Déclaration du Parti SADI
Le Parti SADI s’incline tout d’abord devant la mémoire des victimes militaires et civiles dont notre peuple continue encore de porter le deuil, et présente ses condoléances les plus attristées à leurs familles éplorées, à notre armée nationale et à toute la Nation entière.
Ce drame que nous vivons illustre bien que c’est l’impasse politique dans laquelle se trouve notre pays depuis le lancement du « Dialogue National Inclusif », fruit de l’accord politique signé entre le gouvernement du Mali et une partie de l’opposition politique et de la société civile qui tirent leur légitimité des contestations populaires du 5 avril 2019 qui continue d’alimenter la crise sécuritaire dans laquelle notre armée nationale paye un tribut de plus en plus lourd, au point d’effaroucher les familles de plus en plus nombreuses de militaires.
Cette situation ne peut plus durer sans conséquences plus dramatiques encore pour notre peuple et pour les peuples de la sous-région.
En lançant le DNI avec comme objectif politique de rassembler les forces vives de la Nation pour créer les conditions politiques et sociales nécessaires pour tenir un référendum sur la réforme de la Constitution pour la conformer à « l’Accord d’Alger » et à l’accord de défense signé entre les autorités maliennes et françaises, le Président IBK a créé de lui-même, la source de l’impasse politique que vit notre peuple aujourd’hui.
En effet, malgré la formation d’un gouvernement de coalition avec une partie de l’opposition, le déroulement actuel du DNI n’a pas pu jusqu’ici, réduire le camp des forces opposées à cette révision, au point que le Président IBK s’en est rendu compte de lui-même, pour accepter l’idée d’une « retouche de certaines dispositions de l’Accord d’Alger », suivie du rejet strict de « toute retouche de ce cet « Accord », et des pressions accrues de la France pour le « respect strict des termes » de celui-ci.
Le Président IBK n’a pas jusqu’ici franchi le seuil des « bonnes intentions », pour prendre l’initiative d’amender les « termes de référence du DNI », dans le sens de sa proposition, pour mettre fin à l’impasse politique qui plombe dangereusement la vie de notre peuple.
Cette situation fragilise davantage le pouvoir central à Bamako face aux parties bénéficiaires et signataires de l’Accord d’Alger et aux pressions de la France, qui use et abuse de ses positions au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies pour gagner ses membres à ses vues.
Cette position de fermeté de la France pour les réformes constitutionnelles en vue de l’application stricte de « l’Accord d’Alger » et de l’accord de défense, est confortée par les positions stratégiques qu’elle occupe dans les organes dirigeants de la MINUSMA, et au sein de l’Etat – Major des Forces Armées Maliennes.
En effet, un Français, Brigadier général est le chef d‘État-major des forces de la MINUSMA. Le chef du bureau de la MINUSMA à Kidal est un Français. Le Directeur général adjoint de la police de la MINUSMA est un Français. Le Conseiller principal de la sécurité de la MINUSMA est un Français. Le premier responsable de la MINUSMA au Mali, le tchadien Annadif, est de nationalité française.
En plus de tout cela, c’est un officier français qui est nommé par IBK, Conseiller à l’État-major général des FAMA, là où tous les plans d’opération des Famas contre les forces dites rebelles, terroristes et djihadistes sont montés confidentiellement !
Ainsi, le rôle prioritaire que s’est assigné la France, c’est de faire jouer à la MINUSMA sa stricte mission d’interposition entre l’Armée Malienne et les forces armées de la CMA, pour faire appliquer strictement « l’Accord d’Alger » qui n’est qu’un « compromis entre les intérêts économiques et stratégiques de celle-ci dans le Nord Mali, et les intérêts sécuritaires de l’Algérie dans ses frontières avec le Mali », que le gouvernement d’IBK fut obligé d’entériner pour sa survie au pouvoir.
Rien donc d’étonnant d’assister, la mort dans l’âme, à la paralysie de notre Armée nationale mise ainsi dans des conditions de sous-équipement, et livrée aux assauts de groupes terroristes.
C’est cette situation qui a fait monter, au sein du peuple, une rancune et une hostilité de plus en plus grandes envers la MINUSMA, qui est forte de plus de 12000 éléments, et envers BARKHANE, forte de 4500 éléments face aux massacres des soldats dans leurs camps, et des populations dans leur vie quotidienne, perpétrés régulièrement par environ 3000 terroristes !
D’où les manifestations récurrentes de populations de plus en plus nombreuses pour exiger le départ de la MINUSMA et de BARKHANE, qui sont considérées comme des forces étrangères incapables d’assurer leur sécurité.
Les positions stratégiques occupées par la France dans les organes de direction de la MINUSMA, fait de celle-ci, une force soumise, au plan opérationnel aux intérêts de la France, alors que celle qu’elle occupe à l’Etat –Major des Famas, lui permet, au plan opérationnel, de veiller sur ses intérêts.
Donc, ce que l’on devrait mettre ici en cause dans l’aggravation de la crise sécuritaire, c’est bien les positions stratégiques que la France détient dans le commandement de la MINUSMA et dans celui des Famas.
La France n’a pu occuper ces positions stratégiques qu’avec la caution du Président IBK ! Cette soumission d’IBK à la France tire en partie ses origines de l’accord de défense signé entre le gouvernement du Mali et celui de la France et voté par les députés des partis présents à l’assemblée nationale excepté ceux du parti SADI. Il a également bénéficié du silence des partis extra parlementaires et de la société civile.
Le Président Ibrahim Boubacar Keita est donc, autant pour l’impasse politique que pour l’aggravation de l’insécurité dans notre pays, le principal, et l’unique responsable.
Il est le seul qui peut, par des décisions hardies, amender les termes de référence du DNI pour le rendre réellement inclusif. Il peut également révoquer le Conseiller Français de l’Etat-Major des Famas, et s’investir à changer le contenu du mandat de la MINUSMA.
Si le Président IBK prenait de telles initiatives, il devrait être soutenu par toutes les forces vives de la Nation, pour créer les conditions d’une Unité Nationale autour des Famas reconstituées au service exclusif du peuple, afin de les mettre en condition d’assumer leur fonction régalienne de défense de l’intégrité de notre territoire national et de la sécurité de nos concitoyens sur l’ensemble du pays.
Pour ce faire, notre Nation réconciliée avec elle-même, devrait pouvoir mobiliser l’ensemble de ses ressources internes tel que prévu par l’Article 6 de notre Constitution de 1992, et recourir à la coopération internationale, y compris avec la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, la Corée du Nord pour doter nos Famas d’un équipement de défense aérienne, de blindés et autres équipements nécessaires à son efficacité opérationnelle, pour rétablir, avec l’appui d’une MINUSMA libérée du contrôle de la France, la sécurité sur toute l’étendue de notre territoire national.
Notre pays a besoin de ce sursaut patriotique !!
La France, en appelant à des « Forces spéciales européennes », cherche à diluer ses responsabilités dans l’éclatement de la crise au Nord Mali, et son extension, via le terrorisme djihadiste, au centre du Pays, tout en donnant l’impression au monde, de l’incapacité de nos Famas à réussir leur mission régalienne de défense de notre territoire national, et de la sécurité de nos citoyens.
Depuis Six ans qu’elle occupe les fonctions de direction stratégique dans la MINUSMA et au sein de l’Etat-Major des Famas sur la base du fameux Accord de Défense, la France n’est parvenue ni à aider les Famas à assumer leur fonction régalienne, ni à protéger les populations civiles des régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti et Ségou…
Pour éviter à notre peuple de sombrer dans la violence et d’y entraîner les peuples voisins de la sous-région, les maliens doivent se mobiliser pour amener Ibrahim Boubacar Keita à « agir » dans les plus brefs délais ou à rendre le tablier !!!
Maintenant, tous ensemble, disons au Président IBK, « ça suffit » !
1) Du retour de la paix et de la sécurité par l’établissement du dialogue sur la base de la confiance entre citoyens impliqués dans les mouvements de rébellion, les milices et les forces politiques engagées dans le combat pacifique démocratique et populaire pour dépasser tous les accords y compris celui d’Alger par l’entente grâce à la confiance retrouvée entre maliens. Etablir sur cette base un nouveau type d’Etat Indépendant, Souverain qui se préoccupe des problèmes des populations laborieuses.
2) De l’établissement d’un système de défense qui règle les questions du type d’armée et de forces de sécurité engagées dans la protection des citoyens et de la défense de l’intégrité territoriale.
3) De mettre fin aux ingérences étrangères et à la présence des forces armées étrangères.
4) De trancher définitivement le problème du fichier électoral, permettre l’accès de tous les citoyens aux documents administratifs et d’arrêter la distribution de l’argent lors des élections, d’exiger l’impartialité de l’administration dans les processus électoraux.
5) De connaitre l’audit économique et financier du pays avec une attention particulière sur les fonds alloués au Mali par les ressources externes et internes pour la paix ; du pacte national aux aides actuelles entre autres…
6) Du respect des domaines publics, établissements et services pour lesquels justice doit être rendue au peuple.
Bamako, le 18 novembre 2019
Le Bureau Politique