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Burundi : le régime honni de Nkurunziza doit tomber !

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Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche  1er juillet 2017

Le Burundi connaît une crise sans précédent depuis l’arrivée au pouvoir en 2005 du CNDD FDD, qui avait à l’époque soulevé des espoirs de réconciliation après des années de guerre civile. Le président Pierre Nkurunziza, a en fait répandu la corruption et multiplié les malversations économiques et les trafics en tous genres, puis fractionné les partis politiques d’opposition et pratiqué des assassinats d’opposants. Rappelons-nous aussi le lâche assassinat de trois sœurs italiennes de la paroisse catholique de Kamenge, au mois de septembre 2014.

A l’issue de son deuxième mandat, il est passé en force en avril 2015, avec une CENI aux ordres, grâce à la forfaiture de la Cour Constitutionnelle, et en l’absence de toute observation libre et indépendante, pour imposer un troisième mandat… à la demande de Dieu lui-même ! Il a instauré un climat de peur généralisée suite aux tirs à balles réelles sur le peuple qui manifestait pacifiquement. Il dispose des milices Imbonerakure qui quadrillent toutes les collines de recensement et procèdent à des arrestations, à des actes de torture, à des viols et à des tueries.

Depuis ces évènements de mai 2015, les Forces de Défense et de Sécurité, si patiemment construites grâce à l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et les différents accords de cessez-le-feu qui l’ont enrichi et complété, sont menacées chaque jour de désintégration/implosion, les médias privés et libres ont été détruits, des journalistes ont été assassinés (Christophe Nkezabahizi journaliste tué avec toute sa famille à son domicile le 13 octobre 2015), d’autres disparus comme Jean Bigirimana dans les mains des hommes du Service National de Renseignement (véritable police politique), les plus « chanceux » se sont exilés, les défenseurs des droits de l’homme menacés tel Pierre-Claver Mbonimpa qui a été grièvement blessé dans une tentative d’assassinat et dont le fils et le gendre ont été tués, des responsables politiques et des leaders emblématiques au sein des corps de défense et de sécurité ont été assassinés.

Plus de 400000 réfugiés, 209000 déplacés internes, plus de 5000 morts et plus de 5000 disparus. Tel est le résultat de cette violence qui s’accompagne de restrictions des libertés publiques et d’une recrudescence du discours de haine ethnique qui consiste à brandir une soi-disant menace tutsi pour rançonner, torturer et tuer. Après avoir exclu certains de ses propres partisans, il a commencé à tuer sélectivement certains opposants puis massivement les habitants des quartiers contestataires dans les années 2015 /2016. La tactique est dorénavant celle de l’élimination quasi quotidienne du « un à un ». Il s’agit d’éliminer un à un et discrètement les cadres moyens de l’opposition et des forces de sécurité qui sont suspectés d’être contre le 3ème mandat sans attirer l’attention de l’opinion internationale. Le putsch manqué du 13 mai 2016 lui a donné l’occasion de se débarrasser de la plupart des militaires opposés au 3ème mandat ou supposés être proches de l’opposition.

La pauvreté extrême vient compléter le tableau : 8 millions de burundais sur les 11 sont atteints de malaria et la famine se répand. « Trois millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire et 2,6 millions sont exposées à une insécurité alimentaire aiguë, alors que 700 000 dépendent d’une aide alimentaire d’urgence », a indiqué Tayé-Brook Zerihoun, Sous-secrétaire général des Nations Unies aux affaires politiques dans son rapport délivré devant le Conseil de sécurité la semaine dernière. Un rapport qui recense également « des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture et autres traitements inhumains et dégradants, des violences sexuelles et basées sur le genre, des arrestations et détentions arbitraires et des disparitions forcées » et s’inquiète également de « discours de haine prononcés par certaines autorités de l’État, des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure ».

Le pouvoir de Nkurunziza ne survit que grâce aux 6000 militaires envoyés en mission de la paix dont 2000 en Centrafrique et 4000 en Somalie. L’Etat burundais prélève 200 dollars sur les 1000 dollars mensuels versés par l’UE qui a proposé de verser la paie, gelée depuis un an, directement aux soldats ce que l’UA a refusé. La paie a été versée par l’UE sur une banque privée sensée être indépendante, la Bancobu, qui s’est empressée de la reverser à une coopérative militaire. Résultat final : les soldats ne touchent toujours que 800 dollars et l’UE s’est laissée berner.

Nkurunziza soutenu par Sassou et Dos Santos, travaille pendant ce temps sur un projet de présidence à vie suivant en cela le mauvais exemple de certains de ses voisins est-africains. Il est plus préoccupé par la moralité de la population (il vient de décréter que les couples vivant en union libre devaient se marier) que de sa survie. Il refuse de collaborer avec une commission indépendante de l’ONU chargée d’enquêter sur ses crimes. Il a cessé toute collaboration avec le bureau de l’Office des droits de l’homme au Burundi. Il refuse par ailleurs de mettre en application une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui prévoit le déploiement de quelque 230 policiers au Burundi.

Quant à l’ ambassadeur de France à Bujumbura, Laurent Delahousse, il passe des jours heureux dans un pays merveilleux : il a déclaré dans un journal proche du pouvoir : « Je me sens en sécurité dans ce pays » L’ambassadeur affirme aussi vouloir « rabibocher » les deux pays. « Je crois qu’après un an et demi de crise, la situation du pays est telle que la décrispation est possible, de même que la pacification du débat politique, l’ouverture dans la perspective des élections de 2020 d’un espace politique libre et ouvert au retour de ceux qui le souhaiteraient ».

L’ONU semble impuissante : Bujumbura en est déjà à son cinquième représentant spécial de l’ONU déclaré persona non grata et on ne peut que souhaiter bonne chance au tout nouveau représentant Michel Kafondo.

Le facilitateur des négociations d’Arusha Benjamin Mkapa ex président tanzanien reconnait les difficultés de sa facilitation puisque près d’un an après le début de sa mission, il n’a toujours pas rassemblé l’ensemble des protagonistes et les a rencontrés séparément, recueillant des points de vue qui lui semblent difficilement conciliables.

Le Parti de gauche demande que notre ambassadeur soit rappelé à Paris pour une mise au point et que la diplomatie française exerce les pressions énergiques devant conduire à un embargo sur les armes et au gel des avoirs des responsables de ce régime illuminé et violent ainsi qu’à un retrait des militaires burundais en mission extérieure.

Le Parti de gauche déplore le manque de détermination de la Tanzanie dans la formulation des exigences devant conduire à sortir de cette situation dramatique et encourage le facilitateur à contraindre le régime à négocier effectivement au lieu de faire trainer et à cesser de tout reporter aux lointaines élections de 2020.

Ubuntu burihabwa (la dignité se conquiert).

Pierre Boutry

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