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MALI : un gouvernement complice de mauvais traitements sur ses propres migrants

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Déclaration de la Commission Afrique du Parti de gauche
Paris, le 28 décembre 2016

Le dimanche 11 décembre 2016, le Ministre des Affaires Etrangères des Pays Bas agissant dans le cadre prédéfini au Sommet de La Valette sur les migrations africaines (novembre 2015), a produit pour le compte de l’UE un communiqué conjoint avec les Ministres Maliens des Affaires Etrangères, de la Coopération Internationale et de l’Intégration Africaine et celui de la Justice, des Droits de l’Homme et Garde des Sceaux, sur la prévention et la lutte contre la migration irrégulière, y compris le trafic des êtres humains et le retour, la réadmission et la réintégration des migrants en situation irrégulière. Ce « communiqué conjoint Mali-Union Européenne à la suite du Dialogue de Haut Niveau sur la Migration », fixe le cadre d’un prochain accord avec l’Union Européenne dont la formalisation est prévue prochainement à Bruxelles, accord qui donnerait le quitus des autorités maliennes (mais aussi nigériennes et sénégalaises) au rapatriement forcé de ses compatriotes en situation irrégulière en Europe.
Un communiqué du ministère néerlandais des affaires étrangères publié le même jour évoquait un « accord de retour des migrants » conclu entre l’UE et le Mali. « C’est la première fois que l’UE établit de tels accords spécifiques avec un pays africain sur le retour des demandeurs d’asile refusés », relate le communiqué rédigé en anglais. On y lit par ailleurs que « des fonctionnaires maliens se rendront dans les pays membres de l’UE pour aider à déterminer l’identité des migrants, afin d’accélérer leur retour ».
Le 14 décembre 2016 Monsieur Harlem Désir, Secrétaire d’Etat Français aux Affaires Européennes a annoncé devant le Sénat français la Signature d’un accord sur la migration avec le Mali.
L’UE s’est donc empressée de parler d’accord plutôt que de communiqué ; un accord qui s’il était mis en œuvre livrerait les maliens travaillant en Europe et particulièrement en France à la police française dûment (in)formée par la police malienne ; en quelque sorte un phénomène de délation institutionnalisée ! Moyennant il est vrai la dotation de 145MEURS d’un « Fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulières »
Pour ajouter un peu plus à la/sa confusion, le ministre malien des affaires étrangères a affirmé jeudi 15 sur son compte Twitter que « le gouvernement du Mali exige des Pays-Bas et de l’UE un démenti officiel qu’un accord de réadmission ait été signé » !
A l’intérieur du pays comme à l’extérieur, les maliens se sont offusqués en apprenant que leur gouvernement a autorisé leur rafle en Europe. Les organisations maliennes de migrants sont notamment montées au créneau pour dénoncer l’accord de la honte.
« L’accord », tel que le conçoit la partie européenne, a été présenté lundi aux ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne. La demande de rectification formulée ce jeudi par les autorités maliennes auprès de l’UE et des Pays-Bas intervient après plusieurs jours d’incertitude sur la position malienne par rapport aux enjeux du « communiqué conjoint ». Une inquiétude renforcée ces derniers jours après la découverte d’un document de l’Ambassade du Mali en Allemagne qui notifie au Conseil de base des maliens de l’extérieur l’arrivée d’une mission d’identification des migrants maliens en situation irrégulière.
Concomitamment, les autorités maliennes réagissent mollement quant à la « chasse aux noirs » (selon l’expression utilisée par des journaux maliens) et aux mauvais traitements infligés en Algérie à ses ressortissants expulsés via Tamanrasset : le Niger a accepté que 896 subsahariens sur environ 1600 soient expulsés à Agadez, parmi lesquels 278 maliens. Les témoignages sur la brutalité, le manque de soins et de nourriture sont dramatiques.
C’est dans ce contexte que nous apprenons l’interdiction des manifestations prévues à Bamako à l’occasion du sommet France-Afrique en janvier 2017 par l’internationale des Sans-Papiers et Migrants, le Mouvement pour la Dignité et les Droits des Maliens, l’association Droits Ici et Là-bas : le 12 janvier, en soutien à la caravane venant des 3 communes Sadiola, Dialafara, Sitakily pour exposer leurs difficultés de vie quotidienne dans cette région aurifère en proie au banditisme, demander la protection du Gouvernement et la construction d’une route afin de faciliter l’accès des forces de l’ordre ; le 14 janvier, pour commémorer dignement et dans le calme, la clôture du Sommet entre la France et les Etats Africains.

La Commission Afrique du Parti de gauche dénonce les manœuvres abjectes de la diplomatie européenne dans le traitement des migrations des pays du Sahel.
La Commission Afrique du Parti de gauche soutient la protestation faite par le parti SADI quant à la nécessaire clarification par le gouvernement malien de sa position dans l’imbroglio actuel.
La Commission Afrique du Parti de gauche dénonce l’atteinte à la démocratie que constitue l’interdiction faite à la société civile de manifester pacifiquement lors du prochain sommet franco-africain.
Pierre Boutry

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