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L’EXPRESSION « CRISE ANGLOPHONE » EST LE CACHE-SEXE DE LA CONTESTATION DE LA FORME DE L’ETAT DU CAMEROUN

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Jean de Dieu Momo Fo’o Dzakeutonpoug                    Douala le 30 Octobre 2017

C’est une habitude récurrente que nous avons héritée de la colonisation de dissimuler les maux de notre société dans des mots creux et trompeurs. Sans doute devons-nous pour une fois regarder la vérité en face et interroger la réalité de ce que nous dissimulons derrière l’expression la crise anglophone pour exposer que la réalité est la contestation populaire, et ce depuis longtemps, de la façon dont les affaires publiques sont conduites dans notre pays. Le favoritisme qui fait qu’on ne recrute que les gens d’une même région ou de sa famille, l’enrichissement illicite qui finalement apparaît comme le sport quotidien de ceux qui nous gouverne, l’usage abusif de la force publique pour braquer les populations sans défense et rendues en esclavage, ce qui fait dire à Achille Mbembe qu’au sommet de l’Etat les gouvernants vivent des détournements de deniers publics, de façon habituelle, extravagante et impunis, tandis qu’au bas de l’échelle, les petits fonctionnaires vivent sur l’habitant, c’est-à-dire que plus bas, le peuple est victime du braquage administratif chaque fois qu’il s’adresse à une administration pour un service. Tout est payant dans notre service public et cela est encouragé depuis le sommet de l’Etat, où patiemment les décideurs construisent un tel système de gouvernement de la jungle dans lequel les uns se nourrissent de la chair des autres.
Ce qu’on nomme crise Anglophone est-il différent des émeutes de la faim de février 2008 dans la partie francophone? Je crois qu’il s’agit de la même colère du peuple exprimée ici et là-bas pour désapprouver la colonisation interne pratiquée au sommet de l’Etat par les dirigeants. Continuer à poser le problème sous l’angle de la crise anglophone me semble réducteur, une façon pudique et honteuse de voiler la réalité : Ce qui se passe dans la zone anglophone, disons-le clairement, est la contestation de la forme actuelle de l’Etat.
La forme actuelle de l’Etat est le présidentialisme centralisée. Tout est centralisé entre les mains d’une seule personne, le chef de l’Etat qui apparaît finalement comme un monarque de droit divin, n’ayant de compte à rendre à aucun mortel, sinon, disons-le, à la France.
En m’inspirant du livre de la sommité internationale de science politique Bertrand Badie, L’Etat importé et du livre de l’autre sommité africaine en la même matière, le Professeur Agrégé de science politique Luc Sindjoun, L’Etat ailleurs, je voudrais m’exercer dans une étude explicative et compréhensive du problème dit anglophone et proposer un squelette des institutions politiques africaines au regard des formes de gouvernance importée.
Une socio histoire de notre continent en général et de notre pays en particulier montre que l’Afrique, avant son partage aux Etats occidentaux colonialistes à la conférence de Berlin était composée d’un ensemble de petits Etats dont la taille géographique de la plupart dépasse certains Etats Européens comme la Belgique et que les colonisateurs ont nommé péjorativement «  village » et appelés nos Rois et Monarques « Roitelets ou Chefs traditionnels ». Et pourtant ces Etats étaient indépendants et autonomes les uns les autres, ils avaient une administration organisée autour soit du Fo’o ou Fon soit du Sultan, soit du Nongui ou du Morho-naba. Cette administration hiérarchisée fonctionnaient parfaitement et disposait des institutions comme la justice, (mon grand-père était juge à la cour royale), une armée également hiérarchisée (le Mezong), la police (Ntsouk), qui avait la particularité de porter les cagoules lors de ses opérations d’exécution d’une décision de justice, les organisations de la société civile etc. Qui dit organisation dit oligarchie selon Roberto Michels développant sa théorie de la loi d’Airain de l’oligarchie et de fait la société était hiérarchisée et stratifiée en clan et sociétés secrètes. Les échanges commerciaux se faisaient entre les peuples à travers le troc ou la monnaie Cauris. Les différends entre ces Etats conduisaient parfois à des guerres lorsqu’ils n’étaient pas résolus par voie pacifique et diplomatique. L’Afrique a ainsi vécu des millénaires d’années jusqu’à l’arrivée de l’esclavage qui a décimé sa population.
Sous les encouragements des auteurs français s’adressant à l’Assemblée Nationale comme Jules Ferry, Lamartine, Alexis de Tocqueville ou Victor Hugo qui leur demande de s’emparer de l’Afrique, cette vaste terre immobile qui entrave la marche de l’histoire, d’y déposer leur surplus de chercheurs d’emplois et de faire de leurs «  prolétaires des propriétaires ». Et à la suite des rapports des Explorateurs aventuriers comme Livingstone, Stanley, Savorgnan de Brazza, les pays occidentaux commencèrent à s’installer en Afrique et à y construire des comptoirs coloniaux. Pour éviter aux Etats de se faire la guerre entre conquérants de l’Afrique, Bismarck les invita au congrès de Berlin de 1884-1885 pour se partager l’Afrique. C’est ainsi que chacun délimita sa portion du gâteau africain. Le Kamerun ainsi que nommèrent les Allemands cette partie que nous habitons, nom issue du portugais qui avait vu plus tôt de nombreux crevettes dans le Wouri et surnomma ce fleuve Rio Dos Camaroes, les Allemands nommèrent ainsi leur partie du territoire du nom de « Kamerun ».
Ayant perdu la première guerre mondiale, leurs possessions africaines furent confisquées par la Société des Nations et donnée à l’administration française et anglaise. Ainsi, sous ces deux puissances alliées, le Kamerun devint Cameroun oriental pour les français et Cameroon Occidental pour les anglais.
Deux systèmes de gouvernement y furent importés : Le système anglais avec l’indirect rule et le parlementarisme avec un premier ministre et pas de Président de la République. Le système français, centralisé, avec un pouvoir central fort, un présidentialisme fort, celui du Général Charles de Gaulle, vainqueur de la deuxième guerre mondiale.
Les anglais rattachèrent leur quotte part du pays au Nigeria et l’administrèrent avec le Nigeria comme leur propre pays. Il n’y avait pas de président de la République mais un premier ministre. Sa gracieuse Majesté La Reine étant en Angleterre. L’argent qui avait cours dans cette partie du pays était le shilling, le système scolaire était celui des anglais, le système juridique était et reste le common law. Les étudiants brillants furent formés au Nigeria dans le système scolaire anglais. Ainsi en sera-t-il des leaders du Southern Cameroon Endeley, John Ngu Foncha, Tadeng Muna, et leurs progénitures etc.
Les français quant à eux nommèrent un Haut-commissaire et une administration dans le Cameroun français avec des chefs de Subdivision, une institution judiciaire avec les lois de la quatrième République dont le code d’instruction criminelle en vigueur au Cameroun jusqu’en 2007 et qui est en fait l’Ordonnance française répressive du 18 février 1838. On peut voir ces lois, dont la France elle-même n’appliquait plus certaines, dans le Bouvenet, du nom du Greffier français qui les assembla dans quatre tomes. Les écoles furent ouvertes et utilisaient le système scolaire français. Les leaders camerounais, André Marie Mbida, Amadou Ahidjo, Charles Assalé, Charles Okala. Daniel Kemajou, Nya Thadee, Djoumessi Mathias et les autres fils du Cameroun, formés dans le système français, complètement diffèrent du système anglais.
La deuxième guerre mondiale éclata alors que la France et l’Angleterre administraient le Cameroun, chacun de son côté comme déjà dit supra. Le général de Gaule rejeta la capitulation et alla chercher du secours en Grande Bretagne où il sollicita l’aide du Premier Ministre Winston Churchill. Rassuré par le soutien anglais, il va lancer le fameux appel du 18 juin aux français dans lequel il leur dit notamment que « la France a perdu une bataille mais elle n’a pas perdu la guerre ». Il s’en alla au Sénégal pour tenter de constituer une armée de noirs africains, mais il ignorait que les français qui occupaient le Sénégal obéissaient aux ordres du Marechal Pétain, lequel avait capitulé et accepté de collaborer avec les Allemands. Aussi l’accueil du Général au Sénégal ne fut pas celui qu’il avait escompté. De fait son bateau reçu le feu des canons et il fut pourchassé par les français demeurés fidèles au Marechal Pétain. Il continua néanmoins courageusement sa quête en direction du Cameroun où il fut accueilli par le Colonel LECLERC qui, répondant à son appel, avait regroupé un certain nombre de jeunes noirs robustes, solides et « volontaires », prêts à aller faire la guerre en France pour libérer la mère patrie.
Ces Africains aidèrent la France à gagner la guerre pendant laquelle le Général de Gaulle avait établi la capitale de la France libre au Congo Brazzaville, ville à partir de laquelle il signa en janvier – février 1944 les premières Ordonnances autorisant les syndicats des travailleurs à exercer. C’est à partir de cette capitale de la France libre que le Général promis l’autodétermination aux Etats africains après la guerre.
Mais après celle-ci, la France entreprit, après la conférence de Brazzaville dans laquelle les Etas africains avaient été piégés par les mots (leurs mots dissimulent nos maux), de donner une indépendance sous tutelle à ces Etats. Pour bien montrer qu’il s’agissait d’une injonction et non d’un choix effectif, elle ne ménagea aucun effort pour combattre et embêter de toutes les façons la Guinée dont le président Sékou Touré lui avait dit NON.
Aux Etats dociles qui avaient accepté l’indépendance sous tutelle, le Cameroun, la Côte d’ivoire, le Sénégal entre autre, la France transposa ses institutions. A la présidence de ces Républiques souvent qualifiées de bananières, elle prit le soin de mettre des personnes qui pourraient lui obéir sans discuter. C’est ainsi qu’au Cameroun elle écarta depuis 1958 André Marie Mbida qui avait eu l’outrecuidance de critiquer l’apartheid qui s’installait au Cameroun où il y avait des boulangeries interdits aux noirs et aux chiens ! Elle écarta en le tuant carrément, le Secrétaire Général du parti de la gauche camerounaise, un parti de masse, UM NYOBE de l’UPC qui fut interdit d’exercice par Mesmer, ses leaders furent pourchassés et massacrés. La gauche camerounaise fut victime d’une véritable répression qui se poursuit encore de nos jours, ses leaders victimes d’une chasse à l’homme durent s’exiler. Il n’empêche qu’ils furent pourchassés jusque dans leur exil. La France installa au pouvoir au Cameroun le Président Ahmadou Ahidjo.
L’institution de la présidence de la République fut copiée sur celle de la France mais avec cette particularité que la constitution du Cameroun indépendant était celle de la quatrième République et non celle de la cinquième République comme il nous a été enseigné à l’université. La France a voulu conféré au jeune Etat et à son président des pouvoirs forts, soit disant pour mater la rébellion à laquelle il faisait face mais en réalité il y avait un véritable calcul politique dans le choix des constitutions africaines.
En dotant le Cameroun de la constitution de la quatrième République, la France désirait mettre entre les mains d’un seul homme les pouvoirs monarchiques. La centralisation des pleins pouvoirs entre les mains du président camerounais favorisera ainsi la prédation de son pays. De sa seule signature, le président peut engager le Cameroun, sans avoir besoin que le parlement ou l’assemblée nationale ratifie. Il peut de sa seule initiative donner le port à un seul individu comme Bolloré, on l’a vu en côte d’ivoire avec le président Laurent GBAGBO qui voulait entrer dans les bonnes grâces de la France et plus proche de nous lors d’un diner nocturne. Le système centralisé permet la prédation des pays africains à la fois par la tutelle et par leurs représentants locaux qui réduisent leurs peuples démunis en esclavage, il permet aux puissances prédatrices de tenir en otage le président de la république qui peut être changé à tout moment s’il désobéit, pour être remplacé par un candidat plus obéissant. C’est d’ailleurs pourquoi les candidats africains et camerounais en particulier battent plus campagne en France qu’au pays. D’ailleurs certains candidats présidents ne vont même pas en campagne comme les candidats de l’opposition, et pour cause ce n’est pas le peuple qui les élit.
A contrario, le système anglais est le système parlementariste. Ici c’est le parlement qui tient l’essentiel du pouvoir. Ce sont les députés directement, élus du peuple, qui agissent et tiennent le pouvoir dans le pays. Il est plus facile de corrompre ou de faire chanter un seul homme, le président de la République, pour avoir tel avantage que de corrompre, on va dire 280 parlementaires soit 180 députés et 100 sénateurs. C’est pourquoi lorsque dans un système mixte comme celui de l’Afrique du Sud, qui est semi présidentiel semi parlementaire, le Président Jacob Zuma a décidé de quitter la CPI mais le parlement Sud-Africain s’y est opposé et a rejeté la décision de Jacob Zuma., Alors que dans le système présidentialiste fort du Burundi hérité de la colonisation, l’exécutif a pu seul décider de la sortie du Burundi de la CPI.
Les institutions importées ont obéit à la logique politique d’exploitation de l’Afrique et n’ont jamais été dans un but philanthropique comme on l’a laissé croire. La preuve en est que 60 ans après les soit disant indépendances, le Cameroun, ce scandale géologique, ce paradis terrestre peine à nourrir ses 26 millions d’habitants, à les soigner, à leur donner de l’éducation.
Les institutions militaires encadrées par les instructeurs militaires français sont orientées vers la protection de l’exploitation du Cameroun par la tutelle. Les instituions policières aussi sont là pour s’assurer du silence du peuple et de son obéissance totale. Notre armée a été faite pour réprimer toute tentative de rébellion du peuple camerounais rassemblée dans les partis de gauche. En effet Maurice Duverger, dans sa classification des partis politique distingue deux sortes de partis, les partis de Cadre qui sont formés des intellectuels et hauts cadres de la république, les banquiers les élites et des bourgeois. A l’Assemblée nationale française ils siègent à Droite et c’est pourquoi on les appelle en France les partis de la Droite. De l’autre côté, il y a les partis de Masse, les partis de la masse ouvrière, des pauvres qui s’organisent pour faire entendre leurs revendications. Ils sont souvent assis à gauche dans l’assemblée nationale française. Ce sont les partis de l’international socialiste, les partis communistes. Aux Etats unis le parti de Cadre ce sont les Républicains, conservateurs, esclavagistes et négriers. Le parti de Masse est le parti Démocrate, le parti des pauvres et des noirs, le parti d’Obama.
Au Cameroun le Général de Gaule qui est le fondateur de la Françafrique, a installé le parti de la Droite gaullienne et sarkozyenne sous l’appellation de l’UNC, dont les démembrements se déclinent en RDPC, UNDP, UDC, je vous laisse citer les autres que vous reconnaitrez facilement. Ces partis veulent changer Paul Biya par Biya Paul, sans rien toucher au système et surtout en gardant intacte la tutelle, C’est pourquoi ils vont déclarer leur candidature en France pour se faire nommer. Ils ne sont pas au service du peuple comme on l’a vu depuis 60 ans mais à celui de leur tuteur.
Les partis de la gauche comme hier, et hier c’est aujourd’hui, veulent toujours la réunification et l’indépendance. Le peuple camerounais a perdu une bataille en 1960 avec la répression et l’assassinat de ses leaders, mais il n’a pas perdu la guerre. Et c’est pourquoi nos frères anglophones, qui en ont marre de la tutelle qui fait en sorte que leurs Régions ne se développent pas, veulent plus que jamais le fédéralisme, à défaut la sécession. Ils posent le problème simplement, la France et la République du Cameroun exploitent le pétrole qui sort des entrailles de leur territoire depuis 1970 mais ils n’ont aucune infrastructure routière, aucune université, aucune industrie et en plus ils sont colonisés et francophonisés de force. Et pourtant, pendant l’Etat fédéral, ils disposaient de leurs propres Caterpillars pour construire leurs routes, ils disposaient de leurs petits moyens pour construire leurs écoles, leurs dispensaires et depuis qu’on a mis tout en commun, ils ne bénéficient plus de rien.
Ces institutions importées, et j’oublie les écoles qui les forme comme l’ENAM, l’EMIA, n’ont pour principal objectif que d’être le substitut du colon. Ceux qui en sortent disent qu’ils ont remplacé le blanc mais ce n’est pas vrai, ils l’ont substitué pour mieux le servir. Ils ont tous été pris au même piège que les Etats africains en 1960. Certains se sont encanaillés et se complaisent dans la posture du prédateur de leur propre peuples, d’autres heureusement se débattent pour se libérer de l’étreinte françafricaine, tel le cas de Mamadou TAMDJA au Niger qui pour avoir revendiqué que la France augmente le prix de l’uranium qu’elle lui « achète », a été débarqué et mis en prison. Tel le cas de Thomas Sankara qui osé contester la dette et qui a payé de sa vie etc.
Toutes ces institutions occidentales ont remplacées les institutions « traditionnelles » africaines qui pourtant ont fonctionné pendant des milliers d’années et régulé nos sociétés avec plus ou moins de bonheur.
Dans la recherche de solution pour le problème anglophone qui en vérité est le problème de tout le peuple camerounais et plus précisément le problème qui devrait préoccuper les partis de la gauche camerounaise, j’ai proposé la constitution d’un Etat fédéral et parlementaire avec 58 Etats fédérés, Chaque Département devant constituer un Etat fédéré. Cela a fait sourire. Mais cela m’a rappelé la condamnation à vie du savant Italien Galileo Galilei lorsqu’il avançait une hérésie comme quoi la terre tourne sur elle-même. Il dut renoncer à ses convictions scientifiques pour que sa peine soit commuée en assignation à résidence. Et pourtant elle tourne.
Je persiste donc et signe que si l’objectif visé est bien le développement harmonieux et équilibré du Cameroun en vue de son émergence rapide, nous devrons sérieusement mettre en laboratoire cette proposition qui a l’avantage d’évacuer le tribalisme, le népotisme et le clientélisme. La superficie géographique de chacun de nos actuels Départements dépasse l’Etat du Lesotho et beaucoup, comme le Noun ou le Mbam, dépasse en superficie la Belgique. L’Allemagne est un Etat fédéral avec 16 Etats fédérés et pourtant sa superficie est plus petite que le Cameroun.
Si cette solution n’agrée pas, il reste celle d’un Etat fédéral ayant 4 Etats fédérés selon les quatre aires culturelles de notre pays, l’ouest et le Nord-Ouest, le Littoral et le Sud-ouest, le grand Nord et le grand Est. Chacune de ces aires a en partage la même culture. Toutes les parties du Cameroun disposent chacune de sa spécificité et de ses richesses. A l’Ouest l’agriculture, la Bauxite, le calcaire, le fer et la Houille, au Littoral le pétrole, le fer, le calcaire, l’agriculture, la pêche, l’eau, le sable qui est une perle rare ailleurs et que les bateaux sous-marins viennent nous voler nuitamment, le grand Nord avec l’uranium et d’autres minerais, l’agriculture etc, le grand Est avec l’Or, le diamant, le fer, le bois et sa forêt poumon d’Afrique.
Mais je ne suis pas séduit par ce découpage auquel je préfère le découpage de 58 Etats qui permet le développement rapide du Cameroun tout en évitant sa prédation externe et interne et qui reflète les milliers d’Etats qui constituaient l’Afrique avant le partage au Congrès de Berlin. Il est clair que la centralisation organise le grenier de réserves pour les pays occidentaux. Ils ne veulent pas que nous exploitions nos ressources du sous-sol pour notre développement maintenant, se les réservant ultérieurement pour eux, comme leur grenier a provision.
Pour la mise en œuvre du système parlementaire que je préconise, je propose la revalorisation de nos Royaumes ou chefferies, terme péjoratif que leur ont donné les colonisateurs. Ils ont tous gardé leurs Rois et leurs Reines. Ainsi en est-il de la principauté de Monaco, des Royaumes d’Espagne, de Belgique, des Pays Bas etc. La revalorisation de nos Rois est importante car l’Afrique obéit à ses traditions ancestrales, j’ai beau être diplômé de science politique et avocat international, je m’incline devant le Chef supérieur Bafou que je considère comme mon Roi, malgré qu’il soit plus jeune que moi et n’a pas mes diplômes. Si nos souverains bénéficient d’une formation appropriée en politique, en économie et en diplomatie comme les leurs avaient des précepteurs, ils pourraient jouer un rôle diplomatique important dans la conquête du marché mondial. Lorsque j’ai organisé le jumelage entre la ville d’Halluin en France et la ville de Nkongzem dans Nkong-ni, je m’étais fait accompagner par les deux chefs Bafou et Baleveng et j’ai bien remarqué qu’ils ont suscité l’intérêt de nos partenaires. Et le folklore qui a entouré leur présence, avec les compatriotes venus de toute la France assister à l’évènement dans leurs habits d’apparat, a durablement marqué les esprits ainsi que la ville hôte. J’imagine le même engouement avec nos sultans du Nord et nos Nomgui du Sud et de l’Est. Si nos souverains, qui étaient les véritables chefs d’Etats ayant signé avec les colonisateurs le traité germano-Douala, si leur rayonnement était rétabli, cela nous apportera une plus-value dans la conquête de notre souveraineté internationale et notre développement. Les questions de politiques intérieures et d’économie seront du ressort du premier ministre, chef du gouvernement. Exit donc le président de la République et le présidentialisme.
Il est évident pour moi que les hypocrites qui s’accrochent à la décentralisation veulent garder leurs privilèges au détriment du développement de notre pays, car si cette décentralisation n’a pas été mise en œuvre depuis la conférence tripartite de 1991, soit depuis 26 ans, c’est parce que la centralisation nourrie bien son homme vautour. Or précisément le droit constitutionnel enseigne que le fédéralisme est la forme le plus achevée de la décentralisation. Alors pourquoi demander moins quand on peut obtenir plus pour le même prix ? Il est hors de question de revenir parler de la décentralisation 26 ans après car ils ont voulu ruser avec le peuple souverain. Voyant venir la fin de leurs privilèges exorbitants avec la mise en place du fédéralisme, certains s’évertuent aujourd’hui à faire la promotion de la décentralisation qu’ils ont confisquée depuis 26 ans. Pourquoi ? Parce que la Centralisation fonctionne comme l’institution du Délégué du Gouvernement aujourd’hui.
En effet, prétextant que les élus du peuple sont analphabètes et inaptes à gouverner, et donc à bien gérer les finances publiques, on a mis à la tête des Communes d’Arrondissement un Délégué du Gouvernement qui gère tout l’argent et dispose de tous les pouvoirs, de sorte que les élus du peuple n’ont aucun moyen ou peu de moyens pour développer leurs Arrondissements. Pratiquement, l’argent vient de Yaoundé et reste dans les caisses de la communauté urbaine qui le gère pour faire des réalisations dans les Arrondissements. Ainsi si une route se détériore dans un Arrondissement, il faut attendre le Délégué du Gouvernement. Si un Maire demande le Caterpillar pour niveler sa route, on lui dit que ce Caterpillar travaille dans un autre Arrondissement et qu’il faut attendre. Et quand les Maires demandent au Délégué du Gouvernement de leur remettre à chaque Mairie sa dotation pour faire ses travaux, ils essuient un refus. N’est-ce pas le même problème que les anglophones dénoncent ? Si chaque Arrondissement avait sa petite cagnotte, si chaque Etat fédéré avait la liberté de disposer de son petit budget, il s’emploierait à mieux satisfaire sa population et partant ses électeurs qui peuvent le sanctionner dans l’isoloir. Or est-ce que l’électeur peut sanctionner un Délégué du Gouvernement nommé par le président de la République ? Est-ce que l’électeur camerounais peut sanctionner véritablement dans l’isoloir un président de la République installé par la France ? Non. Dont acte. Il est clair que les gens qui nous gouvernent sont illégitimes et partant ont nommé dans l’administration importée des personnes tout aussi illégitimes qui ne doivent rien au peuple mais à leur créature. Ils ne peuvent en conséquence se sentir astreint à œuvrer pour notre développement. Ce n’est pas le cas de nos chefs traditionnels qui mobilisent au quotidien leurs populations dans des actions des comités locaux de développement et que nous devons réhabiliter par ce qu’ils sont plus soucieux du développement de leur terroir. De notre pays.
Le conflit actuel est la reprise dans la continuité des hostilités engagées depuis 1960 et notre peuple, malgré la répression idéologique et la répression armée de ses leaders assassinés et martyrisés, prend fait et cause pour le problème anglophone pour en faire sien car c’est un problème de gouvernance général de notre pays, qu’il s’appelle République d’AMBAZONIE, en relation avec la Baie d’Ambas que les Dualla chantent et dansent Ambassibay avec Salle John ou Koti François, ou Cameroun (Kamerun) comme les crevettes de Camaroes. D’ailleurs la répression omniprésente fait que beaucoup ont du mal à quitter un nom donné par les colons. C’est ici que chacun doit choisir et prendre position entre la continuité sous la tutelle françafricaine et la rupture des liens coquins mais néanmoins dans la coopération gagnant-gagnant qui respecte notre souveraineté internationale. C’est ici que chacun, maintenant éclairé, doit choisir son parti politique, entre la gauche patriotique et indépendantiste et la droite prédatrice et françafricaine. Mais il ne faut pas perdre espoir, bien au contraire il faut sauver les présidents illégitimes malgré eux et les libérer des engagements occultes avec la tutelle. C’est le devoir de tout peuple opprimé de se battre pour sortir de la répression. La prise de la Bastille est un devoir impérieux du peuple et de son armée. Vaincre ou périr tel est son destin. Les Blancs se sont partagés l’Afrique depuis 1884 seulement, cela ne fait que 133 ans contre plusieurs millénaires d’existence du berceau de l’humanité avec nos Rois.

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