Manifestation du 55° Hirak à Alger
Les manifestations de l’an II du Hirak se traduisent par une poursuite de la mobilisation dans la capitale et dans diverses villes du pays : Oran, Constantine, Tlemcen, Annaba, Tizi Ouzou, Bejaia, Jijel, Skikda, Boumerdes, M’sila, Bouira, Sidi Bel Abbés, Setif, El Oued, Boussaada, Khenchela, Media, Guelma, Biskra, Saida…
Les slogans ou les écrits des pancartes sont toujours aussi radicaux .Les uns concernent une véritable démocratie. On a pu lire le texte suivant «Oui au changement du système, à un régime civil, à l’Etat de droit, des élections honnêtes et la souveraineté au peuple» Le gouvernement Tebboune est contesté « «Bouteflika et Tebboune : deux faces d’une seule monnaie» ; «On ne s’arrêtera pas jusqu’à ce que vous partiez tous» «Qolna el îssaba t’roh, ya ehnaya ya entouma !» (On a dit la bande doit partir, c’est nous ou vous) On crie «Istiqlal !» (Indépendance) et on réclame une nouvelle indépendance On entend «Tahia El Djazair !» (Vive l’Algérie). : «Libérez les détenus du hirak» ; «L’unité nationale est notre force et la silmiya (1) est notre arme» On exige « une justice indépendante, la libération de tous les détenus d’opinion, la fin des arrestations » La foule chante Kassaman l’hymne des moudjaydin devenu hymne national. Des slogans contestent à nouveau l’Etat-major : «Dawla madania, machi askaria !» (Etat civil, pas militaire).
(1) Silmiya : pacifique. Les manifestations du Hirak qui ont regroupé des dizaines –voire des centaines de milliers de personnes ne se sont jamais traduites par des affrontements avec les forces de répression ni par de quelconques déprédations.
Manif des femmes à Alger le 8 mars 2020
Un 8 mars aux relents de hirak : puissante manif des femmes à Alger
La foule etait composée des femmes de tous âges mais principalement de jeunes et de membres des couches populaires On pouvait lire sur les pancartes ou entendre :
«Toutes dans la rue pour la justice et l’égalité !» « Femmes et hommes, notre place est dans le Hirak », « je ne veux pas d’un faux 8 mars, je veux un vrai 5 juillet », On n’est pas venues faire la fête, on est venus pour vous obliger la « bande « (le système) à partir. : «Hirak même combat, égalité des droits». :: «Oh ya Hassiba, ouledek marahoum’che habssine, oh ya Hassiba, âla el houriya m’âwline !» (Hassiba (2), tes enfants ne céderont pas, ils arracheront la liberté). «Qanoune el oussra, el onf wel hogra, yetnahwa ga3 !» (Le code de la famille, la violence et la hogra, qu’ils dégagent tous). «Tu n’acceptes pas la hogra du système ? Alors n’accepte pas la hogra(3) contre les femmes» : «Qanoun el oussra à la poubelle !» (Code de la famille à la poubelle). : «Hoqouq nesswiya, dawla madania !» (Droits des femmes, Etat civil).
Les femmes scandaient également les slogans du 55°Hirak .: «Dawla madania, machi askaria !» (Etat civil pas militaire), «Qolna el îssaba t’roh !» (On a dit la bande doit partir), «Djazaïr hourria wa dimocratia « (Algérie libre et démocratique ), « Presse libre, justice indépendante ». : «Ettalgou el massadjine, !» (Libérez les détenus, «Klitou lebled ya esserraquine !» (Vous avez pillé le pays, voleurs).
On entend aussi : «Ya lehrayar bravo alikoum, wel djazzair teftakhar bikoum !» (Bravo, femmes libres, l’Algérie est fière de vous).
Un radio trottoir d’un journaliste d’El Watan qui interviewe deux jeunes femmes Melissa, diplômée de l’Ecole polytechnique déclare ,: «La femme qui a porté des bombes pendant la Révolution n’accepte pas l’humiliation». Daouïa, étudiante en architecture à défile avec ce mot d’ordre : «Travailleuses, étudiantes, femmes au foyer, toutes dans la rue pour la justice et l’égalité en droits».
C’est une question légitime que de parler des droits des femmes ! Parce qu’on ne peut pas parler de démocratie s’il n’y a pas de liberté et de droits pour les femmes. Cette question ne peut pas être dissociée du combat global que mène le peuple algérien. On ne peut pas se battre pour une Algérie démocratique, une Algérie libre, si les femmes ne sont pas libérées»,
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(2)Hassiba Ben Bouali jeune moudjahidate du FLN pendant la » bataille d’Alger « militait avec Ali La Pointe. Elle refusera avec ses camarades de se rendre aux paras de l’armée de répression qui firent sauter l’immeuble de la Casbah où elle avait trouvé refuge.
(3) Terme de l’arabe dialectal algérien : dédain, mépris, injustice , abus de pouvoir humiliation de la bourgeoisie bureaucratique à l’égard des classes populaires .
Roger Esmiol
Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche