Déclaration de la Commission Afrique du Parti de gauche
Le gouvernement tchadien aux abois suite à la chute des revenus du pétrole depuis quatre ans, et aux effets catastrophiques d’une gouvernance dispendieuse et totalement inefficace, réunit sur trois jours à Paris les bailleurs de fonds afin de financer le Plan National de Développement 2017-2021 et susciter des « manifestations d’intérêts des investisseurs ».
Ce qui serait normal pour un pays « en émergence » est dans le cas du Tchad proprement scandaleux. Rappelons que malgré les accords internationaux visant à préserver les revenus du pétrole de Doba « pour les générations futures » cet argent a été détourné par Déby pour s’enrichir et entretenir une armée clanique. Certes un deuxième pont sur le Chari a été construit ainsi que quelques infrastructures. Mais à quoi sert il de construire des universités s’il n’y a pas de professeurs et de matériel et des hôpitaux s’il n’y a pas de médecins et d’équipement ; en fait cela sert à toucher des commissions et non pas à améliorer le sort des populations dont on rappellera que 40% vit dans l’insécurité alimentaire et 90% dans un climat de violence et de répression.
Ainsi messieurs les bailleurs, financer les projets du PND d’un régime qui n’a pas su gérer la manne pétrolière et a détruit les filières traditionnelles du coton et du sucre pour que les importations de produits de substitution profitent à quelques prédateurs, reviendrait à endetter les générations futures et à compromettre tout développement équilibré d’un pays dont les écosystèmes souffrent du fait du changement climatique.
Le peuple tchadien vaut mieux qu’une vague promesse de « promotion de culture de paix, de renforcement de l’unité nationale et de la bonne gouvernance » en vue de l’instauration d’un Etat de droit en 2030 !
Inversons la perspective : un gouvernement démocratique d’abord afin de définir une politique de développement intégral ! Et ensuite messieurs les bailleurs seront sollicités à bon escient !
Pierre Boutry