue le désastre écologique en Côte d’Ivoire. La ruée anarchique des chercheurs d’or n’est pas sans conséquence pour les localités ou ils se signalent. Ainsi, de nombreuses terres agricoles fertiles sont entièrement détruites par les orpailleurs, plusieurs rivières et affluents des grands fleuves sont pollués et changent horriblement de couleurs, ou sont complètement desséchées par cette pratique. Ce qui perturbe les activités économiques des populations rurales.

La complicité ou laxisme des autorités en matière de contrôle et de réglementation, encourage le phénomène de l’orpaillage clandestin. Ces orpailleurs s’installent souvent à leur gré et commettent des homicides sur les forces de l’ordre et la population se trouve menacée sur ses propres terres.

Depuis 10 ans ce sont 80% des forêts de la Côte d’Ivoire qui ont disparu en un demi-siècle. De plus de 16,5 millions d’hectares à l’indépendance en 1960, le couvert forestier ivoirien est progressivement passé à environ 12 millions d’ha en 1970 puis à quatre millions en 2000. La couverture forestière a fortement régressé de 1986 à 2015, passant de 7 850 864 hectares en 1986 à 5 094 452 hectares en 2000 et à 3 401 146 hectares en 2015.

Aujourd’hui, le régime Ouattara se montre incapable de régler de façon concrète ces questions relatives au désastre écologique en Côte d’Ivoire.
De plus selon la loi N° 2013-655 du 13 septembre 2013 relative au délai accordé pour la constatation des droits coutumiers sur les terres du domaine coutumier et portant modification de l’article 6 de la loi n° 98-750 du 23 décembre 1998 relative au Domaine Foncier :

« Article 1 : Un nouveau délai de dix ans, qui court à compter de la publication de la présente loi, est accordé pour faire constater l’exercice de façon paisible et continue des droits coutumiers sur les terres du domaine coutumier. Passé ce nouveau délai, les terres du domaine coutumier sur lesquelles des droits coutumiers exercés de façon paisible et continue n’ont pas été constatés, seront considérées comme sans maître. »

Nous y voyons la volonté du pouvoir actuel de confisquer aux paysans ivoiriens leur droit à la propriété foncière dans le but de confier ultérieurement ces terres aux multinationales de l’agro-alimentaire et des industries extractives.

3 la misère du peuple ivoirien.

« Les Ivoiriens sont, concernant les demandeurs d’asile, bien devant les Syriens, les Albanais, les Nigérians, (…) alors qu’on parle de décollage économique de la Côte d’Ivoire avec des taux que la France envierait en termes de dynamisme économique» affirme avec stupéfaction le directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) Didier Leschi. Tous les observateurs éclairés sont unanimes sur un fait : la misère gagne du terrain en Côte d’Ivoire depuis l’arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara. Alors que les chantiers et les inaugurations d’infrastructures modernes s’intensifient dans la capitale économique et dans certaines régions du pays, au grand bonheur des investisseurs souvent étrangers et d’une certaine classe moyenne émergente, les Ivoiriens dans leur ensemble se plaignent de plus en plus des difficultés de leur quotidien. On observe dans le pays la cherté de la vie, le chômage de la jeunesse, des grèves incessantes des fonctionnaires, le difficile accès aux soins de santé etc… Comment une aussi grande paupérisation de la population peut elle se constater dans un pays réunifié après 8 années de crise, qui a de plus, bénéficié de l’annulation de la dette extérieure via l’initiative PPTE, et dirigé par un pion des institutions financières internationales qui le soutiennent depuis la crise économique des années 1980 ?

Une longue tradition de croissance sans développement

Depuis 2009, la Côte d’Ivoire est admise à recevoir un allégement de la dette au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), lui permettant ainsi d’atteindre le point de décision prévu par cette Initiative. Il s’agissait en réalité d’une faveur faite à ce pays qui détient l’économie la plus solide de l’Afrique noire francophone.

Un pays qui avait pourtant connu une période de prospérité après son accession à l’indépendance, en ayant fait le choix d’un capitalisme d’État. Le président Ivoirien fustige même le socialisme en affirmant en 1965 qu’ « il faut d’abord créer des richesses avant de penser à une égale répartition ». Le président Houphouët-Boigny donnait rendez-vous dans 10 ans à des icônes marxistes comme Sekou Touré, oubliant que la vie d’une nation est une course de fond sans fin. Durant cette période, le PIB par habitant est multiplié par plus de 5 en vingt ans: on parlait alors de «miracle ivoirien », le pays faisant figure de réussite rare en matière de décolonisation, un îlot de prospérité dans la région du Golfe de Guinée. De 1960 à 1980, la production industrielle enregistre un taux de croissance annuelle moyen de 20%, faisant passer sa part dans le PIB de 15 à 25 %. C’est aussi l’époque, où l’on construit de très nombreuses écoles avec un taux de scolarisation qui passe de 8 à 64 %. La population s’accroît considérablement. C’est aussi à cette époque que le pays est équipé en infrastructures qui font jusqu’aujourd’hui la fierté de ses habitants. Les ressources considérables sont dégagées pour construire Yamoussoukro, la ville natale du président qui sera érigée en capitale en 1983. Cet essor économique modifie profondément le mode de vie des Ivoiriens, entraînant une accentuation de l’exode rural et la hausse du revenu annuel moyen par ménage qui atteint 500000 francs CFA en 1980. Ce qui fait du pays « l’un des pays les plus aisé d’Afrique du moins d’Afrique francophone » affirme le révolutionnaire Thomas Sankara en 1987.

Cependant, à la fin des années 1980, la crise économique entraîne une sévère dégradation des conditions de vie des classes moyennes et des populations urbaines défavorisées. Selon la Banque Mondiale, la population vivant en deçà du seuil de pauvreté passe de 11 % en 1985 à 31 % en 1993. En mai 1987, la Côte d’Ivoire annonce publiquement son incapacité de rembourser une dette colossale de 4,5 milliards de francs et en juillet 1987 le pays se trouve dans une situation financière désastreuse. Les étudiants et le reste de la population manifestent dans les rues d’Abidjan avec des slogans, jusque-là inédits, tels que «Houphouët voleur» ! Selon un rapport du Credit Risk International de 1990, sur 14 pays d’Afrique Subsaharienne, la Côte d’Ivoire est l’État le plus endetté avec 17 251 millions de dollars. Sous le régime d’Henri Konan Bédié, malgré le financement des institutions et les aides internationales la situation s’est considérablement aggravée. Les programmes d’ajustements structurels de 1990 ne donnent pas les résultats escomptés. En janvier 1994, le franc CFA est dévalué de moitié. Selon le gouvernement, la dévaluation susciterait la relance d’investissement. On assiste certes à la suite de la dévaluation à une certaine embellie macroéconomique de la situation économique du pays. Toutefois, les tensions sociopolitiques engendrent le coup d’État de décembre 1999. Le pays est alors abandonné à son propre sort par ses bailleurs de fond.

Les reformes socialistes empêchées par la rébellion armée.

« Houphouët a enrichi la Côte d’ivoire, moi je vais enrichir les Ivoiriens ». Le socialiste Laurent Gbagbo, une fois arrivé au pouvoir met en œuvre une politique dont l’objectif affiché est de permettre un niveau de vie correct pour l’ensemble des Ivoiriens, même des plus défavorisés. Il souhaite tourner la page de la croissance sans développement. Selon lui ; « on ne peut plus diriger la Côte d’Ivoire selon les formules et les méthodes d’Houphouët-Boigny ou de ses héritiers ». Gbagbo présente un programme social audacieux, annonçant la mise en œuvre de son programme d’assurance maladie universelle et d’école gratuite. Par le biais de sa politique de décentralisation, chaque collectivité, chaque entité décentralisée recevant des fonds aura l’opportunité de s’autogérer dans les domaines comme l’aménagement du territoire, les voies de communication, l’environnement, la santé, la culture, l’éducation et la gestion des finances. Cependant, le régime de la refondation se trouve très vite heurté par la rébellion armée de 2002 et personne ne saura aujourd’hui ce que valent les projets de Laurent Gbagbo. Toutefois il est important de mentionner que malgré la crise, les prouesses économiques du régime Gbagbo sont à saluer (paiement régulier des fonctionnaires, partenariat avec la Banque islamique de développement pour le financement des projets d’infrastructures, remboursement progressif de la dette extérieure colossale).

C’est ainsi qu’en 2009, La Côte d’Ivoire a rempli les conditions pour atteindre le point de décision dans le cadre de l’Initiative PPTE renforcée. Pour atteindre le point d’achèvement, la Côte d’Ivoire devra mettre en application la stratégie de réduction de la pauvreté pendant au moins un an, appliquer des mesures proposées, notamment des réformes structurelles et sociales clés, notamment dans les domaines de la gestion des finances publiques, de la gestion de la dette et de la gouvernance. A l’issue de ce programme, les 500 milliards de FCFA versés annuellement aux créanciers pour le remboursement de la dette extérieure, devraient désormais permettre au pays de soulager sa population. En 2011, le président ADO devient le grand bénéficiaire de l’initiative PPTE.

De mal en pis sous Ouattara !

Il est important de souligner que tout pays qui sort d’une crise ou d’un conflit militaire, reçoit des institutions internationales ou autres bailleurs de fond, les aides nécessaires à la relance de son économie et sa reconstruction. Ainsi, depuis la fin de la crise post-électorale de 2011, l’économie ivoirienne a progressé à un rythme moyen de 8 % constituant sur la base des chiffres, une prouesse remarquable à l’échelle mondiale.

Toutefois, malgré de l’annulation de la dette extérieure, la réunification du pays, et le soutien des institutions financières internationales, le président Alassane Ouattara présentera en 2020 un bilan catastrophique sur le plan social. La misère a considérablement pris de l’ampleur en Côte d’Ivoire. L’argument du choix économique, de la réorientation des ressources de l’État vers le développement des infrastructures ne tient pas dans mesure ou il n’est pas l’apanage de la Côte d’Ivoire. Plusieurs pays comme le Ghana, le Rwanda, le Niger, ont assuré comme la Côte d’Ivoire, le développement leurs infrastructures de base, sans pour autant appauvrir de façon cruelle, leur population. Le cercle restreint du régime Ouattara monopolise ainsi les ressources de l’État, par le biais des contrats de gré à gré, et au nom du rattrapage ethnique. Le taux de pauvreté en Côte d’Ivoire était de 33 % en 1998 sous le régime d’Henri Konan Bédié qui était en pleine relance économique. En 2015, à l’issue du premier mandat d’ADO, il était de 46 %, un recul de quelques points par rapport à 2008, donc semblable à l’époque de la crise militaro politique. On note également que le taux de pauvreté est encore plus grave à Abidjan et atteint les 50 % dans la mesure ou toutes les activités informelles, qui permettaient à des familles entières de vivre, ont été stoppées sans mesures compensatoires au nom d’un projet de salubrité urbaine. Concernant l’emploi des jeunes, « la part cumulée des emplois vulnérables et des chômeurs dans la population active en Côte d’Ivoire se situe dans la fourchette compris entre 70 et 90 % » affirme Akin Olugbadé, le Directeur général adjoint de la BAD. A un an des élections présidentielles, le président Ouattara n’a pas encore affiché son intention de briguer un nouveau mandat. Mais il est clair que tous les Ivoiriens qui avant 2010 ont été séduit par l’image du technocrate et du brillant parcours professionnel de l’ancien Directeur général adjoint du FMI, ne voteront pas pour lui en 2020.

Le Parti de Gauche dénonce le désastre social et environnemental de la Côte d’Ivoire de Ouattara et les manœuvres en cours visant à pervertir le processus électoral des présidentielles de 2020. Outre une composition biaisée de la Commission Electorale Indépendante (CEI) avec une surreprésentation du parti au pouvoir, nous dénonçons le risque de manipulation du fichier électoral grâce à la loi de 2013 sur la nationalité et aux conditions d’attribution de la carte nationale d’identité, sans oublier une possible révision de la Constitution de novembre 2016.

Le Parti de Gauche sera particulièrement vigilant sur le déroulement du processus électoral et attire l’attention du gouvernement français, dans le cas probable où les conditions d’un scrutin loyal et transparent ne seraient pas réunies, sur les risques de troubles liés au mécontentement latent du peuple ivoirien qui souffre de conditions de vie difficiles.

Pierre Boutry et Oris Bonhoulou

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