Au Niger, la pression sur la société civile s’accentue. Les militants de l’ONG Alternative Espace Citoyens, n’ont pas pu se rassembler, dimanche 6 mai, dans leurs locaux, à Niamey. Le leader de l’organisation Moussa Tchangari fait partie des responsables de la société civile arrêtés ; en tout, huit responsables de la société civile nigérienne sont derrière les barreaux, dans les prisons de Filingué, Tillabéri, Ouallam ou encore Magaria. Leurs avocats dénoncent une instruction au point mort. Parmi les différents chefs d’inculpation figurent « organisation et participation à une manifestation interdite », « complicité de destruction de biens publics et privés » ou encore « appel à un mouvement insurrectionnel ».
Nous nous alarmons aussi du sort réservé à Ali Idrissa, président du Rotab (Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire), emprisonné à Filingué sans doute suite à la présentation qu’il a faite à Genève devant le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, le 13 mars dernier, de son rapport sur l’impact des industries extractives sur les droits à un niveau de vie suffisant et à la santé au Niger. Un rapport qui dénonce l’incapacité de l’Etat à mettre en œuvre les politiques qu’il a lui-même édictées sur le respect par les entreprises exploitantes (pétrole, or, uranium, calcaires, charbon) des normes sanitaires sur la qualité de l’eau, sur la pollution de l’air, du sol et de l’habitat, sur le respect des droits lors des expropriations des populations sédentaires et nomades, sur la gestion des déchets toxiques.
Idrissa est, au même titre que Moussa Tchangari, au premier rang des manifestants contre la loi de finances et critique en outre les « dérives autoritaires » d’Issoufou et de ses ministres. Nous n’ignorons pas que certains considèrent qu’il est davantage un opposant politique, lié au Moden Fa Lumana de Hama Amadou, qu’un membre de la société civile.
Rappelons que la loi de finances crée de nouvelles taxes et de nouveaux impôts qui vont « presser le peuple » et surtout accorde des cadeaux fiscaux d’une vingtaine de milliards de francs CFA » (une trentaine de millions d’euros) aux compagnies de téléphonie.
Rappelons aussi qu’Issoufou a fait voter une loi électorale et installé une CENI honteuse où aujourd’hui sur dix membres, huit sont d’un seul et même parti politique.
Le Parti de Gauche demande la libération immédiate de tous les militants arrêtés et dénonce la hargne avec laquelle, après avoir tenté de détruire l’opposition politique, Issoufou, tout à sa dérive autocrate, s’attaque maintenant à casser la société civile, à bastonner les étudiants et à domestiquer les centrales syndicales.
Le Parti de Gauche encourage le peuple nigérien dans son combat pour imposer au Président le retour à un comportement démocratique et respectueux de la nation.
Pierre Boutry