L’opposant politique sénégalais, leader du Pastef, Ousmane Sonko a été condamné jeudi 1er juin à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse », par un tribunal dakarois. L’accusation de viol à répétition sur la personne d’Adji Sarr, une ancienne employée d’un salon de massage, n’a pas été retenue. Ousmane Sonko, qui était reclus, au moment de son procès, dans son fief de Ziguinchor, la ville du sud du pays dont il est maire, puis avait participé à une « caravane de la liberté » a depuis été « ramené de force » chez lui à Dakar dimanche. Des émeutes ont déjà fait neuf morts depuis l’annonce du jugement (en 2021, la dernière arrestation d’Ousmane Sonko avait provoqué des émeutes dans lesquelles 18 personnes avait trouvé la mort).
Le Sénégal a modifié sa Constitution en 2016 – après que le chef de l’État avait été élu pour la première fois quatre ans auparavant – afin de limiter à deux mandats de cinq ans l’exercice du pouvoir par le président de la République. Mais Macky Sall estime que son premier mandat ne doit pas être pris en compte, usant du faux prétexte désormais préféré de plusieurs chefs d’Etat africains. La double question d’un troisième mandat du président et des accusations en cours contre l’un de ses principaux rivaux, Ousmane Sonko, constitue une grave crise de gouvernance.
Le Parti de Gauche dénonce cette condamnation hors de proportion avec les faits reprochés et visiblement destinée à empêcher la candidature d’Ousmane Sonko à l’élection présidentielle de 2024. Cette manœuvre de type lawfare a déjà été utilisé pour écarter d’autres opposants comme Khalifa Sall et Karim Wade. Il est hors de question pour nous de porter un quelconque jugement sur les opposants mais nous déplorons le fait que la démocratie sénégalaise est en danger depuis l’annonce des velléités de Macky Sall de se présenter pour un troisième mandat. Le « dialogue national » « disso », qu’il vient d’annoncer ressemble à de la poudre aux yeux et il est d’ores et déjà rejeté par plusieurs responsables de l’opposition et la plateforme des Forces vives de la nation F24.
Le Parti de Gauche regrette par ailleurs le silence de la diplomatie française face à cette dérive anti- démocratique de Macky Sall, attitude qui ne peut que renforcer le peuple sénégalais et sa jeunesse en particulier, dans sa méfiance légitime vis-à-vis de la complicité passive du gouvernement macronien vis-à-vis d’un régime autoritaire.