Communiqué
Au regard des intentions clairement affichées du président Kabila de modifier la constitution de son pays afin de briguer un troisième mandat, des représentants de la société civile du Sénégal et du Burkina-Faso ont été invités en RDC le 15 mars 2015, pour partager leur expérience de lutte contre les atteintes à la constitution avec les jeunes congolais.
Dans un quartier de Kinshasa où le rassemblement a lieu, un diplomate américain ainsi que des éléments des presses belge et congolaise ont été arrêtés et conduits dans les locaux de la police. Mais assez rapidement, les Européens ont été libérés.
A Goma, dans l’Est du pays, de jeunes congolais ont été arrêtés parce qu’ils manifestaient leur opposition à la volonté du président de toucher à la constitution. Il a fallu que les responsables politiques du Sénégal et du Burkina demandent officiellement la libération de leurs ressortissants pour que les membres de la société civile invitée au Congo soient libérés.
Il est à remarquer que le voyage au Congo a été financé par l’organisation américaine US AID. La responsable de cette organisation a clairement affirmé que les chefs d’Etats africains en fin de mandat qui ne voudront pas céder le pouvoir seront poussés à la porte.
Quant aux activistes congolais de la LUCHA et de FILIMBI, ils sont toujours détenus arbitrairement par un pouvoir rendu nerveux par les manifestations étudiantes et populaires du début 2015.
Ceci coïncide avec la découverte d’un charnier de 425 morts le 19 avril à Kinshasa (Maluku) laissant deviner un lien avec ces manifestations durement réprimées par la Garde Présidentielle. Cette découverte a d’ailleurs conduit le pouvoir à déclarer qu’il avait ainsi créé plusieurs fosses communes !
L’Alliance des Forces Progressistes Africaines exige :
- l’ouverture d’une enquête indépendante pour l’inspection de ces fosses communes,
- la libération de ces jeunes activistes détenus arbitrairement,
- le recensement des familles endeuillées pendant le soulèvement du 19 au 22 janvier 2015, auprès des organisations de la société civile et de droits de l’homme afin d’établir nombre réel de victimes.
L’Alliance des Forces Progressistes Africaines salue la solidarité des jeunes en révolte mais dénonce le soutien des institutions américaines NDI et USAID aux activités de certaines organisations de la jeunesse comme FILIMBI et à certains partis politiques, car ces pratiques de manipulation politique au profit d’intérêts impérialistes étrangers jettent le doute sur l’authenticité de la lutte de congolais, ce qui oblige à leur condamnation et donne des raisons au régime Kabila de se présenter en victime de ceux qui l’on fait roi depuis 2001.
L’Alliance des Forces Progressistes Africaines appelle les partis politiques de gauche en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale à dialoguer sur toutes les voies susceptibles de soutenir les mouvements populaires et à agir solidairement en organisant la résistance aux pouvoirs dictatoriaux et corrompus encore en place.
Raphaël Adjobi, Christophe Masamba, Pierre Boutry