Déclaration du Parti de Gauche
Ibrahim Yacouba président du parti MPN Kiishin Kassa, accompagné du vice-président Dan Dano Mahamadou Lawaly et du représentant en Europe du parti Boubacar Soumana, ont été reçus à l’Assemblée Nationale le 23 octobre 2019 par Eric Coquerel coprésident du Parti de Gauche et député LFI.
Cette rencontre fait suite à la troisième conférence AFPA, cette fois-ci consacrée au Niger avec en perspective les élections présidentielles et législatives de décembre 2020.
Le président actuel Issoufou a annoncé publiquement renoncer à un troisième mandat, ce en quoi il ne fait que respecter la Constitution mais du moins la respecte-t-il contrairement à certains de ses pairs de la sous-région. Le paradoxe est le suivant : la possibilité théorique d’une élection démocratique dans un pays où les coups d’Etat militaires furent nombreux et en même temps un processus électoral modifié par le pouvoir en place dans un pays quasiment mis sous tutelle par ledit pouvoir.
Le président Ibrahim Yacouba a pu expliciter les obstacles mis par le pouvoir en place au bon déroulement d’un processus électoral démocratique : modification arbitraire et sans discussion de la loi électorale, désignation d’un candidat officiel à savoir l’actuel ministre de l’intérieur Mohamed Bazoum, exclusion de l’opposition des postes publics, attaques constantes contre la société civile, medias muselés.
Toute l’astuce de l’actuel gouvernement consiste à obtenir un dédouanement international comme bon élève obéissant pour mieux cacher sa connexion avec les narcotrafiquants et son incapacité d’Etat failli à faire face à une insécurité grandissante.
Le MPN s’affiche délibérément comme un parti progressiste voulant changer l’ordre des choses.
Face à un pouvoir en place qui liquide l’école publique, démantèle les structures de santé et construits des éléphants blancs, le MPN nous affirme sa volonté de reconstruire l’Etat en mettant la priorité sur l’éducation et la santé publique seuls vrais leviers pour transformer la société et libérer les femmes. La reconquête de la souveraineté nationale passe par une réforme de l’armée pour en faire une vraie armée républicaine et par une présence réaffirmée des services publics dans les territoires abandonnés par un pouvoir affairiste.
Le MPN réaffirme aussi l’impératif démocratique : référendum révocatoire dans les municipalités, pour une meilleure représentation des femmes dans les postes de responsabilité, destitution possible d’un ministre qui bafouerait ce pourquoi il a été nommé. La préoccupation écologique est déjà présente dans le discours en particulier en ce qui concerne la lutte contre la désertification, la volonté proclamée de protéger les réserves naturelles et l’exigence réaffirmée d’infrastructures efficientes autour des mines d’uranium.
Le MPN exprime sa volonté de renforcer le partenariat durable avec le Parti de Gauche et LFI dans une dynamique internationaliste.
Le Parti de Gauche réaffirme qu’il faut créer les conditions d’une révolution citoyenne et réfléchir à la manière dont la « règle verte » peut être transposée dans un pays comme le Niger qui subit un extractivisme important destructeur de l’environnement et nuisible à la santé publique. Ces deux thèmes méritent certainement d’être travaillés et approfondis ensemble avec une volonté commune de faire progresser l’émancipation de nos peuples respectifs.
Le Parti de Gauche réaffirme la nécessité de renforcer l’union de l’opposition dans le cadre existant du Front Patriotique seul moyen de provoquer par les élections un changement de régime qui ne soit pas seulement un changement d’équipe mais une vraie transformation en profondeur.
Le Parti de Gauche réaffirme enfin sa volonté de renforcer les liens à travers l’AFPA avec les partis progressistes africains et de participer aux travaux en commun visant à en faire une force d’alternance clairement identifiée.
Pierre Boutry