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DJIBOUTI : activisme diplomatique et répression interne

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Après l’échec de sa candidature face au Kenya au Conseil de sécurité de l’ONU, qui visait à cacher les tensions politiques internes et l’isolement du régime en place depuis 22 ans, la République de Djibouti est dans une situation critique.

Un mouvement de contestation s’est déclenché suite à la diffusion sur les réseaux sociaux des images prises par lui-même de l’incarcération d’un lieutenant de l’armée de l’air Fouad Youssouf Ali, qui avait dénoncé la discrimination clanique et la corruption minant à ses yeux l’armée et la société djiboutienne.

L’activisme diplomatique du régime qui accueille les pourparlers entre la Somalie et le Somaliland, en présence du Premier ministre éthiopien, prix Nobel de la Paix, Abiy Ahmed, ne trompe personne quant à la violence de ce régime qui tire à balles réelles sur les manifestants, emprisonne les journalistes, enlève des opposants, réprime les syndicalistes, ségrégue les djiboutiens selon leur origine ethnique.

Ismaïl Omar Guelleh a fait le choix des infrastructures, avec la construction, le plus souvent par les Chinois, de ports, oléoducs, chemins de fer, pipelines. La croissance de Djibouti tourne autour de 6% et en 20 ans, le PIB a plus que triplé.

Mais ce succès n’est flatteur qu’en apparence, puisqu’il ne bénéficie pas à la majorité de la population. 172e sur 189 pays selon l’ONU, Djibouti a perdu 15 places dans le classement mondial du développement sous le règne d’Ismaïl Omar Guelleh et le chômage frôle les 40% et la pauvreté les 20%.

Nous saluons tout particulièrement les protestations très énergiques de la population de Yoboki contre la soif en interrompant le trafic des camions éthiopiens et les protestations de la population d’Obock contre le manque d’électricité. Il semble y avoir une convergence des luttes dont nous nous félicitons.

Au fil des ans, le clan Guelleh s’est constitué un véritable empire à Djibouti. La famille dirige notamment la société Independent Construction Corp, qui gère des actifs dans le BTP et l’immobilier. Les enfants et les frères et sœurs du président djiboutien sont par ailleurs présents ou actifs dans une myriade de sociétés locales ou étrangères que ce soit dans les secteurs de la banque, des transports, de la logistique, de l’énergie, de l’import-export ou encore de l’acier.

Rappelons enfin que l’ONG française Sherpa a déposé une plainte le 16 octobre 2018, aux côtés du Collectif européen de la diaspora djiboutienne pour « abus de biens sociaux », « détournement de fonds publics », « abus de confiance » et « corruption d’agents publics étrangers » sur les conditions d’un patrimoine immobilier important en France et notamment à Paris par la famille du président de Djibouti.

L’annonce prochaine d’une candidature pour le 5e mandat d’Ismaël Omar Guelleh en mai 2021 est un sujet d’inquiétude qui tétanise la société djiboutienne dans son ensemble.

Le Parti de Gauche demande à l’Union européenne et au gouvernement français :

– d’exiger fermement du gouvernement djiboutien la libération des prisonniers politiques
– de soutenir les démocrates et la construction de l’Etat de droit à Djibouti, au-delà des rappels sur les droits humains, nécessaires mais insuffisants,
– de ne soumettre la politique européenne à Djibouti ni aux objectifs de paix et sécurité à court terme, ni à la construction de la Politique de sécurité et de défense commune.

Le Parti de Gauche soutient le Mouvement National contre le 5ème mandat d’IOG.

Pierre Boutry

Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

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