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Pour un renouveau du Réseau de la Gauche africaine

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deuxième partie du message du camarade Léonard Nyangoma lors de la Fête de solidarité Manifiesta les 8 et 9 septembre 2018

Unité et solidarité des mouvements et partis de gauche d’Afrique et d’ailleurs.

20. La gauche africaine doit prendre l’initiative comme avant-garde du panafricanisme d’émancipation. Le panafricanisme comme mouvement de libération de la domination coloniale est un succès indéniable, mais un échec comme mouvement d’intégration ou d’unification de l’Afrique notamment la construction d’une Afrique unie des peuples. Nous l’avons vu, les défis sont à la fois externes et internes : le néocolonialisme, le néocolonialisme, l’impérialisme. La chute des régimes coloniaux n’a pas du tout éliminé la domination. Les Etats africains sont aujourd’hui néocoloniaux, pro-capitalistes et pro-impérialistes et sont là pour préserver le statu quo de l’exploitation et l’oppression de la majorité pauvre par les quelques élites dirigeantes riches et le sousdéveloppement des pays africains par les pays impérialistes. En plus les états sont dirigés par des élites qui amassent d’énormes richesses à travers la corruption et par le pillage de la terre et les ressources de la terre par le capitalisme bureaucratique et la collaboration avec le capitalisme externe. La façon dont ces leaders et les états exploitent et oppriment leur peuple diffère d’un pays à l’autre.

21. Malgré l’existence du multipartisme et des élections régulières, la majorité de la population africaine est encore pauvre et continue d’être aliénée à la terre et aux ressources de la terre. Beaucoup de peuples africains dans tous les pays africains n’ont pas accès aux services de base tels que nourriture, logement, vêtement, soins de santé, eau potable et un environnement sain. La pauvreté domine dans tous les pays tandis que toutes les cités, villes et zones urbaines sont caractérisées par des quartiers pauvres. La division de classe entre les quelques riches et la majorité pauvre est manifeste partout. Au même moment les élections multipartistes qui sont tenues après un peu d’années recyclent les mêmes élites pro-capitalistes qui utilisent le tribalisme, la corruption, l’argent, les médias qu’elles contrôlent et même la violence pour « gagner » les élections (cas du Burundi).
22. Une multitude de sectes religieuses (plus de 1000 au Burundi), des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les Organisations des Sociétés Civiles (OSC) ont poussé comme des champignons à travers les pays africains. Elles jouent un rôle important dans la vie des pays et influencent leur développement politique, économique, social et culturel. Cependant la plupart des ONG et OSC sont financées par les Gouvernements et les ONG des pays impérialistes. Par conséquent elles servent parfois les intérêts du capitalisme et de l’impérialisme. Au mieux, elles organisent les masses africaines pour lutter pour les réformes démocratiques et progressistes à l’intérieur du capitalisme et de l’impérialisme.

Que faire face à la situation ?

23. Au regard de la situation actuelle du mouvement panafricaniste, l’idéal de l’unité des peuples s’estompent au fil des temps, en même temps que se dessine une lueur d’espoir au vu de l’éclosion actuelle des intellectuels et penseurs africains, hommes et femmes, afro-américains surtout de tendance panafricaniste très dévoués pour l’unité de l’Afrique, je pense notamment à : le professeur Théophile Obenga, l’historien écrivain Amzat Boukari-Yabara, le sociologue Saidi Bouamama, le professeur Coovi Gomez, le jeune activiste Kemi Seba, Madame Ama Mazama ou la militante Aminata Traoré, le chercheur Kalala Omotunde, le penseur et économiste Jean-Paul Pougala, les professeurs Bilolo, Mbong, Madame Marie Louise Eteki-Otabela et bien d’autres. La masse est devenue critique assez pour produire les effets escomptés. Le fruit de l’élan panafricain est aujourd’hui bien mûr.

24. Le contexte actuel mondial peut constituer un accélérateur de l’histoire : la nouvelle guerre froide entre les puissances occidentales et puissances des BRICS, les moyens de communication fournis par internet accessibles pour une grande majorité des classes moyennes….
Mais le mouvement panafricaniste actuel qui est en train d’émerger partout, risque d’être récupéré par certains dictateurs africains avec l’aide même des extrêmes droites de l’occident, cas du belge Luc Michel, devenu l’avocat de plusieurs dictateurs africains comme Nkurunziza du Burundi et leur attribue régulièrement des certificats de mérite panafricaniste; ou encore de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair qui pour des intérêts pécuniaires et autres ose descendre si bas et apporte des soutiens aux dictatures en Afrique. Ils occupent le vide laissé par les partis de la gauche européenne, celle-ci considère encore la question impérialiste comme un problème secondaire. Chaque fois qu’un dictateur entre en conflit avec les puissances impérialistes, qui n’ont plus besoin de lui, il devient panafricaniste d’occasion. Vous vous souviendrez du célèbre discours de Mobutu aux Nations Unies dans les années 70, il a tenu un discours mémorable. Resté aujourd’hui dans la liste élogieuse des plus grands discours du XXe siècle. Nkurunziza du Burundi menacé par la CPI pour crimes commis contre son peuple a dû retirer le Burundi de la CPI. Parfois de bonnes initiatives mêmes prises par un dictateur avec des arrières pensées, il faut les saluer et les encourager.

25. De tout ce qui précède, la gauche africaine, celle notamment rassemblée au Forum du Réseau de la Gauche Africaine (FRGA) ou en anglais African Left Network Forum (ALNEF) doit sortir de sa léthargie et reprendre l’initiative de mettre sur les rails du socialisme le mouvement panafricaniste. L’idéal panafricaniste de l’ALNEF est dans ses missions, à savoir : unir les Partis et organisations Politiques Africains de Gauche et forger la Solidarité entre eux dans la lutte pour le Socialisme dans leur pays et en Afrique ; et mobiliser toutes les forces populaires sur le continent africain pour une Révolution Démocratique Nationale, une Union Révolutionnaire Africaine et finalement une Afrique Socialiste Unie.

Quelques objectifs du FRGA :

1. Lutter pour la défaite du colonialisme et du néo-colonialisme et de toutes leurs manifestations en Afrique ;
2. Surmonter les divisions superficielles et artificielles utilisées pour diviser les peuples africains et pour forger la désunion, le préjudice et les guerres civiles ;
3. Consolider et développer les Partis de Gauche et forces en Afrique ;
4. Lutter pour gagner le pouvoir politique dans nos circonstances nationales et pour bâtir des espaces populaires, démocratiques et progressistes ;
5. Accélérer le processus d’Unité et d’Intégration continentales et régionales (Sud/Sud) ;
6. Lutter pour vaincre l’impérialisme et ses étapes locales ;
7. Lutter pour une démocratie participative et la réalisation des droits de l’homme et pour consolider et défendre les acquis démocratiques gagnés jusqu’ici par la lutte des peuples ;
8. Considérer le FRGA comme une plate-forme pour les perspectives et vues de la Gauche Progressiste représentant le continent, approfondir le programme théorique de réalisation des plates-formes communes à des niveaux variés à travers tout le continent ; et
9. Lutter pour le Socialisme individuellement dans les pays et dans l’ensemble sur le continent africain
Priorité des priorités pour un nouvel élan du panafricanisme
1°.Décoloniser mentalement les esprits en mettant un accent particulier sur l’éduction populaire surtout de la jeunesse estudiantine. On insister sur les aspects historiques et du moment qui redonnent aux africains leur fierté. Ce rôle doit être conduit par les organisations et personnalités progressistes. Le panafricanisme doit être guidé par une orientation socialiste et progressiste
2°. Fédérer les luttes et organisations panafricanistes au sein de chaque pays, région et à l’échelle du continent et du monde à travers les congrès des peuples nationaux, régionaux et africains. Participeront dans ces congrès les délégués des peuples : partis, délégués des jeunes, délégués des femmes, délégués des syndicats, des associations et ONG….
3°. Stimuler la création des organisations de la société civile panafricanistes
4°. Participation aux actions concrètes de solidarité panafricaine : conférences, médias, publications de conscientisation ; soutiens massifs concrets aux organisations panafricanistes pour la conquête du pouvoir.
5° campagne de solidarité concrète les périodes électorales
6° Créer des espaces de rayonnement panafricaniste et socialiste : médias, bibliothèques, espaces d’éducation populaire, etc.
Avoir comme objectif au moins trois Etats panafricanistes (donc gouvernements), à l’intérieur d’une des cinq régions du continent (cinq dans chaque région serait l’idéal) qui créent l’embryon de l’Etat Fédéral Africain.

26. Chers camarades, la gauche africaine rassemblée au sein de l’ALNEF doit se réveiller pour donner un nouvel an au mouvement panafricaniste, ce n’est pas seulement une nécessité mais un devoir en particulier pour la gauche africaine et pour la gauche dans le monde entier en général. Seule la gauche africaine est capable de donner une orientation socialisante de ce mouvement, sinon il risque d’être dominé ou récupéré par les courants ultralibéraux, au mieux par des courants nationalistes.

Cet idéal panafricaniste est juste et légitime, l’Afrique a trop souffert, il faut rendre la dignité aux peuples africains, honorer la mémoire de nos leaders africains ou afro-américains, la plupart comme Lumumba, Sankara, Rwagasore, Malcom X, Cabral… Kadhafi, assassinés au front de lutte contre la domination impérialiste, leur assassinat prouve que la cause de l’unité africaine qu’ils défendaient était juste, il vaut la peine de la poursuivre jusqu’à la victoire matérialisée par la construction d’une Afrique unie socialiste des peuples. D’autres sont muselés ou injustement emprisonnés comme le Président L. Gbagbo. Seule cette Afrique unie sortira les peuples africains de la soumission, elle sauvera non seulement l’Afrique, mais le monde entier, car une Afrique Unie pourrait mieux contribuer à la paix et au progrès de l’humanité comme le disait Nkrumah. La paix mondiale exige aujourd’hui l’unité africaine pour éliminer des éléments qui créent les conditions de guerre en Afrique.

Que vive l’Afrique.
Que vive la solidarité internationale de gauche.

Léonard Nyangoma, président du CNDD

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