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MADAGASCAR : l’évolution économique et politique reste une énigme

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L’évolution économique et politique de Madagascar : une énigme !

24 Septembre 2019

Selon les données compilées par la banque mondiale (2017), le PIB par tête était estimé à 132 dollars en 1960 et atteignait 402 dollars en 2015. Dans le même temps, le PIB par tête de l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, parti d’un niveau légèrement inférieur (117 dollars), était multiplié par quatorze (1 588 dollars) en 2015, soit un niveau quatre fois supérieur à celui de Madagascar. L’Asie du Sud-Est et le Pacifique, plus pauvres d’un tiers en début de période avec 90 dollars, était seize fois plus riche que Madagascar en 2015, avec un PIB par tête moyen de 6 552 dollars. En dollars constants, non seulement Madagascar décroche du continent, lui-même largement à la traîne des autres régions du monde, mais la Grande Île a vu le pouvoir d’achat de sa population amputé d’un tiers de sa valeur entre 1950 et 2015, alors que celui de l’Afrique subsaharienne a presque triplé (2,8)[1].

Les crises de régime
..« tous les chefs d’État qui se sont succédé depuis 1960, ont eu affaire, directement ou indirectement, à une crise politique pour arriver au pouvoir ou/et en partir » (Rabemananoro, 2014)[2]. Cette fois, avec la présidentielle qui a eu lieu en novembre et décembre 2019, ce n’est pas le cas. Mais la perspective d’un réel changement de cap reste fermée, pour les raisons évoquées ci-dessus. Les élites, côtières ou merina, les représentants des Églises, des groupes économiques, des intérêts étrangers, sont toujours là, enfermés dans une logique de profit ou de défense d’intérêts particuliers à court terme. Seul Ratsiraka avait cherché l’appui de la grande masse en cherchant à répondre aux aspirations nationales et populaires. Ces aspirations sont celles de cette grande majorité, essentiellement rurale, constamment exclue. Néanmoins, aucun des régimes qui se sont succédés depuis l’indépendance : la malgachisation social-démocrate de Philibert Tsiranana, le socialisme nationaliste de Ratsiraka, l‘ultra libéralisme autoritaire de Ravalomanana auquel succéda celui de la HAT de Rajoelina, et encore moins celui de la période récente, avec Hery Rajaonarimampianina, de l’ajustement structurel et de la libéralisation, qui a abouti à l’affaiblissement de l’Etat. Aucun de ces régimes n’a permis de « faire valoir le principe d’équité pour réduire les inégalités sociales, entre héritiers statutaires et couches populaires, parallèlement à celles entre les régions particulièrement entre les hautes terres et les régions « côtières », et celles entre les zones urbaines et rurales[3] ».

Ces échecs, la pauvreté et l’extrême misère ont produit des mécontentements périodiques et sporadiques, des violences. Mais les mobilisations, si elles ont parfois conduit au reversement des régimes en place, utilisées par des politiciens pour accéder au pouvoir, n’ont jamais perduré pour se transformer en utopie révolutionnaire (sauf peut-être sous Ratsiraka avant qu’il ne succombe aux sirènes du libéralisme sous la pression internationale).

A Madagascar règne une économie de rapine depuis 60 ans, avec des rentes faciles à prélever sur les ressources naturelles et les aides extérieures. Ces élites, environ 10 000 personnes sur une population de 25 millions d’habitants prennent tout. Elles sont attachées à un ordre établi qui les maintient au sommet et se satisfont du gâteau qu’elles se partagent. Elles ne veulent surtout pas prendre le risque de voir de nouvelles personnes entrer dans le partage. Quand un nouveau veut une part du gâteau, comme ce fut le cas avec Ravalomanana ou Rajoelina, c’est la crise.
Les forces politiques, syndicales, associatives, pouvant pousser au changement, sont faibles, les travailleurs du secteur informel sont marginalisés, et les paysans sont dispersés sur tout le territoire, loin des centres de décision politique.
Au fil des ans, le pouvoir est toujours partagé ou revendiqué par le même groupe d’acteurs.

Allain louis Graux
le 24.09.2019
http://allaingraux.over-blog.com/2019/09/l-evolution-economique-et-politique-de-madagascar-une-enigme.html

[1] Source : L’énigme et le paradoxe – Économie politique de Madagascar – Mireille Razafindrakoto, François Roubaud, Jean Michel WachsbergerIRD Éditions- 2017. – P18
[2] ibid p. 105
[3] ibid – p.104

 

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