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SAHARA OCCIDENTAL : le droit international bafoué par Macron !

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Soulignant « une amitié séculaire avec le Maroc », Macron a déclaré à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’accession au trône de Mohammed VI, dans une lettre rendue publique par le cabinet royal : « Je considère que le présent et l’avenir du Sahara Occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine. » « Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. » Aveu implicite de reconnaissance car « Pour la France, celui-ci constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. ». C’est l’expression « seule base» qui change tout et constitue une rupture dans la position traditionnelle de la France sur cette question.

Alors qu’il a lui-même décrété une « trêve politique » pendant les Jeux olympiques de Paris Macron, homme seul, à la tête d’un Etat sans majorité, incapable d’entendre la volonté du peuple français exprimée par un vote de refus, avec un gouvernement sensé expédier les affaires courantes,  commet une erreur historique ! La droite et l’extrême droite françaises ont applaudi, le Nouveau Front Populaire s’est insurgé mais le silence assourdissant de LFI  dénote.

Rappelons le contexte. Jusqu’en 1975, le Sahara Occidental est une colonie espagnole. Franco accepte alors de décoloniser le territoire mais il meurt peu de temps après. Début novembre, une grande marche soi-disant pacifique, à laquelle participent des Marocains partis en camion pour récupérer les provinces du Sud, conduit au massacre des populations sahraouies. Mi-novembre, un accord tripartite illégal est signé entre l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie, visant à se diviser, pour les deux derniers, le nord et le sud du Sahara occidental. Lorsque les soldats espagnols se retirent, l’armée marocaine s’installe, en février 1976. La guerre commence, les avions marocains bombardent les civils sahraouis, avec du phosphore blanc. Des crimes de guerre sont commis. Les populations qui fuient sont installées au fin fond d’un désert inhospitalier, près de Tindouf. La guerre dure trente ans, et le Maroc construit un mur long de 2 700 kilomètres pour bloquer les Sahraouis. En 1991, un cessez-le-feu est signé entre le Maroc et le Polisario contre la promesse d’un référendum d’autodétermination, seul moyen d’obtenir l’indépendance selon la loi internationale. Il n’y en aura jamais. Fin 2020, le conflit reprend lorsque des jeunes viennent depuis la Mauritanie à Guerguerat, à la frontière avec le Sahara occidental, pour bloquer les camions transportant du poisson et des légumes produits dans les serres du roi à Dakhla. L’armée marocaine les attaque alors qu’ils sont non armés, le cessez-le-feu est rompu. Le Maroc qui considère le Sahara Occidental comme ses « provinces du Sud » tue et réprime le peuple sahraoui afin de mieux exploiter  un territoire riche en  terres à cultiver, en gisements de phosphate et dont les  eaux sont riches en poissons.

Le Sahara occidental est un enjeu crucial pour Rabat… au point d’en faire une arme de chantage  diplomatique. En 2020, la reconnaissance du Sahara marocain a été le prix payé par les États-Unis pour obtenir la signature des accords d’Abraham, normalisant les relations Maroc-Israël. L’Espagne a suivi en 2022 pour préserver ses intérêts économiques et ses possessions. De même, le Maroc reconnaît ses alliés les plus proches parmi les pays qui soutiennent le plus son plan d’autonomie. Certains, à l’image du Sénégal, des Émirats arabes unis ou du Gabon, sont allés jusqu’à installer des consulats à Laâyoune ou à Dakhla, deux villes du Sahara occidental.

Ces dernières années, la France et le Maroc ont enchaîné les crises. On peut citer en 2021, les révélations sur l’usage du logiciel Pegasus par le Maroc pour espionner des opposants, mais aussi des politiques et des journalistes français, la restriction de l’octroi des visas pour voyager en France, jusqu’à la fin 2023. Enfin, lorsque le plus gros séisme de l’histoire du pays a frappé le Haut Atlas, en septembre dernier, le Maroc n’avait pas accepté l’aide proposée par la France, lui préférant celle du Qatar ou encore de l’Espagne. Qu’il faille rétablir des relations apaisées avec le Maroc certes ! Mais certainement pas en sacrifiant tout un peuple auquel on ne donne jamais la parole et pour lequel l’appui diplomatique international est vital.

L’espoir vient peut-être de  la décision de la Cour de justice européenne qui va tomber dans quelques mois sur l’avenir de deux accords commerciaux conclus entre l’UE et le Maroc. Ces accords, dont l’un porte sur les licences de pêche accordées aux Européens au large des côtes, l’autre sur l’exportation de produits agricoles, sont dénoncés depuis des années par le Front Polisario. La Cour de Luxembourg a déjà donné gain de cause à plusieurs reprises à ce mouvement qui représente le peuple sahraoui, et plaide pour l’indépendance du territoire. Ce fut encore le cas en 2021, lorsque les juges ont constaté que la population sahraouie n’avait pas été consultée dans l’élaboration et l’application de ces accords, alors même qu’ils intègrent leur territoire. Le Polisario dénonce régulièrement l’intensification de l’exploitation des ressources naturelles –de cette immense région  par le royaume du Maroc, aux dépens de la population sahraouie. Dans ce contexte tendu, le QatarGate, ce scandale qui a éclaté fin 2022 au Parlement européen mettant en lumière des stratégies d’influence supposées du Qatar, mais aussi  du Maroc au cœur de la machine bruxelloise, n’a rien arrangé.

Ces accords constituent bien plus que de simples traités de libre-échange pour le Maroc : non seulement le royaume engrange de l’argent en échange des licences de pêche, mais l’UE débloque aussi des fonds au titre d’un « appui sectoriel », visant à financer des infrastructures pour la pêche assurée par des Marocains en territoire sahraoui, notamment dans le port de Dakhla. Jusqu’à de simples logements pour des familles de pêcheurs dépêchés sur place. Pas moins de 82 % des tomates et melons récoltés au Sahara occidental en 2022 étaient exportés en Europe, tout comme environ 60 % des produits de la mer. Sans emploi, les colons marocains ne resteraient pas sur place et sans ces accords conclus avec l’UE, toute l’économie locale s’effondrerait.

L’UE est sensée soutenir les efforts des Nations unies en vue d’une « solution juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental », comme le précisait par exemple une déclaration conjointe de l’UE et du Maroc en 2019. Dans les faits, les accords à l’initiative de l’UE depuis 2012 contribuent à la sur-exploitation du territoire sahraoui et l’UE est complice  d’une occupation. 

L’avis de la Cour de justice internationale (CIJ) sur la Palestine, rendu public le 19 juillet, qui a non seulement déclaré illicite l’occupation israélienne, mais aussi jugé qu’Israël faisait tout « pour rester en place et créer un effet irréversible », violant le droit à l’autodétermination des Palestinien·nes, pourrait influencer les juges de Luxembourg, qui ont déjà rappelé à plusieurs reprises le droit à l’autodétermination du Sahara occidental.

Nous savons que la société civile marocaine manifeste massivement et régulièrement son soutien à la cause palestinienne et fustige la normalisation des relations avec Israël suite aux accords d’Abraham comme une « trahison ». Puisse-t-elle défendre aussi la cause sahraouie !

L’annexion marocaine du territoire sahraoui viole, exactement comme l’a établi la CIJ pour la Palestine, le droit à l’autodétermination des Sahraoui·es. L’UE est complice. Macron prend  une position illégitime pour des raisons économiques sans aucun souci du peuple sahraoui. Les résolutions de l’ONU qui appellent à l’autodétermination du peuple sahraoui par le vote doivent être respectées.

 

 

 

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