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Côte d’Ivoire : nouvelles manœuvres politiques à l’encontre de Laurent Gbagbo, le favori de la présidentielle de 2025.

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Le 07 août 2022, au moment où la Côte d’Ivoire fête le 62ème anniversaire de son indépendance, le pays n’est toujours pas dirigé par une nouvelle génération, alors que la passation du flambeau à son profit, était indiscutablement actée par la défunte Constitution du 1er août 2000. Cette Constitution, restée en vigueur jusqu’en novembre 2016, imposait pourtant une limite d’âge (75 ans au plus) aux candidats à l’élection présidentielle.

Toutefois, 6 ans après l’instauration de la Troisième République, certaines méthodes malsaines qui ont entraîné la Côte d’Ivoire dans la guerre civile à partir de 2002, à savoir l’exclusion des candidats importants à l’élection présidentielle, sont aujourd’hui pratiqués par le régime d’Alassane Ouattara.  Ainsi, parmi la jeune génération, les deux anciens leaders de la fédération estudiantine et scolaire (FESCI) à savoir Guillaume Soro et Charles Blé Goudé sont maintenus en exil. Ces derniers sont sous le coup de lourdes condamnations d’emprisonnement, donc mis dans l’incapacité de briguer la magistrature suprême, dans leur pays. Mais l’exclusion ne concerne pas que ces deux  jeunes personnalités.

A 3 ans de l’élection présidentielle d’octobre 2025, et sous réserve d’être en vie et en bonne santé en 2025, les trois grandes figures de la vie politique ivoirienne demeurent aux yeux de leurs partisans comme les candidats naturels à l’élection présidentielle.  Ces dinosaures de politique ivoirienne sans lesquels, la paix en Côte d’Ivoire ne peut être une réalité, pèsent lourdement sur la vie politique du pays. Ils sont aujourd’hui d’âge avancé, comme Félix Houphouët-Boigny, à l’époque. La longue confrontation liée à succession du premier président ivoirien,  reposait dangereusement sur le « principe de la fin en beauté » et ce cas de figure pourrait se reproduire.

Toutefois,  malgré les signes d’apaisement observés, via la rencontre entre les « trois grands », le président Alassane Ouattara a tiré un premier coup de canon sur les espoirs du dialogue politique. Lors du discours  traditionnel prononcé  la veille de la fête de l’indépendance, le chef de l’État s’est positionné en force, dans une logique confrontation avec le président Laurent Gbagbo. Ainsi,  en écoutant attentivement son discours, nous comprenons que non seulement la totalité des prisonniers militaires de la crise postélectorale n’est pas libérée,  mais le versement intégral de ses émoluments d’ancien chef d’État, qui relèvent  des droits les plus fondamentaux du président Laurent Gbagbo, est présenté comme une manifestation de la générosité du président Ouattara.

De plus, le président Alassane Ouattara  annonce avoir accordé sa « grâce » à Laurent Gbagbo, fallacieusement condamné  à 20 ans de prison dans l’affaire « du braquage  »de l’agence nationale de la BCEAO». Or contrairement à loi d’amnistie,  la grâce présidentielle n’efface pas la condamnation du casier judiciaire de Laurent Gbagbo. Dans ce cas de figure, le président du PPACI publiquement « gracié » en 2022 comme un prisonnier !, et radié en 2020 de la liste électorale, est potentiellement exclu de la course à la présidentielle de 2025.

L’instrumentalisation de la justice, pour exclure des candidats.

Dix ans après la fin de la crise ivoirienne, il est surprenant de constater encore l’existence de la politique d’exclusion de grands candidats, dans une élection présidentielle, alors que cette  pratique avait jadis ensanglanté le pays.

Le 14 juillet 2022, un rapport réalisé conjointement par la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses deux organisations membres en Côte d’Ivoire, la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), a tiré la sonnette d’alarme sur la situation de la justice ivoirienne. Selon ce rapport : «  La justice a été instrumentalisée par le pouvoir en place, avec une utilisation de l’arme judiciaire pour éliminer les opposants politiques et notamment pour l’échéance présidentielle de 2020 où le président Ouattara a clairement écarté du processus électoral des opposants politiques avec des poursuites ciblées par cette justice instrumentalisée ».

En excluant à son tour, des grands candidats dans une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara, démontre clairement que la rébellion armée du 19 septembre 2002, qui causa la mort de plusieurs milliers d’Ivoiriens, était illégitime. Pour rappel, la principale revendication de la rébellion,  portait sur la dénonciation du concept d’ivoirité, qui empêchait la candidature d’Alassane Ouattara. Les rebelles frustrés réclamaient ainsi la participation de tous les Ivoiriens (y compris leur champion)  au processus électoral.

C’est ainsi, que le 27 avril 2005, le président Laurent Gbagbo, dans l’espoir d’un règlement pacifique de la crise ivoirienne, autorise la candidature d’Alassane Ouattara, pour  l’élection présidentielle de 2010, en amnistiant tous les acteurs de la crise ivoirienne.

Aujourd’hui, le président Laurent Gbagbo, définitivement acquitté par la Cour pénale internationale, doit être un homme complètement libre. C’est-à-dire, libre de proposer un jeune candidat à l’intérieur de son parti politique, (PPACI) ou de candidater lui-même, à l’élection présidentielle du 31 octobre 2025, s’il estime en avoir les capacités physiques et intellectuelles ,et  s’il estime n’avoir pas eu le temps de préparer un autre candidat, du fait de sa longue période de détention à la Haye, comme l’avait fait Alassane Ouattara suite au décès de son dauphin Amadou Gon Coulibaly, en juillet 2020.

 La crainte du retour au pouvoir de  Laurent Gbagbo.

A l’heure actuelle des choses, le président Alasssane Ouattara sait qu’il n’aura aucune chance de battre Laurent Gbagbo, en alliance avec Henri Konan Bédié dans un scrutin présidentiel loyal, libre et transparent.  Ce « «remake» de la bataille électorale  de 2010 qui se profile à l’horizon, est largement au profit de Laurent Gbagbo, au nom de la règle du  « deux contre un », à condition que dialogue politique entamé avec le pouvoir en place débouche nécessairement sur l’organisation des premières élections présidentielles «  entièrement » démocratiques, en Côte d’Ivoire.

Aux partisans du renouvellement générationnel, il est important de rappeler que le président Laurent Gbagbo n’a pas fondé la Troisième République, qui a fait sauter le verrou de l’âge, pour candidater à une élection présidentielle.  A cette époque, rares étaient les personnalités issue de la jeune génération qui s’y étaient véritablement opposées.  Ensuite, en octobre 2020, au moment  du « passage en force »  d’Alassane Ouattara, pour un troisième mandat, la quasi-totalité de la jeune génération de l’opposition  s’était constituée en « spectateurs », lorsque le président Henri Konan Bédié 86 ans, lançait un mot d’ordre de la désobéissance civile. Aujourd’hui, le renouvellement générationnel ne doit pas servir d’argument de rejet d’une candidature (injustement rejetée en 2020), mais plutôt être le résultat d’un choix interne aux grands partis politiques, ou d’un consensus. Le consensus ne peut concerner une personnalité politique déjà exclue.

Le Parti de Gauche dénonce les manœuvres de Ouattara visant à fausser le jeu politique de la prochaine élection présidentielle et dénonce le traitement indigne que subit le président Gbagbo. Ce dernier doit cesser d’être sous le coup d’une condamnation en étant définitivement amnistié et rétabli dans la totalité de ses droits afin d’être libre de positionner une relève pour l’élection présidentielle ou a posteriori de décider s’il le souhaite d’être candidat.

Le Parti de Gauche forme le vœu que le dialogue politique organisé actuellement avec l’opposition débouche sur un scrutin libre et démocratique, que la  CEI soit pour cela réformée conformément à la recommandation de la Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples.

Le Parti de Gauche exhorte  le peuple ivoirien à prendre en mains son avenir et à résister aux tentatives de perpétuation des forces politiques au pouvoir afin d’en finir avec la soumission et l’extraversion faute de quoi aucune forme de démocratie ne pourra advenir.

Oris Bonhoulou et Pierre Boutry

Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche

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