Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche
Alors que les marches se poursuivaient de façon pacifique, le régime Gnassingbé les a interdit en semaine et a réactivé les milices pro-pouvoir constituées de chômeurs et de déclassés à qui l’on donne des machettes et des gourdins cloutés afin que par leurs exactions barbares ils empêchent les gens de sortir de chez eux. Ces agressions causent quelques morts et beaucoup de blessés graves.
Les villes de Sokodé et de Mango se sont transformées en villes fantômes ; les Tems, ethnie d’origine du leader du Parti National Panafricain, sont particulièrement persécutés y compris à Kara ville du nord berceau des Gnassingbé.
Le spectre de la répression de 2005 qui avait fait entre 400 et 800 morts, selon les organisations de défense des droits de l’homme, réapparaît.
Les ruses grossières du régime au pouvoir pour simplement modifier à son profit quelques articles de la Constitution (remise à zéro des compteurs pour deux nouveaux mandats présidentiels qui permettrait au dictateur Faure Gnassingbé de se représenter) ne trompent personne. Le silence du dictateur depuis deux mois trahit à la fois son mépris pour le peuple togolais et l’épaisseur de la couche de complicités qui l’entoure.
En marge de la réunion des cinq chefs d’Etat de la CEDEAO à Niamey le 14 octobre 2017 sur le programme de la monnaie unique sous-régionale, l’ineffable président ivoirien Ouattara s’est encore illustré en déclarant qu’il se souciait de la stabilité du Togo, membre fondateur de la CEDEAO, et qu’il demandait à l’opposition de s’engager dans un dialogue. Le ministère des affaires étrangères français invite courageusement les parties à se rapprocher.
Il serait temps que la communauté internationale comprenne qu’elle n’a in fine aucun intérêt à soutenir des dictateurs contre leurs peuples. Le gouvernement français devrait comprendre que son attitude conforte le sentiment anti-français qui se développe en Afrique sub-saharienne, que cette politique va même à l’encontre de nos intérêts à moyen long terme dans cette région et qu’elle favorise les migrations.
Il serait temps que le gouvernement français cesse d’administrer en direct le Togo par militaires ou agents de sécurité français plus ou moins officiels, conseillers techniques plus ou moins occultes. Le Togo c’est, comme ailleurs, la Françafrique affairiste des capitalismes monopolistiques, mais c’est aussi la Françafrique première mouture, du pur Foccart, avec une intégration forte dans la chaîne de commandement et une nébuleuse d’intérêts privés dépendant du système Gnassingbé.
Le Parti de Gauche réaffirme son soutien au peuple togolais dans sa lutte pour la fin de la cynique et calamiteuse dynastie des Gnassingbé.
Le Parti de Gauche demande au gouvernement français de mettre fin à la collusion larvée de certains intérêts et à faire pression sur le régime afin qu’il négocie une sortie de crise rapidement.
Pierre Boutry
Responsable de la Commission Afrique du Parti de Gauche