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La nécessité de donner un nouvel élan au mouvement de gauche panafricain face à la domination impérialiste.

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Message de Léonard Nyangoma, président du CNDD, à l’occasion de la fête de Solidarité organisée par Manifiesta édition 8 et 9 septembre 2018.

première partie

Chers camarades militants du Parti des Travailleurs de Belgique (PTB), Chers camarades organisateurs de ces journées de solidarité et de fraternité, Chers invités Chers tous, en vos titres et qualités,

1. Au nom de notre parti, le Conseil National pour la Défense de la Démocratie au Burundi (CNDD, en sigle), de ses militantes et militants du Burundi et d’ailleurs dans le monde, de son Comité Exécutif ainsi qu’en mon nom propre, je salue chaleureusement tous les camarades organisateurs de ces journées de solidarité et tous les invités ici présents, et remercie particulièrement de tout cœur le Parti du Travail de Belgique (P.T.B-Belgique) d’avoir imaginé ces journées de solidarité, d’échange d’idées et de joie partagée deux jours durant. Je salue toutes les délégations ici présentes, en particulier celles venues des autres continents du monde notamment de l’Amérique du Sud et de l’Afrique. Leur présence ici témoigne de la dimension mondiale et identique de nos luttes d’émancipation des peuples, du rêve partagé et de l’urgence et de la possibilité de bâtir un autre monde, un nouvel ordre mondial beaucoup plus juste et de fraternité que l’actuel, fait d’inégalité, de duperie et de fourberie d’un groupe minoritaire oligarchique et tentaculaire, une sorte d’hydre invisible qui veut assoir sa suprématie et sa domination politique, économique et culturelle sur la majorité du reste de l’humanité. Notre commune Humanité. Comment, en ces moments où la domination mondiale par le capitalisme financier atteint des sommets sans précédents, ne pas se réjouir d’être aujourd’hui ensemble dans ce grand rassemblement ? Merci de prendre à cœur l’Afrique qui est devenue un enjeu mondial à tous les plans depuis plusieurs siècles déjà, et qui devrait mobiliser tous ceux qui se battent contre l’ordre prédateur et nihiliste néolibéral ambiant, ayant pour idéologie de maintenir le système impérialiste sous des formes variées, dynamiques dans le temps mais toujours pareilles, et d’imposer le système capitaliste aux pays africains comme au reste du monde. C’est-à-dire vous et nous !

En guise de liminaire
2.1. « Hasta siempre Che Guevara ». Je me réjouis profondément de nous retrouver ensemble avec Aleida Guevara, fille d’une figure aussi marquante et emblématique de l’Histoire de l’humanité, en tous cas des luttes anti impérialistes aujourd’hui néolibérales, est tout un symbole. A travers elle je voudrais saluer la mémoire de son père, El Commandante Ernesto « Che » Guevara (dont il sera dans un petit mois, jour pour jour, le 51e anniversaire de son ignoble assassinat) ; le Che dont les actes et l’idéal, malgré ce que l’on puisse dire de la fin des idéologies, continuent d’inspirer tous ceux qui placent l’humain au centre du combat politique.

2.2. Bien qu’il soit difficile de relever le défi de ramasser en six minutes l’histoire d’un mouvement d’idées et de luttes politique, culturelle, philosophique… vieux de plus d’un siècle si l’on se réfère à ses initiatives fondatrices telle la première conférence panafricaine de Londres en 1900, voire de plus de deux siècles si l’on considère la révolution haïtienne de 1804 comme le moment fondateur des luttes pour l’émancipation du peuple noir de partout, de l’époque dite moderne par la découpe chronologique des historiographes.

Mon parti, le CNDD est panafricain par essence

3. La question qui nous est soumise et à laquelle je tâcherai de répondre en ce laps de temps est formulée ainsi : « comment à partir de votre expérience de parti politique d’opposition vous êtes arrivés à trouver important le mouvement panafricaniste ? » L’articulation de ma réponse à la question devrait d’abord omettre le mot opposition de la question, car notre vision politique inscrite dans les statuts et les fondements mêmes de notre parti sont panafricanistes par essence. Et c’est plutôt peut-être à cause de cela que notre lutte dès la naissance du mouvement de lutte politico-militaire, le CNDD, né de la nécessité de résister et d’organiser le peuple burundais contre un régime sanguinaire alors vieux de 40 ans et qui, au lendemain de l’assassinat du camarade Président M. NDADAYE en octobre 1993, heurte les tenants du statu quo ante. Le pouvoir de NDADAYE allait constituer un obstacle majeur aux impérialistes pour la conquête de la région, notamment la République Démocratique du Congo. Notre combat pour la liberté et la libération du peuple burundais, disais-je, a subi aussi le courroux des impérialistes et de leurs suppôts locaux, conscients ou non, tout au long de son existence, y compris quand il est devenu parti politique. Aujourd’hui en opposition au régime fantoche, tyrannique et anti démocratique de Bujumbura, le CNDD l’est devenu justement, car arrimé aux idées et idéaux panafricanistes et une vision anti impérialiste et ses tenants ou serviteurs, tel le régime burundais actuel.

4. Dès qu’il a été mis sur fonts baptismaux par son Assemblée Constituante le 8 mars 2003 et agréé comme parti politique le 13 janvier 2005, le CNDD s’est montré résolument dans la ligne du panafricanisme. Cela se reflète notamment dans son manifeste : l’article 10 de ses statuts stipule que : « l’idéologie du Parti CNDD tire sa source dans la longue lutte pour l’émancipation des classes, peuples et nations opprimés ou dominés par d’autres. L’Idéologie du Parti CNDD se range dans le camp progressiste englobant les courants démocrate, socialiste, social-démocrate et écologiste. ». Par conséquent, de nos principes qui guident l’action du militant du CNDD, on retrouve ceux inspirant les vrais panafricanistes à savoir, entre autres : Unité et Solidarité ; Compter sur ses propres forces ; direction collégiale des affaires politiques ; critique et autocritique positives ; culte de la vérité et la transparence et enfin la concertation verticale et horizontale.

5. Qu’il suffise enfin de citer en illustration de notre inscription dans le sillage du panafricanisme un des 111 engagements de notre campagne électorale 2005 : « Le CNDD veillera à promouvoir ses relations avec toutes les institutions et ou groupes d’initiative panafricanistes » (Engagement 21). Et pour cela nous envisagions, et envisageons toujours, afin de mener à bien nos ambitions en matière de formation et d’éducation populaire, de doter le parti d’une école de formation politique et d’éducation populaire dans la perspective de préparer les jeunes regroupés au sein de la JPD (Jeunesse Panafricaine pour la Démocratie) et les femmes rassemblées au sein de la fédération des femmes du CNDD « ABAGUMYABUNTU » et ainsi vulgariser nos idées, éveiller enfin la conscience citoyenne et solidaire. Plus nous importe donc de parler de la nécessité de faire triompher les idéaux du panafricanisme.

Le panafricanisme est PAN-Liberté : toujours d’actualité, le combat du panafricanisme exige la solidarité de tous les combattants de la liberté de partout
6. Comme chacun sait, une action politique qui ne s’inscrit point dans le sens de l’histoire est vouée à l’échec: le panafricanisme comme système idéologique tel que développé depuis plus d’un siècle, et auquel s’arrime notre parti, avec ses hauts faits et ses bas moments, s’oppose en s’opposant à d’autres idéologies beaucoup moins reluisantes, voire néfastes et criminelles contre l’Humanité telles que l’esclavagisme, le racisme, le colonialisme et le capitalisme (et son pendant néolibéralisme), des systèmes qui, à dessein d’exploiter sempiternellement les richesses du continent africain, ont scellé son sort et hypothéqué l’émancipation de ses habitants depuis des siècles. Systèmes synonymes d’oppression (aujourd’hui sibylline), soumission (politique, économique et culturelle) et misère (physique, morale et spirituelle).

7. La réalité contre laquelle s’opposaient déjà les esclaves révoltés dans les cales des bateaux les amenant de force vers les Amériques, à savoir la déportation de dizaines de millions de Noirs Africains durant presque quatre siècles, déportation aux conséquences dramatiques et sans laquelle l’occident ne serait ce qu’il est aujourd’hui; la réalité contre laquelle se sont plus tard révoltés à Saint-Domingue ou Hispaniola (Bohio ou Ayti1 sont plus indiqués pour respect de la mémoire des Taïno des Arrawaks exterminés par la suite par les conquistadors de Christophe Colomb), les Dessalines, Christophe, Toussaint Louverture et surtout les célèbres Marronniers, à savoir la déportation et le traitement inhumain et dégradant des Africains, voilà la justification historique initiale de la naissance et de l’évolution du PANAFRICANISME. Redonner à l’homme noir et par-delà l’Afrique, à l’homme tout court, tout homme, sa dignité et sa liberté est le leitmotiv de sa lutte. Ce sera aussi celle des premières initiatives avérées depuis la première conférence de Londres de 1900 notamment par Henri Sylvestre Williams de Trinidad et Tobago2 et ses camarades : les terres africaines déjà émiettées et balkanisées par le fameux congrès de Berlin (partage du gâteau africain) sont aujourd’hui toujours bradées à vil prix en faveur des multinationales véreuses. La terre d’Africa est inviolable et non cessible ; elle ne se vend pas, car elle est considérée comme un don de Dieu : tel est un des principes fondateurs de nos ancêtres depuis nos ancêtres les Pharaons et autres Nubiens de la vallée du Nil. Notre combat panafricain est donc toujours de libérer totalement la terre africaine de ses prédateurs, de quelque acabit ou couleur de peau qu’ils soient.

8. De L’UNIA de Marcus Garvey (incarnant le panafricanisme populaire à l’origine du Negro Improvement and Conservation Association connue -UNIA- lors de la première convention internationale des peuples nègres du monde3) au premier congrès panafricain par William E. Du Bois en 1919 (panafricanisme intellectuel); du congrès de Bruxelles, avec Paul Ponda Fanana, soulevant avec véhémence, déjà, devrions-nous dire, le cas du Congo (actuelle RDC) et demander de l’inscrire au cœur de la lutte panafricaine; des actions d’un George Padmore inspirant N’krumah et Namdy Azikiwe d’où naitra le 5e congrès panafricain de Manchester, dont un memo qui devait être présenté à la conférence de San Francisco (création de l’ONU) ne put jamais avoir l’agrément des puissances prédatrices; du combat culturel des Aimé Césaire, Léon Gontran Damas, Senghor et les autres (Mouvement de la Négritude au niveau culturel qui est aussi un aspect du combat pour la liberté), en passant par les plus proches des années dites des « indépendances » comme les Sékou Toure, Kwame N’krumah, Modibo Keita, Lumumba, Rwagasore, Nasser , Nyerere, Amilcar Cabral, Franz Fanon ; la liste des leaders et des phases phares du panafricanisme est longue.

9. Ce qu’il convient de garder en tête et qui sera une œuvre de longue haleine, c’est que toute initiative, tout projet panafricain doit aboutir à créer ce que tous ont appelé de leur vœu : les Etats Unis d’Afrique. Mais cela n’est pas dans le sens des intérêts des puissances : N’krumah, Sankara et tous les autres, beaucoup d’autres l’ont payé presque toujours de leur vie.

10. Le panafricanisme a définitivement constitué un espace de débat politique et de refus de l’asservissement ; il est devenu dès lors la chose non grata partout, car faisant de l’ombre aux prédateurs.

11. N’ayons pas peur de le dire, l’ordre mondial, dont l’ONU est une des manifestations visibles est contre l’Afrique et la majorité des peuples exploités ; l’institution est bâtie sur la logique de la domination des puissants (dits vainqueurs de la 2e guerre mondiale) sur les faibles dont l’Afrique et le souffre-douleur. La SDN l’était encore davantage au temps des colonies. Ça n’a pas changé et donc le panafricanisme a encore beaucoup de jours devant lui. Les institutions dites de Bretton Wood ont été créées en décidant de maintenir l’Afrique sous domination au profit des économies occidentales. Et quand cela ne fonctionne pas par le biais des PAS (Politique d’Ajustement structurel) ou par des contrats léonins sur le pétrole, le gaz, l’uranium, le cobalt et les nombreuses autres richesses dont regorge le continent, les puissances changent de pouvoir, par la duperie des urnes ou par des coups d’Etat. Cela dure depuis des dizaines d’années, des guerres du Biafra, de la sécession katangaise aux récentes guerres de Cote d’Ivoire, Mali, Lybie, Darfour, Sud Soudan, Centrafrique, Rwanda, Burundi, RDC, etc. Chaque pays africain depuis les années 1960 des indépendances a connu sa ou ses guerres. Ainsi comme l’a si bien dit récemment, le sociologue Jean Ziegler dans son dernier livre « Le capitalisme expliqué à ma petite fille (en espérant qu’elle enverra la fin) », pour l’Afrique, « la troisième guerre mondiale est en cours ».

S’unir maintenant ou périr !

12. Dans une intervention célèbre de Thomas Sankara le 29 juillet 1987, soit trois mois avant son assassinat ignoble, alors qu’il appelait ses pairs devant la tribune de l’OUA à le soutenir dans son élan de refus de payer la dette honteuse aux institutions de Bretton Wood, l’illustre figure du panafricanisme a déclaré, je cite :

« Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de part ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent ce sont ceux-là qui nous ont colonisés ; ce sont mêmes eux qui géraient nos économies ; ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès de s bailleurs de fonds, leurs frères et cousins. Nous étions étrangers à cette dette. Nous ne pouvons donc pas la payer ; la dette c’est encore le néocolonialisme ou les colonisateurs se sont transformés en assistants techniques, en fait nous devrions dire qu’ils se sont transformés en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement. Des bailleurs de fonds, internes que l’on emploie chaque jour, comme s’il y avait des hommes dont le bâillement suffisait pour créer le développement chez les autres. (…) Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. (…) Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne voulons pas payer la dette, non pas dans un esprit belliqueux belliciste, ceci pour éviter que nous n’allions nous faire individuellement assassiner. Si le Burkina Faso refuse tout seul de payer la dette je ne serai pas là à la prochaine conférence. Par contre avec le soutien de tous, dont j’ai besoin, avec le soutien de tous nous pourrons éviter de payer… »

Sitôt dit sitôt fait. « Si le Burkina Faso refuse tout seul de payer la dette je ne serai pas là à la prochaine conférence » : Le soutien ne vint pas et le président Sankara ne fut pas des leurs la conférence suivante !
« Avec le soutien de tous, et donc j’ai besoin » : on peut mutatis mutandis dire la même chose dans la construction d’un panafricanisme décisif en cours.

13. Dans son discours de clôture de la conférence de janvier 1961 des Etats indépendants du groupe dit de Casablanca, Kwame N’krumah déclare et je cite : Je ne vois pas comment les Etats d’Afrique seraient en sécurité si leurs chefs, dont nousmêmes-mêmes, n’avons pas la conviction profonde que le salut de l’Afrique est dans l’Unité…,car l’union fait la force, et , je le constate, les Etats africains doivent s’unir, ou alors se vendre aux impérialistes et aux colonialistes pour une assiette de soupe, ou encore se désintégrer individuellement. Plus tard, s’adressant à ses pairs avant l’adoption de la charte de l’OUA le 24 mai 1963, il dira « nous devons nous unir maintenant ou périr ». Lui faisant écho dans une de ses nombreuses conférences, le Pr Obenga dira quant à lui, parlant de passer tout de suite sans conditions préalables à l’étape décisive de la construction des Etats Unis d’Afrique : « Faisons » !

14. Les empêcheurs de la réussite de l’Afrique sont toujours aux aguets. L’on sait que Du Bois et Blaise Diagne incarnent déjà l’opposition progressiste aux réactionnaires et conservateurs, aujourd’hui on dirait modérés ; ce ne sont pas seulement des clivages de type linguistique qui nous ont poursuivis jusqu’à nos jours, mais aussi idéologique, notamment manifestés entre le groupe Casablanca et Monrovia des années de la création de l’OUA en 1963. Malgré tout, la dynamique du panafricanisme s’est maintenue, car toujours justifiée par les rebondissements de l’actualité dans les relations de l’Afrique avec le reste du monde.

15. L’on se souvient que N’krumah, joignant la parole aux actes, a tout fait pour convaincre Nasser à apporter son soutien aux mouvements de libération à la Guerre d’Algérie notamment, soutien aussi à la guerre de libération au Cameroun. Mais les clivages ont parfois triomphé : Groupe des radicaux Casablanca (Ghana, Guinée, Maroc et Egypte et Mali de Modibo Keita) et le Groupe Monrovia dit des modérés ou conservateurs qui ont fait allégeance à la France, souvent pour des intérêts individuels (Ph. Houphouët Boigny). C’est le grand défi du panafricanisme : unir le continent et parvenir à se hisser à la tête des Etats unis d’Afrique parlant d’une même voix sur tous les aspects de la direction des peuples : politique, diplomatique, économique, militaire, culturel, scientifique etc. Un exemple positif récent de négociations groupées pour le continent. Les récentes négociations des accords APE où l’Afrique de l’Est a surpris Bruxelles par des arguments imparables et parlant d’une seule voix.

16. Sur la lancée de N’krumah et ses pairs panafricains, l’époque avant les indépendances fut bénie pour le panafricanisme. Le Panafricanisme de lutte est canalisé par Nyerere : tous les révolutionnaires passeront par Nyerere (Angola, Mozambique, Afrique du Sud, y compris Guinée Bissau de Amilcar Cabral, Zimbabwe, Namibie…). La lutte contre l’apartheid a entretenu la flamme du panafricanisme. Cuba, Tanzanie ont aussi inspiré et propulsé le combat panafricaniste avec toujours pour toile de fond la nécessité de repenser le rôle de l’Afrique dans le monde. Une dormance relative sera observée durant les années 1990 où toutes expériences éparses semblent définitivement annihilées, cette dormance est renforcée par le bloc des pays de l’Europe de l’Est donc l’URSS.

17. Au début des années 2000, une certaine volonté de relancer le mouvement a pris de l’ampleur, notamment avec Thabo Mbeki pro renaissance africaine. Mouammar Kadhafi relancera le panafricanisme à coup de milliards (sommet de Sirte), ce qui lui a valu le sort qu’on connait. La création en 2002 de l’Union africaine s’inscrit dans cette perspective, bien qu’elle soit malheureusement calquée sur le modèle chancelant de l’union Européenne dont on sait qu’elle est plus celle des finances et non des peuples : il était prévu un parlement panafricain une des rares bonnes promesses allant dans le sens d’un panafricanisme des peuples.

18. On le sait les forces négatives sont toujours à l’œuvre : les divisions et guerres sur base ethnique dans nombre de pays africains durant toute la période coloniale et post indépendance (Guerre du Biafra, Kolwezi, Zimbabwe et Angola, Mozambique, etc.). Berlin de novembre1884- 26 février 1885 pour le partage de l’Afrique selon des frontières artificielles a constitué un précédent qui continue ; un des moments clé qui a scellé le sort de l’Afrique moderne et hypothéqué son destin de liberté. Le démembrement du Soudan (Darfour et Sud Soudan), les tentatives sur la RDC, le Cameroun, le Mali, le Tchad, le Nigéria, la Cote d’Ivoire, la Tanzanie (partie de Zanzibar), le Sahara occidental (République arabe Sahraouie) et j’en passe sont dans le même sillage. 19. Pourtant l’unicité de l’Afrique culturelle, anthropologique, et donc aussi de l’espace politique et géopolitique n’est plus à démontrer (voir L’unité de l’Afrique par C. A. Diop). Le pan-négrisme se transformera en panafricanisme, un mouvement un projet politique de libération de toute l’Afrique. « Je déclare aussitôt que cette indépendance nationale n’aurait pas de sens si elle n’était pas liée à la libération totale du continent africain. ». Le Ghana devint ainsi une plaque tournante du panafricanisme. Si nous voulons rester libres…nous devons nous unir disait Nkrumah dans son livre « L’Afrique doit s’unir ». La politisation des identités, ethniques, territoriales, culturelles et sociales sur lesquelles les puissances coloniales se sont longtemps appuyées pour assoir leur autorité resurgit sous de nouvelles formes dans le processus de décolonisation dans plusieurs régions de l’Afrique: la RDC, le Soudan, le Nigéria, l’Erythrée, le Sahara, le Mali., le Cameroun….

la deuxième partie de ce texte figure dans le post suivant intitulé « pour un renouveau de la gauche africaine »

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