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Guinée/Côte d’Ivoire : lequel des deux dictateurs sera le plus sanguinaire ?

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Ouattara, 78 ans, a lâché ses « microbes », jeunes voyous nordistes désœuvrés, violents et prêts à tout pour gagner trois sous, à Dabou, Bongouanou, Daoukro ; ils sont armés de machettes pour agresser, décapiter, et tuer les manifestants, des jeunes surtout qui s’opposent à son troisième mandat. Les photos disponibles sont effrayantes de cruauté. Bientôt, il lâchera ses milices armées d’armes à feu et ses dozos redoutables chasseurs traditionnels armés d’arcs et de flèches, constitués en cellules dormantes dans tout le pays, pour faire face aux protestations de la population contre son hold-up électoral.

Condé, 82 ans, a lâché ses partisans qui massacrent, violent, détruisent les commerces de la communauté peuhle. Les Forces de défense et de sécurité (FDS) mais aussi des militaires et en particulier des « bérets rouges » (Bataillon de sécurité présidentielle) sont aussi à l’œuvre.

Depuis le mercredi 21 octobre 2020, Cellou Dalein Diallo, son principal adversaire d’origine peuhl, est bloqué à son domicile de Conakry par les forces de défense et de sécurité pendant une semaine. Il fallut la pression de  de la mission conjointe tripartite (ONU-UA-CEDEAO), pour que ce dispositif militaire déployé autour du domicile de l’opposant, soit levé. Par contre, le siège de son parti UFDG saccagé, a également été fermé. Le but de ces méthodes radicales est de terroriser les partisans de Cellou Dalein Diallo (CDD) mais aussi le peuple qui  souhaiterait se mobiliser à l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) regroupant l’ensemble des partis qui ont refusé la mascarade électorale. Les manifestants terrés chez eux, n’ont pas la possibilité de sortir.

Dans les deux cas, les deux présidents vieillissants et prédateurs ont manipulé leur Constitution pour remettre les compteurs à zéro et prétendre à un troisième mandat. La palme de l’hypocrisie revenant à Ouattara qui déclare : « Je me présente contre ma volonté, ce n’est pas un plaisir » alors qu’il avait désigné comme successeur son premier ministre Amadou Gon Coulibaly, décédé en juillet, dont il connaissait très bien les graves problèmes de santé.

Dans les deux cas, les deux présidents font passer pour des conflits inter-communautaires des règlements de compte politiques. Ils exacerbent artificiellement de supposées rivalités ethniques pour mieux favoriser les leurs : Condé joue les malinkés et les soussous contre les peuhls, Ouattara joue les peuples de la savane contre les peuples de la forêt.

Dans les deux cas, les deux présidents empêchent leurs opposants de s’exprimer librement. Condé enferme CDD dans sa propre résidence jusqu’à ce que ce dernier manque de vivres. Ouattara non seulement empêche la candidature d’adversaires de taille (Soro et Gbagbo) mais il embastille des militants de la société civile.

Tel est le cas d’une défenseuse des droits de l’homme, Pulchérie Gbalet. Arrêtée à Yopougon le samedi 16 août 2020 par des hommes encagoulés, Pulchérie Gbalet, sociologue, présidente d’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI), est en effet détenue à la Maca, après avoir été inculpée par le parquet d’Abidjan pour appel à l’insurrection et trouble à l’ordre public, pour avoir contesté le troisième mandat. Une femme courageuse et engagée : en 2016, elle avait lancé le Forum des organisations de la société civile (Forsci) et plaidé pour la réconciliation, la paix, l’amnistie pour les prisonniers politiques et l’indemnisation des victimes de la guerre. Elle a ensuite fondé, l’Action pour la Restauration de la Dignité Humaine (Ardh) après avoir pris quelques distances d’avec le Forsci, perçu par certains comme une organisation politique alors qu’elle veut se limiter au champ des droits de l’homme. C’est avec cette organisation qu’elle lance en 2019 le mouvement des ‘’Gilets oranges’’ en Côte d’Ivoire, à l’image des gilets jaunes en France.  Le mouvement s’effrite après une première action vite réprimée. Elle échappe à une arrestation. Avec l’ACI, sa nouvelle plateforme, elle engage en 2020, la contestation contre le troisième mandat d’Alassane Ouattara après avoir protesté à l’époque contre la nouvelle constitution de 2016, qu’elle jugeait déjà inopportune et illégitime. En septembre 2020, alors qu’elle est en prison, on apprend son licenciement du Bnetd (Bureau national d’étude technique et de développement) organisme ayant pris la suite de la DCGTx.

Le gouvernement français doit sortir de son attitude passive vis-à-vis de Condé en Guinée et cesser son soutien actif à Ouattara en Côte d’Ivoire. Deux présidents qui n’ont que le mot « paix » à la bouche mais qui violent les lois démocratiques et brutalisent leur peuple pour se maintenir au pouvoir.

Plutôt que d’appeler l’Afrique à faire bloc avec la France face aux « tentatives de prédation », et à la « rivalité des puissances », plutôt que de magnifier « un modèle que des Français et des Africains, après le manifeste du général De Gaulle, ont défendu ensemble depuis Brazzaville il y a 80 ans », Le Drian ferait mieux de regarder la situation désastreuse générée par ce modèle et d’appeler à le repenser entièrement ; mais ce n’est malheureusement pas dans sa perspective. Le Drian, apôtre du néo-colonialisme, reprend ainsi  le message gaulliste de l’exclusivité des relations entre le colonisateur et le colonisé : donnez nous accès préférentiel à vos ressources et on vous vendra nos produits.

Face à ce retour du refoulé colonial et son corollaire le soutien aux dictateurs, il n’existe d’autre possibilité que celle d’une résistance africaine, déjà à l’œuvre dans certains pays d’Afrique francophone. L’initiative « gilets oranges » de Pulchérie Gbalet, dont nous demandons la libération immédiate, était de ce point de vue remarquable et des mouvements populaires de protestation citoyenne comme celui-là sont nécessaires malgré la répression pour lutter contre des régimes à bout de souffle.

Pierre Boutry

Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

 

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