PLATEFORME CITOYENNE SAUVONS-LE-CONGO
Siège social : Brazzaville. Règlement intérieur déposé au Ministère de l’Intérieur le 12 mai 2014
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Suite à la sortie de l’enfer de la Prison de Brazzaville
du Docteur Alex DZABANA Coordonnateur Général
de la Plateforme des Organisations de la Société civile
de la République du Congo.
Après 4 mois de détention arbitraire, le Docteur Alex DZABANA, pharmacien, 78 ans, enlevé par des hommes en armes devant son domicile le 11 mars 2021 en pleine période électorale, vient de recouvrer « provisoirement » la liberté sur décision de la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Brazzaville rendue le 13 juillet passé.
Quelques autres défenseurs des droits humains ont, à la même occasion, été placés dans la même situation favorable. Citons parmi eux : Christ Belvy Sidney DONGUI, Jean River NIATI, Jean-Louis PAKA, Etienne MOMBO, Florian MIANGOUILA.
Peu avant son embastillement, Alex DZABANA venait de s’engager activement dans la campagne contre la mascarade électorale de la présidentielle du 21 mars 2021.
Ce sont toutes ces qualités et toute son activité de défenseur des droits humains, particulièrement des libertés démocratiques, qui sont à la base de son embastillement.
La Plateforme citoyenne Sauvons-Le-Congo – avec toutes les organisations qui la composent (dont l’Union pour le Progrès UP, le Parti pour l’Unité et la Prospérité P.U.P, Marien Ngouabi l’Ethique, la Convention des Républicains, MFWA CDS, la Ligue pour l’Emergence et la Diffusion des idées Panafricanistes) – se félicite de ces situations de mise en liberté bien que « provisoires » de ses camarades de lutte.
Ces mises en liberté sont intervenues grâce au moral de fer et à la détermination inébranlable de nos camarades alors détenus politiques, conjugués aux activités de soutien constant des organisations de la société civile, de la presse indépendante et des formations politiques de l’Opposition démocratique tant du Congo que de l’Etranger.
Sauvons-Le-Congo dénonce tant ces arrestations arbitraires que les conditions d’incarcération de ces militants et dirigeants des droits humains – conditions qui ont fait que, depuis, le Docteur Alex DZABANA notamment a vu son état de santé se détériorer sans arrêt. A telle enseigne qu’un organe de presse congolais – « La Voix du Peuple », dans sa parution du 14 juillet, a pu témoigner ainsi dès la sortie de prison du Docteur DZABANA : « Il en sort dans un état pitoyable(…), cabossé, broyé et laminé par plus de 3 mois de détention sauvage faite de tortures et de traitements avilissants(…) Le tout, pour mettre au pas tous ceux qui osent lever le doigt« .
La Plateforme Citoyenne Sauvons-Le-Congo constate que, depuis des années, le Pouvoir de l’Administration PCT ayant à sa tête Denis SASSOU NGUESSO est décidé à forcer au silence le peuple congolais tout entier, les organisations des droits humains et l’Opposition démocratique. Ainsi on se rappelle :
- des rafles au Beach de Brazzaville et devant leurs domiciles de milliers de jeunes gens disparus en avril-mai-juin 1999, suivies de centaines d’exécutions sommaires au Domaine présidentiel de jeunes gens originaires du Pool et des régions du Niari dont pour les uns les corps ont été jetés dans le fleuve et pour les autres entassés et enterrés dans des charniers;
Dans cette affaire une information judiciaire contre X, visant entre autres le Président Sassou Nguesso est toujours pendante devant les tribunaux de Paris et de Bruxelles pour « crime contre l’humanité, tortures et disparitions forcées » ;
- des enlèvements – dont celui de Paulin MAKAYA, Président de l’UPC – à l’occasion des manifestations populaires contre le référendum anticonstitutionnel en octobre 2015 ;
- de l’enlèvement du militant CADD Augustin KALA KALA retrouvé mort et couvert de profondes traces de torture devant la morgue de Brazzaville en octobre 2016 ;
- des arrestations arbitraires, en pleine campagne électorale en mars 2016, des dirigeants de l’Opposition Jean NGOUABI, Jacques BANANGANDZALA, Yvon SENDE-MOUNGONDO ;
- de l’embastillement d’une dizaine de responsables de la Fédération de l’Opposition, enlevés en pleine réunion de direction en octobre 2017 au domicile d’un de responsables de ce regroupement politique, puis jetés et gardés à la DGST à l’isolement sans motif aucun durant une quinzaine de jours. Le Professeur Paul NDOUA et Grégoire YEME sont décédés quelques mois seulement après leur sortie de leur cachot de détention à la DGST ;
- de l’enlèvement devant son domicile du jeune neveu de Jeannot HOMBESSA, trouvé mort au Commissariat de Chacona en août 2018 aux côtés de 12 autres jeunes gens etc. etc.
La Plateforme Sauvons-Le-Congo exige en conséquence que soit abondonnée toute cette procédure sans fondement dirigée à l’encontre du Docteur Alex DZABANA et des autres défenseurs des droits humains jugés par la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Brazzaville.
Par ailleurs, et dans la perspective de la tenue d’une Concertation nationale sans exclusive – réclamée par ailleurs par les Evêques du Congo – qui s’impose présentement à ce Congo en déconfiture totale, il y a lieu de se laisser guider par deux faits majeurs comme l’ont fait le Président Massamba-Débat en août 1963, le Président Marien Ngouabi en février 1972, le Président Pascal Lissouba en concertation avec l’Unesco en décembre 1994 et la Confédération syndicale congolaise(CSC) alliée aux Forces de Changement et de Progrès en février 1991:
- créer, dans l’esprit de la « Contribution des Prisonniers et Condamnés du Congo » produite à la Conférence Nationale Souveraine en 1991, les conditions d’une amnistie générale de tous les condamnés politiques et d’opinion à l’emprisonnement ferme ou par contumace (arrêts ou jugements prononcés en 2000, 2001, 2013, 2014, 2017, 2018 – d’autant que les décisions concernant les Affaires BOUKADIA, MBEMBA, MOKOKO et OKOMBI ont été réformées entièrement par une instance internationale des Nations Unies compétente en la matière, à savoir, le Groupe de Travail sur la Détention Arbitraire) ;
- mettre fin à toute action politique discriminatoire à l’endroit de tout Parti politique et de toutes celles et de tous ceux qui se sont librement exprimés sur des questions majeures tant de l’histoire du pays, que de l’actualité des droits humains. Nous pensons, s’agissant des Partis politiques, notamment à l’UP, le PSVR, le PSDC, l’UPC, le CADD. Et s’agissant des citoyens contraints à l’exil nous pensons, entre autres, au Premier Ministre Alphonse SOUKOULATY POATY, au Ministre Claude Ernest NDALLA, au grand homme des Lettres Alain MABANCKOU, au Colonel Marcel TOUANGA, au Colonel Marcel PIKA, au Colonel Simon-Pierre MOUSSOUNDA, aux Avocats Amédée GANGA et Maurice MASSENGO THIASSE, au Professeur Marion MANDZIMBA EWANGO, au journaliste Ghys Fortuné DOMBE-BEMBA.
D’autres y ont trouvé la mort et enterrés à l’étranger. Parmi eux, nous pouvons citer le Président Pascal LISSOUBA, le Premier Ministre MOUDILENO MASSENGO, les ministres MOUNGOUNGA NKOMBO-NGUILA, Alexis GABOU, le Communiquant Marc MAPINGOU.
Sur place au Congo, on sait où ce type de fatwa, par exemple celle mise, nuitamment et solennellement peu avant l’élection présidentielle de mars 2021, au nom du couple présidentiel et par la voix de Firmin AYESSA, sur la tête de Guy Brice Parfait KOLELAS, peut conduire son destinataire.
C’est guidée par ces fondements que la Plateforme Citoyenne Sauvons-Le-Congo réitère les positions exprimées alors et l’Appel lancé à travers le document commun publié avec la Plateforme « Les Assises Nationales du Congo » sous le titre « Message pour le Rassemblement des Forces patriotiques, la Restauration et la Refondation de la Démocratie en République du Congo ».
Le tout, afin que le peuple congolais reprenne son destin en main et que cessent à jamais les enlèvements, les arrestations arbitraires de l’armée et de la police ainsi que l’instrumentalisation de la justice passée maîtresse dans des condamnations sans fondement.
Fait au Congo et en France Le 15 juillet 2021
Pour La Coordination Nationale
Anicet KYTHOUCAT
Coordonnateur Europe