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La Côte d’Ivoire Nouvelle ne sera pas une monarchie Ouattara

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Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche
Paris, le 25 octobre 2016

Alassane Dramane Ouattara a annoncé le 7 juin une nouvelle Constitution et une troisième République pour la Côte d’Ivoire dans une démarche précipitée et une exclusion totale du peuple. Le Comité de dix experts constitué dès le 31 mai ne peut en effet se substituer soit à une Commission de révision constitutionnelle soit à une constituante. Il sera en fait chargé d’avaliser les volontés de Ouattara. Le projet a été présenté ensuite aux députés qui ont eu à peine une semaine pour se prononcer ; ceux qui ont eu le courage de dire qu’ils ne votaient non ayant vu leur salaire bloqué. Un référendum est prévu pour le 30 octobre sans qu’un quelconque débat ait pu s’instaurer. Mais il est vrai qu’il sera « sécurisé » par 24OOO soldats déployés sur le territoire !

Que cache donc ce passage en force ?

Le fameux article 35 qui exigeait de tout candidat à la Présidence d’avoir « un père et une mère ivoirienne » (la même formule vaut au Burkina Faso) se transforme en article 85 avec un simple changement de conjonction : « de père ou de mère ivoirienne » ; l’élection récente de Ouattara est en elle-même la démonstration que cet article peut être détourné de son sens et que l’évolution de sa rédaction n’est là que pour reprendre la formulation de Marcoussis et laisser en l’état la fausse question de l’ivoirité.

La création d’un poste de Vice-Président, dont les mesures transitoires prévoient qu’il soit désigné par Ouattara, se superposera inutilement au poste de premier ministre et ne vise qu’à plaire à Bédié dans un premier temps et à préparer un dauphin dans un second. Quant à la suppression de la limite d’âge actuellement établie à 75 ans pour briguer un mandat présidentiel, elle permettra à Ouattara (74 ans) avec son successeur désigné, de se représenter à un premier mandat dans une Troisième République toute neuve ! Faut-il ici rappeler que la dévolution monarchique du pouvoir est incompatible avec la démocratie ?

Le projet de nouvelle Constitution prévoit la création, forcément budgétivore, d’un Sénat alors que toutes les institutions actuelles de la Côte d’Ivoire manquent de moyens ; qui plus est ce Sénat verrait un tiers de ses membres nommés par Ouattara lui-même, certainement pour récompenser de vieux caciques mais surtout pour instrumentaliser l’institution à son profit. La constitutionnalisation prévue dans le projet de la Chambre nationale des rois et chefs traditionnels serait pourtant bien suffisante pour garantir la stabilité d’un troisième pilier de représentativité.

Notons aussi que la Commission Electorale Indépendante, acquis majeur de la Constitution du premier août 2000, passe à la trappe et devient une simple administration, certainement pour faciliter le truquage des futures élections.

Mais il y a encore plus grave : la question foncière. La terre appartient actuellement à des communautés mais le projet de Constitution conduirait à en transférer la propriété à l’Etat ce qui n’est pas un drame en soi, sauf que ceci répond à une intention malsaine de vendre ces terres à des multinationales après les avoir vidées de leurs populations traditionnelles lors des événements dramatiques post électoraux de 2010 pour y installer des étrangers africains essentiellement burkinabés. Les ivoiriens deviendraient ainsi des étrangers chez eux ! ADO réussirait alors à transcrire dans la Constitution les principes de sa Charte du nord ce qui est inacceptable !

Pendant ce temps, le peuple ivoirien souffre de la vie chère, des déguerpissements, du sous-emploi chronique conséquence d’un développement exo-centré, des insuffisances sanitaires, des violences en milieu estudiantin, de la récurrence des affrontements intercommunautaires, d’une justice aux ordres, des spoliations et expropriations, de l’exil des opposants dont très peu sont autorisés à revenir dans leur propre pays. Là sont les vrais problèmes de la Côte d’Ivoire !

La misère est violente dit le zouglouman Soum Bill !

La Commission Afrique du Parti de gauche dénonce la brutalisation institutionnelle antidémocratique à l’œuvre pour imposer ce projet et la répression des manifestations du Front du Refus de l’humiliation du peuple.

La Commission Afrique du Parti de gauche dénonce la volonté de Ouattara et de son clan de piller et de patrimonialiser l’économie ivoirienne afin d’assurer la mainmise de son clan après son départ, le tout avec l’approbation tacite de Hollande.

La Commission Afrique du Parti de gauche soutient la résistance du peuple ivoirien qui se met en place contre ce projet de nouvelle Constitution qui n’a pour effet que d’éloigner toute perspective de réconciliation nationale et pour seul objectif de perpétuer le pouvoir monarchique des Ouattara.
Pierre Boutry

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