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CONGO B : petits arrangements financiers entre amis

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Déclaration  de la Commission Afrique du Parti de Gauche

La directrice générale du Fonds monétaire International (FMI), Christine Lagarde, a annoncé la conclusion « positive » d’un accord avec les autorités du Congo sur un programme pour relancer l’économie du pays mais qui sera soumis à des « exigences de gouvernance » pour rompre avec « les pratiques du passé ». Le Congo des Nguesso s’est immédiatement félicité, de l’accord conclu avec le FMI pour appuyer son programme de réformes économiques et financières ; cet accord lui permettra de « bénéficier d’autres financements bilatéraux, comme l’a évoqué récemment le ministre français de l’économie en annonçant un soutien de 135 millions d’euros conditionné à la conclusion d’un programme ».

En août dernier, le FMI avait reconnu que les autorités congolaises avaient menti sur l’ampleur de la dette publique. Une dette qui s’élèverait à 117% du produit intérieur brut, probablement plus si l’on réintègre les prêts à la SNPC non déclarés. Le Congo des Nguesso négocie depuis fin septembre dernier une aide pour faire face à la crise économique dans laquelle il est enlisé depuis près de deux ans, à cause entre autres d’un prix du baril bas. Il s’est attaché les services de grands experts ; le plus connu étant Dominique Strauss Kahn (DSK) qui était à la tête du Fonds Monétaire International lors de l’effacement frauduleux de la dette congolaise en 2010 pour un montant de 5 milliards de dollars ; et c’était bien lui qui avait signé, le chèque en blanc, indu, sans aucune contrepartie démocratique et de bonne gouvernance qui a été à l’origine de toutes les dérives financières et humanitaires que le Congo a connues depuis 2010.

Le FMI n’est donc pas rancunier car le Congo Brazzaville a une longue histoire avec la dette dont certains éléments viennent d’être révélés par le journal Le Monde dans le cadre des « panama papers ».

Au début des années 2000 le Congo B est très fortement endetté. Pour obtenir le statut de PPTE (pays pauvre très endetté) qui lui permettrait une annulation d’une partie de sa dette, il doit se conformer aux exigences du FMI qui interdit pour les pays pétroliers une pratique courante appelée le « préfinancement pétrolier », qui consiste à recevoir l’argent pour une vente de pétrole future qui peut s’échelonner sur plusieurs années. Cette pratique a facilité bon nombre de détournements de fonds et hypothèque l’avenir du pays, d’autant que bien souvent ce préfinancement se fait à des conditions très avantageuses pour les multinationales pétrolières ou les institutions bancaires.

Sassou Nguesso, arrivé au pouvoir à la suite d’une sanglante guerre civile, a donc mis en place un système permettant de contourner cette interdiction. Total crée une société basée aux îles Vierges britanniques, « Montrow International limited », qui fait partie de la société « Montrow Trust » basée elle à Jersey qui sera propriétaire de « Likouala SA ». Cette dernière, société au capital de 15 000 euros, dirigée par un haut cadre de Total, va emprunter 70 millions d’euros à la BNP Paribas. Avec cette somme, Likouala SA achète le champ pétrolier éponyme au gouvernement congolais. Le prêt est garanti par l’exploitation pétrolière menée par… Total. Le gouvernement congolais récupère ainsi les millions d’euros gagés sur les futurs barils d’or noir.

Total parle « d’une aide à la monétisation d’un champ pétrolier », bel euphémisme !

Un emprunt de 70 millions d’euros à la BNP Paribas par Likouala SA, qui porte donc le même nom que le champ pétrolier au Congo, ne peut pas ne pas avoir mis la puce à l’oreille des dirigeants du FMI.

Le FMI aime à se faire berner ? Nous n’en croyons pas un mot. Il ne serait pas étonnant que le FMI qui sait pertinemment qu’on lui ment sur le niveau d’endettement, regarde ailleurs pendant que Sassou et Total magouillent. Il s’agit bien d’éviter de déstabiliser des pays dans des régions fragiles. Les gouvernements occidentaux savent fermer les yeux sur les pires violations des droits humains commis par des potentats quand ils servent docilement leur politique. Peu importe qu’aucun progrès significatif tant au niveau économique que social n’ait été enregistré. Peu importe que le pays plonge dans la dette la corruption et le mauvais gouvernement.

En vérité, la Françafrique n’est pas morte, elle renaît à travers les institutions et les firmes internationales, à travers un capitalisme financier mondialisé grand protecteur des oligopoles sectoriels. Le Parti de Gauche dénonce l’absence Total(e) d’éthique de l’ensemble des acteurs de ce jeu sinistre et leur collusion avec le Congo des Nguesso ; l’emprise française sur le FMI depuis des dizaines d’années (Schweitzer, de Larosière, Camdessus, DSK, Lagarde) se fait au détriment des peuples africains et congolais en particulier. Là aussi un coup de balai s’impose !

Pierre Boutry

 

One Comment

  • Raphaël ADJOBI

    avril 26, 2018 at 9:47 am

    Il faut que les pays africains cessent d’emprunter au FMI et aux Européens. Il faut que l’Afrique apprenne à vivre avec ce qu’elle a ; qu’elle apprenne aussi à ne pas poursuivre le même rêve économique que les Européens. Les Africains ne sont pas obligés de posséder les mêmes biens que les Européens. C’est la meilleure façon de vivre dans la dépendance de l’Europe !

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