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Côte d’Ivoire : Ouattara réprime et verrouille

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Déclaration  de la Commission Afrique du Parti de Gauche

La coalition Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), avait appelé à une manifestation pacifique pour demander la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) ; les autorités l’ont dispersée violemment. Plus de 40 personnes, dont Jean Gervais Tcheidé, vice-président du Front patriotique ivoirien (FPI, opposition) et Oula Anselme du même parti, ont été arrêtées. Dans la soirée, une partie des manifestants a été libérée, cependant 18 personnes demeurent encore en détention. La manifestation n’avait pas été autorisée, nonobstant les discussions entre l’opposition et les autorités pour décider de son itinéraire. Ce n’est que la veille, assez tard dans la soirée, que l’interdiction a été communiquée.

C’est la composition de la Commission électorale indépendante (CEI) qui est dans le collimateur des opposants à Alassane Ouattara et il n’existe plus de consensus autour de la formation de cette instance déséquilibrée. Sur les dix-sept personnes qui composent cette instance, quatre représentent des membres du gouvernement – dont le président de la République – et quatre autres le parti au pouvoir. Et comme les quatre membres supposés représenter l’opposition ne sont pas reconnus par elle, les autorités emportent mécaniquement la majorité. Ouattara  a une volonté manifeste de tout verrouiller. Cette commission est tout entière au service de l’exécutif. Aucune élection juste et crédible ne peut se tenir dans ces conditions.

Ajoutons à cela le fait que président de la CEI, Youssouf Bakayoko, en place depuis plus de six ans alors que la loi l’interdit formellement est celui qui est à la base de la crise de 2010 en ayant annoncé les résultats proclamant Ouattara vainqueur de la présidentielle depuis son QG et hors du temps imparti à la commission électorale.

Les pressions internationales se sont pourtant intensifiées depuis la dernière élection présidentielle en 2015. Dans un arrêt daté du 18 novembre 2016, la Cour africaine des droits de l’Homme a ainsi estimé que « l’organe électoral ivoirien ne présente pas les garanties d’indépendance et d’impartialité ». Récemment, les représentants de plusieurs partenaires internationaux, dont l’Union européenne, la Belgique et les États-Unis, ont fait part de leur préoccupation. Mais rien n’y fait.

Ces manœuvres visant à mettre sous contrôle du régime le processus électoral, sont-elles les préparatifs d’une future présidentielle truquée ou d’un troisième mandat  illégal ?

Dans l’immédiat, l’élection de sénateurs ressemble à une pantomime dénuée de sens, sauf à considérer l’intérêt qu’a Ouattara à fidéliser sa clientèle en créant ce Sénat inutile et budgétivore.  Un tiers des sénateurs est en effet choisi directement par le président, les deux autres tiers par un collège de grands électeurs, acquis à la coalition au pouvoir. Le résultat de l’élection n’est donc pas surprenant : la coalition au pouvoir Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) remporte 50 des 66 sièges en jeu aux premières sénatoriales de Côte d’Ivoire, en l’absence de l’opposition qui boycottait le scrutin. Cependant, la surprise est venue de Bouaké, fief de la rébellion qui soutenait Ouattara, et de Yamoussoukro, la capitale administrative, patrie de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny dont le RHDP se réclame. Dans les deux cas hautement symboliques, le RHDP y a été battu par la liste des indépendants, les ADOrateurs de la première heure sont aussi les premiers à lui signifier son inanité.

Le Parti de Gauche dénonce les restrictions systématiques au droit à la manifestation pacifique, droit garanti par la constitution ivoirienne, car elles montrent la détermination des autorités à réduire au silence toute voix dissidente.

Le Parti de Gauche soutient le peuple ivoirien dans sa volonté de défendre la démocratie contre un régime qui révèle au grand jour sa vraie nature.

Le Parti de Gauche proteste contre le maintien en détention des 18 personnes arrêtées le 22 mars, pour avoir simplement participé à une manifestation pacifique et exige leur libération.

Pierre Boutry

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