Sans préjuger de l’état réel de santé d’Ali Bongo, il est raisonnable de s’interroger sur l’instabilité institutionnelle que les problèmes de santé du président suscitent. Il est aussi possible de s’interroger sur les manœuvres de son entourage pour cacher au peuple gabonais la gravité de la situation et organiser une perpétuation du pouvoir bongoïste façon Bouteflika. La tentative courageuse mais modeste du collectif Groupe des dix, alliance de la société civile et de partis politiques, consistant à réclamer un examen médical sécurisé du président, a été un coup d’épée dans l’eau.
De plus, l’absence de prise de position claire du président Ping au moment des législatives et son obstination à revendiquer une victoire qui certes lui revient mais dont les conditions de mise en œuvre s’éloignent de plus en plus, obscurcissent l’avenir politique à court/moyen terme du pays.
Il est donc temps de débloquer une situation qui risque de s’éterniser jusqu’à la prochaine échéance électorale à savoir 2023, ce qui trop loin pour être acceptable. La situation économique catastrophique du Gabon liée aux détournements, à la corruption et à la mauvaise gestion rend insupportables les souffrances du peuple, souffrances que des services publics à l’agonie ne peuvent atténuer.
Il convient donc de créer l’évènement afin que la classe moyenne gabonaise s’empare de son destin en ne se laissant pas manipuler par des étrangers et trace une voie de changement qui redonne espoir au peuple.
Seule une conférence nationale souveraine ou une constituante peut créer cet évènement déclencheur. Certes ce ne sera pas la première fois et on se souvient du dialogue d’Arambo, de la conférence et des accords de Paris. Mais l’histoire n’est pas un éternel recommencement et il n’y a pas de fatalité pour un peuple qui veut s’émanciper. A la condition que le caractère souverain soit clairement affirmé et mis en œuvre.
Le Parti de Gauche soutiendra toute initiative visant à promouvoir dans de brefs délais le passage de la vacance du pouvoir, non pas à un intérim qui ne ferait que reproduire l’existant, mais à une transition politique, institutionnelle et consensuelle. Cette période de deux ans, sera placée sous la responsabilité de cadres expérimentés soucieux du service public et non destinés à participer au processus électoral qui s’en suivra. Cette période devra permettre de tout remettre à plat dans le fonctionnement dévoyé de la démocratie gabonaise en refondant ses principes et ses institutions à partir des bases anthropologiques caractérisant la population gabonaise.
Pour que cesse l’Etat de confusion actuel et qu’advienne un Etat au service des gabonais !
Pierre Boutry
Déclaration de la Commission Afrique du Parti de Gauche