ALGERIE : Le pouvoir accentue la répression

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Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme et d’autres organisations dénoncent une nouvelle étape dans la répression.

Chaque jour jours des militants sont convoqués, arrêtés, interrogés, certains sont condamnés par la justice pour leurs opinions. Le (CNLD) a mis à jour, le aujourd’hui 23 juin, sa liste des détenus d’opinion : elle concerne Alger et les autres willayas (préfectures).. Cette liste est très longue.

Les tribunaux sont les alliés serviles du pouvoir
Amira Bouraoui, figure du mouvement « Barakat » (ça suffit), mouvement d’opposition à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika en 2014, a été emprisonnée Son avocat, Mustapha a déclaré. « Une condamnation injustifiée. Un dossier vide.» Amira Bouraoui, gynécologue de 44 ans, avait été interpellée quatre jours avant sa condamnation pour être reconnue coupable de six chefs d’accusation dont « offense à l’islam », » offense au président de la République » ou « incitation à violer le confinement pendant la crise sanitaire. »

Deux jours après la condamnation d’Amira Bouraoui, la justice algérienne a condamné cinq personnes interpellées à Tizi Ouzou le 23 juin à des peines allant de six mois à un an de prison ferme. Elles avaient participé à une manifestation.
Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme. A déclaré : « Amira Bouraoui était une figure de l’opposition, surtout connue et active dans son rôle contre la candidature de Bouteflika en 2014. Et pourtant, même sous le régime autoritaire de Bouteflika, elle n’avait pas été réellement inquiétée ».
« En 24 heures, vendredi 19 juin, près de 500 personnes du mouvement Hirak ont été interpellés dans 23 wilayas (préfectures) du pays. Toutes n’ont pas été mises en détention provisoire ou renvoyées vers un tribunal ,mais depuis le début du déconfinement les arrestations se multiplient et prennent une ampleur nouvelle précise Saïd Salhi.

Selon les ONG , la répression a évolué aussi dans ses procédures. « La crise sanitaire est utilisée pour justifier les arrestations. Tel militant qui aurait incité à manifester, aurait mis en danger la santé des Algériens. C’est bien entendu faux, le Hirak a su se montrer responsable en mettant de côté une liberté fondamentale, celle de manifester, mais le régime se sert du virus pour enfermer les opposants »,
« Le pays est en train de se déconfiner et le pouvoir entend clairement empêcher toute reprise des manifestations », déclare Amna Guellali, directice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique du Nord.

La crise sanitaire n’est pas le seul motif pour justifier les arrestations Les personnes arrêtées peuvent être poursuivies pour « atteinte à l’unité nationale » où à « l’intêret national ». Ce sont des concepts fourre-tout, très vagues qui peuvent justifier n’importe quelle arrestation, Les avocats de la défense sont souvent démunis. Comment plaider ? Ces infractions ne renvoient à aucun texte de loi précis, Il suffit qu’un manifestant brandisse un drapeau amazigh pour être arrêté.

De nombreux journalistes ont été arrêtés
Le correspondant du journal Ennahar, Djamel Ali Toubal a été condamné le 17 juin dernier à deux ans de prison ferme pour « publications Facebook pouvant porter atteinte à l’intérêt national” et « outrage à corps constitué » (Source Reporters sans frontières.)
Quelques jours auparavant, Merzoug Touati, blogueur et journaliste du site d’information L’Avant-Garde, a été lui arrêté lors d’une manifestation de soutien aux détenus d’opinion. Poursuivi pour « incitation à attroupement, publication et distribution de publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale et mettre la vie d’autrui en danger durant la période du confinement »,(Source l’ONG Reporters sans frontières.)
Khaled Drareni, correspondant de TV5MONDE en Algérie est incarcéré depuis le 29 mars entre autres pour « atteinte à l’intégrité du territoire national”. Le concept d’atteinte à l’intégrité l’unité nationale a été utilisé fortement par le pouvoir au début du Hirak.

La répression contre les journalistes pourrait s’accentuer sur la base d’un nouveau texte, selon des responsables d’ONG de défense des droits humains. Les députés ont adopté un projet de réforme du code pénal pour : « criminalisant » « la diffusion de fausses informations qui portent atteinte à l’ordre public et à la sûreté de l’Etat ». La presse est déja régie par des textes contre la diffamation et l’injure publique. Le texte sur les fausses informations est un nouveau cadre juridique pour réprimer,

Fermeture d’El Manchar, un site satirique populaire
Le journal satirique algérien en ligne «El Manchar» a fermé le 14 mai dernier pour échapper à la répression, soulevant un vif émoi sur les réseaux sociaux. El Manchar avait en effet cinq ans d’existence et comptait plus de 550 000 abonnés sur sa page Facebook. Les fondateurs du site ont préféré mettre fin au site eux-mêmes que risquer des poursuites du pouvoir en place,
Un membre de l’équipe du site a déclaré « Le climat de répression des libertés, les incarcérations de citoyens à la suite de leurs activités sur les réseaux sociaux nous ont conduits à réfléchir sur les risques que nous encourons ». « Nous nous retrouverons dans une Algérie meilleure où cette peur n’existera pas ».

Roger Esmiol

Déclaration de la commission Afrique du Parti de Gauche

Malgré le confinement le Hirak reprend son activité

Une manif a eu lieu le 9 juin à M’Chedallah, à 40 km à l’est de Bouira. Des slogans du Hirak ont été repris par les manifestants : «Doula madania machi askaria !», «Y en a marre des généraux !», «Libérez les détenus !», «Silmiya, silmiya !» (Manif pacifique) .Ils ont exigé devant le siège de l’annexe du tribunal de Bouira à M’Chedallah.Cette manifestation à M’Chedallah intervient à moins d’une semaine d’une autre marche organisée dans la commune voisine de Chorfa sur les mêmes thèmes..
Igzirt (Tizi Ouzou) : Manif pour la libération des détenus du Hirak
Des centaines de personnes ont manifesté dans la ville côtière de Tigzirt, à 40 kilomètres au nord de Tizi Ouzou ont exigé la libération d’un militant local du FFS et plus général des détenus du Hirak .Des élus de la région et notamment un député RCD étaient présents à la manif.

Le député du RCD a pris la parole . Il a déclaré qu’il fallait maintenir la mobilisation afin, pour obtenir la libération des prisonniers du hirak qui croupissent encore dans les geôles du pouvoir. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et également : «Libérez les détenus »
Ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Cessez le chantage et libérez les otages», «Halte aux intimidations» et «Primauté du civil sur le militaire». «Nous dénonçons les intimidations dont font l’objet les militants du hirak»,
Répression à Béjaia

Trois militants ont été placés sous mandat de dépôt à Béjaïa ; ils sont poursuivis pour “incitation à attroupement, publication et distribution de publications pouvant porter atteinte à l’unité nationale” et “mise en danger de la vie d’autrui durant la période de confinement”. Ils faisaient partie d’un rassemblement organisé pour exiger la libération des détenus politiques.

Roger Esmiol

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