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MALI : les peuples africains disent non à la convocation de Macron

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Le Parti de Gauche salue la création d’un large  Mouvement Démocratique et Populaire (MDP) regroupant de très nombreuses associations de la société civile et le parti SADI.

Ceci ouvre une nouvelle perspective dans la lutte contre un pouvoir corrompu et aux ordres et permettra une prise de conscience encore plus large des manipulations dont le peuple est victime. Cet éveil des consciences est en marche avec le non à la convocation colonialiste de Macron. La voie de la résistance et de la conquête de la souveraineté est ouverte !

Nous publions ci-après le texte de la conférence de presse du SADI et la déclaration du MDP.

Pierre Boutry

CONFERENCE DE PRESSE du parti SADI  : REPONSE A MACRON
Lieu : Siège National du Parti SADI
Djélibougou / Bamako
9 décembre 2019

Le Parti SADI dénonce les propos irrespectueux et offensants du Président Emmanuel Macron aux Chefs d’Etats des pays du G5 et de toutes les populations.

Lors du sommet de l’OTAN tenu à Londres les 3 et 4 décembre 2019, les peuples de la région du Sahel qui subissent durement les affres du terrorisme, ont suivi avec une profonde indignation, les déclarations du Président français Emmanuel Macron qui, dans un ton outrancier, discourtois et condescendant, s’est adressé aux Chefs d’Etat des pays du G5 Sahel qu’il a convoqués illico-presto en France le 16 décembre, afin de reclarifier le cadre et les conditions politiques de l’intervention française dans les pays du Sahel.

Cette colère immense qui s’exprime partout dans les pays du Sahel est suscitée par une série d’actes insupportables et inacceptables perpétrés à répétition par les autorités françaises qui ont engagé et conduit depuis plusieurs années, un processus de déstabilisation de la région (Algérie, Mauritanie, Sénégal, Mali, Niger), dans le but d’occuper les places stratégiques, s’ouvrir des marchés pour le secteur militaro-industriel à travers la vente de matériels et d’équipements militaires, la formation de troupes et faire main basse sur l’économie malienne en s’arrogeant les marchés qui procurent une manne financière à ses entreprises, notamment Total, Bouygues, Bolloré, Orange, ses Banques et leurs filiales, ses entreprises de distribution d’eau et d’électricité.

Au Mali, les actes que la France a posés se sont traduits par :
1. L’imposition et la signature d’un accord de Défense qu’elle a signé avec le Mali à la suite de son intervention militaire forcée, non intégrée aux Forces nationales et internationales et qui lui permet de s’implanter partout dans le pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Les résultats visés à moyen ou long terme sont : l’instauration d’un système fédéral avec possibilité d’autonomie et d‘indépendance pour certaines régions du Nord du pays, l’ethnicisation de l’armée nationale, l’éclatement de l’Etat unitaire du Mali ;
2. L’imposition et le contrôle de la population malienne à travers l’identification et le suivi des déplacements, en particulier via la confection des passeports biométriques, activité que l’Etat malien a été sommé de retirer à une société canadienne au profit d’un fabricant français Oberthur Technologie en violation flagrante de toutes les règles de transparence du Code des marchés publics ;
3. L’exercice de sa tutelle, le pilotage et l’encadrement de la conduite de la vie politique malienne surtout autour des questions fondamentales comme la confection du fichier électoral, tâche confiée à la société Morpho (filiale de SAFRAN), l’établissement des listes électorales, la confection des cartes NINA, le dépouillement informatique des résultats des différents scrutins électoraux ;
4. L’instrumentalisation de la CEDEAO et de l’Union Africaine dont l’ingérence flagrante dans les domaines relevant de la souveraineté nationale du Mali visait à empêcher la résolution de la crise sécuritaire, politique et institutionnelle par le dialogue national et la concertation entre les forces vives de la nation. Leur attitude hautaine, méprisante visait ostensiblement à humilier le Mali par des injonctions, du chantage, des menaces et de la provocation des forces politiques. En effet, que ce soit dans les réunions publiques ou dans les médias, les représentants français et alliés faisaient comprendre, avec délectation, que notre pays est devenu leur possession coloniale conquise par les armes et dont ils peuvent disposer selon leur bon vouloir et leur humeur du jour. Il ne pouvait en être autrement, car, ces organisations régionales et continentales sont contrôlées par les grandes puissances qui leur assurent l’essentiel de leur financement et qui les maintiennent sous leur contrôle afin d’arriver à leurs véritables objectifs ;
5. Le phagocytage de la MINUSMA, le contrôle de sa chaîne de commandement et de tous les organes chargés du suivi et de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger comme le Comité de Suivi de l’Accord, la Commission Technique de Sécurité, la Mission d’Evaluation Conjointe, le Mécanisme Opérationnel de Sécurité.

Devant l’échec cuisant de sa stratégie au Sahel et convaincu que toutes les recettes que la France et la communauté internationale ont prescrites jusqu’ici à notre pays ont toutes échouées, Emmanuel Macron, comme un Amiral qui a brûlé ses vaisseaux, se décharge sur les Chefs d’Etat du G5 Sahel auxquels il intime l’ordre de réprimer les expressions populaires contre cette présence de l’armée française et des armées étrangères au sahel. Par la même occasion, il invente un sentiment anti-français imaginaire entretenu par certains acteurs politiques et sociaux. Or, il s’agit d’une réaction légitime contre une politique néocoloniale qui n’ouvre aucune perspective de paix véritable pour les pays du Sahel.

Parce que les objectifs stratégiques de la France et de la communauté internationale en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel se situent aux antipodes des buts qu’elles proclament. En réalité, la finalité, c’est le contrôle des ressources stratégiques, minières, gazières. Pour y parvenir, elles engagent une déstabilisation politique, institutionnelle et territoriale, la déstructuration sociale des communautés (avec les violences inter et intra-communautaires), le noyautage des groupes armés, leur instrumentalisation dans la destruction méthodique et planifiée de nos Etats-nations pour laisser place nette au capital financier international, aux sociétés transnationales et aux grandes firmes de l’agro-business qui mettront nos économies et nos sociétés en coupe réglée. Et ce ne sont pas les effusions hypocrites d’Emmanuel Macron et de son Chef d’Etat-major des armées, le General Paul Lecointre, qui pourront masquer cette triste réalité !

Le Parti SADI en appelle pour :
– Une évaluation claire et sans complaisance de la présence des armées françaises qui agissent sur le terrain en dehors de tout contrôle politique et de tout cadre de collaboration véritable avec nos armées ;
– Le renforcement de la coopération militaire bilatérale entre le Mali, l’Algérie, le Niger, le Burkina la Mauritanie le Tchad et entre d’autres pays frontaliers comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Guinée ;
– La cessation par les autorités maliennes et françaises de l’instrumentalisation des groupes armés dans les régions de Kidal, Gao, Tombouctou, Mopti et Ségou ;
– L’abrogation de l’accord de défense entre le Mali et la France ;
– Le retrait des conseillers militaires français des organes de décision des FAMA ;
– Le retrait de Barkhane du Mali.
– Sortir la MINUSMA de la tutelle française et redéfinir sa mission ;
– Le rassemblement de toutes les forces sociales politiques, syndicales pour appuyer le MDP, l’étendre à tout le pays et à toutes les couches de classe sociale du pays pour l’instauration d’un dialogue démocratique et souverain.

Le Bureau Politique
Bamako, le 09 décembre 2019.

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Déclaration du MDP

Chers compatriotes,
Non, Monsieur Emmanuel Macron n’a pas reporté sa rencontre au sommet avec les cinq chefs d’états du G5 à cause des tueries des soldats nigériens à Inates le 11 décembre 2019. Depuis quand le président de la république française Emmanuel Macron éprouve de l’émotion pour ces africains du Mali, du Burkina, du Niger du Tchad, qui meurent au front ?!!

Jamais Macron n’a eu de la compassion pour ces soldats africains victimes de la guerre néocolonialiste que nous a servie Nicolas Sarkozy soutenue plus tard par
M. François Hollande au nom de la lutte contre le terrorisme, le Djihadisme !

Monsieur Macron est surtout acculé par l’éveil de conscience des peuples africains qui disent non à la politique française au Mali, au Burkina au Niger et au Tchad.

Monsieur Macron est aussi acculé par les luttes sociales, syndicales du peuple français exploité par une France capitaliste, prédatrice qui l’a fait élire et pour laquelle il se bat continuellement. C’est le lieu de lancer ici notre soutien au peuple français en lutte pour la démocratie le pain et la République foulée aux pieds par Monsieur Macron. C’est également le lieu de manifester notre sympathie pour le peuple français dont une frange importante soutient nos compatriotes humiliés dans les foyers.

Ces français qui dénoncent en permanence l’intervention militaire dans notre pays forcent notre admiration et notre sympathie. Nous les assurons de notre soutien et de notre détermination à continuer le combat pour notre dignité, notre indépendance, notre souveraineté pour la paix et la justice.

Nous présentons nos condoléances aux familles de la centaine de militaires nigériens morts les armes à la main, aux familles des soldat burkinabés et maliens. Le combat que nous menons est malien, sous régional et africain. Et nous nous inspirons du panafricanisme progressiste qui ne s’accommode pas des ingérences militaires et politiques dans notre pays.

C’est dans cette optique que nous, forces politiques et forces sociales progressistes avons lancé le 7 décembre 2019 le Mouvement Démocratique et Populaire (MDP).
Ce Mouvement Démocratique et Populaire se veut être une large coalition des forces patriotiques engagées dans le combat contre les occupations qui nous avilissent. Il se veut être un cadre idéal de convergence de toutes les forces qui se battent pour la restauration, de la paix et de la dignité de notre peuple.

Il s’agit pour le MDP de créer les conditions de la paix irréversible exigeant le respect de notre Nation selon le principe de la non-ingérence dans nos affaires intérieures et extérieures.

Le MDP entend mobiliser toutes les énergies des citoyens maliens de Kayes à Kidal pour la paix, la sécurité et le bien être pour tous.

Nous rendons un vibrant hommage aux soldats engagés sur le front dans un état de dénuement. Ils meurent au quotidien sur le théâtre des opérations dans l’indifférence du régime corrompu de M. Ibrahim Boubacar Keita.
Nous rendons également hommage à ces femmes, jeunes, vieux et enfants qui subissent les barbaries de toute sorte, nous les assurons de notre présence à leur côté et de notre détermination à faire arrêter le martyr.

Nous rendons enfin hommage aux femmes de Kati de Djicoroni, de Sévaré/Mopti, des camps de Ségou, de Kayes de Nioro, de Sikasso, de Tombouctou, de Gao et de Kidal pour leur lutte contre cette guerre injuste imposée à notre peuple.

Nous saluons les maliens de la diaspora pour leur combat patriotique. Nous invitons leurs organisations ou personnalités à une synergie des forces convergeant vers la libération de notre peuple.

Nous joignons notre voix et nos forces aux mouvements en lutte au Burkina Faso, au Niger et au Tchad contre l’occupation des forces étrangères.

Nous invitons par conséquent tous les acteurs sociaux, politiques, syndicaux à participer à la construction du Mouvement Démocratique et Populaire porté sur les fonts baptismaux le 7 Décembre 2019. Le MDP se fera force de rencontrer venir différentes plateformes engagées à Kayes, à Mopti, à Ségou, à Tombouctou, à Gao, à Sikasso et à Kidal.

Nous nous efforcerons à rencontrer les groupes armés nationaux partout où ils trouvent pour qu’ensemble nous arrêtons l’hémorragie, les tueries les humiliations afin de créer les conditions propices aux assises nationales pour un dialogue véritablement démocratique, populaire pour la paix.

Sur la base de la confiance retrouvée entre maliens, notre regroupement, largement ouvert à toutes les forces progressistes se fera pour la liberté, la sécurité, la dignité, le pain et la paix. Il prend en charge toutes les préoccupations qui ont engendré les grandes mobilisations contre la réforme constitutionnelle, contre l’assujettissement des FAMAS aux forces étrangères, contre la fraude électorale pour la paix et le dialogue démocratique, populaire et souverain.

Pour réussir ce large rassemblement, nous lançons un appel aux forces politiques et patriotiques, aux forces armées y compris celles taxées de Djihadistes, aux forces sociales et aux groupes communautaires armés pour mettre fin aux hostilités, aux tueries sur toute l’étendue du territoire national.

Sur cette base, nous devons dans une démarche unitaire, exiger des autorités maliennes le retrait de la force Barkhane du territoire malien, le retrait des conseillers militaires français de l’état-major des FAMAS, le retrait de la France des organes dirigeants de la Minusma.

Nous exigeons également l’abrogation de l’accord militaire liant le Mali à la France.
Le Mouvement Démocratique et Populaire dit et dira Non à la révision constitutionnelle de dislocation de notre pays.
Le régime d’Ibrahim Boubacar KEÏTA a à choisir entre son peuple qui exige le départ de la France colonialiste ou la soumission aux ordres du Président français M. Emmanuel Macron. En choisissant de rester soumis à M. Macron, le MDP appelle le Peuple malien à une grande mobilisation pour donner au régime actuel une réponse claire et définitive.

Oui, le Peuple Malien le peut s’il le veut !

En effet, grâce à notre dernière mobilisation, Mr MACRON s’est fâché et a demandé à monsieur Ibrahim Boubacar KEÏTA de nous faire taire et lui a intimé l’ordre de se rendre à Pau pour lui rendre compte.

Le Président Ibrahim Boubacar KEÏTA aurait ainsi déclaré de se rendre à Pau, mais non sans condition. Après au moins six longues années de capitulation marquées par le sang des soldats, des populations bref par l’horreur IBK prétend enfin  dire ses quatre vérités à Mr Macron ! Quelle hypocrisie, quelle indécence !

Acculé par notre mobilisation, le Président Ibrahim Boubacar KEÏTA s’est résolu à mettre dehors M. Christophe Sivillon un néocolonialiste français tapi à Kidal, manœuvrant à la partition du pays. Adieux Christophe, pourvu qu’il en soit ainsi pour Barkhane et toutes les forces étrangères !

Ces différentes attitudes d’IBK montrent à suffisance la légitimité de notre mobilisation et la justesse de notre combat qui ne doit que continuer.
Les théoriciens de : ‘’Après nous, le déluge’’ font croire à l’opinion nationale que si Barkhane s’en va, si la Minusma s’en va, le Mali sombrera comme la Somalie. A ces oiseaux de mauvais augure, nous répondons par notre combat qui sera unité et notre drapeau qui sera liberté.

Et au nom de cette liberté qui ne peut être garantie que par l’ensemble du peuple malien, nous tendons la main à la CMA, à la Plateforme, à tous les signataires de l’accord d’Alger pour la construction d’une unité fondée sur la confiance réciproque, sur un pacte d’honneur avec la volonté ardente de reconstruction d’une Nation reconciliée pour l’édification d’un Nouveau Type d’Etat, Démocratique, Populaire, antis impérialistes et contre toutes dominations.

Bamako, le 13 décembre 2019

Le Mouvement Démocratique et Populaire

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