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Sénégal : adresse du Parti de Gauche au Parti de l’Indépendance et du Travail à l’occasion de son septième congrès

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Paris le 27 avril 2023

Monsieur le Président,

Monsieur le Secrétaire Général,

Camarades membres des structures du PIT

Cher.es Camarades militant.es,

Tout d’abord,  je voudrais vous adresser mes très sincères remerciements pour votre invitation à vous adresser ce message, à l’occasion de l’ouverture du 7ème Congrès du Parti de l’indépendance et du Travail (PIT).

Je suis heureux de saluer aujourd’hui, au nom du Parti de Gauche, parti fondé par Jean-Luc Mélenchon et colonne vertébrale du mouvement La France Insoumise, tous les représentants de partis  politiques, présents, à ce Congrès.

Toutefois, en cette circonstance, permettez-moi d’abord, d’avoir une pensée respectueuse pour le camarade Ibrahima SENE, Secrétaire en charge des questions économiques du parti, décédé dans la nuit du 8 au 9 avril 2023.

Je voudrai donc saisir cette occasion pour rendre hommage à un véritable homme de gauche et membre fondateur du PIT. En effet, Ibrahima SENE était un défenseur infatigable de la justice économique et des droits des travailleurs, tout au long de sa vie.

Au Parti de Gauche, nous saluons la mémoire d’un grand homme et surtout d’un excellent débatteur, qui n’a cessé de porter des critiques justes, et constructives de nos publications sur le site de l’AFPA, association que nous avons créée pour rassembler les partis progressistes africains.

Cher.es camarades, l’essentiel de mes propos portera sur deux thèmes : le problème de la limitation des mandats présidentiels au Sénégal et la doctrine écosocialiste du Parti de Gauche, doctrine que nous souhaitons partager avec vous.

La question de la limitation du mandat présidentiel

Le Sénégal est un pays cité en exemple en matière de stabilité et de démocratie, depuis son accession à l’indépendance en 1960.  En mars 2000, le pays donna une leçon de démocratie à toute l’Afrique via sa première passation pacifique du pouvoir d’un  président sortant à un président élu. Le nouveau président élu, Abdoulaye Wade venait de mettre fin à un régime de « parti-Etat », vieux de 40 ans. Cependant, lorsque Wade accède au pouvoir d’État, le mandat présidentiel est de 7 ans. En 2001, le nouveau chef d’État fait donc adopter une réforme constitutionnelle qui instaure le quinquennat  et une limite de deux mandats consécutifs. Cette réforme saluée par l’opinion nationale et internationale, sera par la suite,  difficile à mettre en pratique.

La question que nous devons nous poser est la suivante : la limitation du mandat est-elle vraiment nécessaire au Sénégal ?

Cher.es camarades, plusieurs raisons nous permettre de répondre à cette question par OUI et NON. En effet, l’on peut être tenté de dire que la limitation des mandats présidentiels  n’est pas nécessaire pour deux raisons.

D’abord,  parce que la plupart des grandes démocraties occidentales ont instauré la limitation du mandat présidentiel près de deux siècles après leurs indépendances (États-Unis en 1951, France en 2008 etc..).Ce qui laissait à ces nations, le temps d’acquérir dans la longue durée, une culture démocratique. En 2000, la limitation du mandat présidentiel fut instaurée seulement 40 ans après l’indépendance du Sénégal.

Ensuite, parce que la non-limitation du moins, la violation de la limitation du mandat présidentiel, n’a ni empêché l’alternance politique au Sénégal, ni jeté le doute sur la crédibilité des résultats de l’élection présidentielle. Le scrutin  présidentiel sénégalais, semble être libre et transparent au vu des alternances de 2000 et 2012. Par exemple, en mars 2000, le président sortant Abdou Diouf appelle le vainqueur Abdoulaye Wade pour le féliciter.

Cependant, un an après sa réélection pour un mandat de 5 ans en 2007, Abdoulaye rétablit le septennat en 2008. Ce qui lui donne, par le jeu de l’interprétation, un argument juridique pour faire un troisième mandat, malgré l’opposition de la population.

Mais en 2012, Abdoulaye Wade sera battu par son ancien Premier ministre Macky Sall, élu pour un mandat de 7 ans. Le nouveau président Maky Sall fut un membre du parti d’Abdoulaye Wade (le PDS). Il occupa plusieurs fonctions ministérielles avant quitter le PDS pour fonder son parti l’APR.

Finalement 2016, le président Macky Sall réinstaure de nouveau le Quinquennat, en rendant caduc, le mandat de sept ans instauré par Abdoulaye Wade. Ce qui lui permet à son tour, de favoriser le jeu de l’interprétation autour de l’article 27 de la Constitution sénégalaise qui stipule : « La durée du mandat  présidentiel est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».

Toutefois, la limitation du mandat présidentiel est voulue par une bonne partie de la population sénégalaise et nous affirmons que cette limitation est nécessaire pour le bon fonctionnement de la démocratie. Dans cette logique de limiter les mandats présidentiels, le pluralisme, les alternances politiques, ainsi que  les valeurs démocratiques sont assurés. Les candidats sortants risquent moins d’utiliser les institutions pour manipuler les élections ou marginaliser leurs adversaires politiques.

Or, chers Camarades, la dérive dictatoriale du régime de Macky Sall prend une dimension inquiétante et présage certainement une candidature pour un troisième mandat, tout en jetant un doute réel sur la crédibilité du scrutin présidentiel de 2024.

Cette dérive se manifeste aujourd’hui par la répression envers le leader du Pastef Ousmane Sonko, son principal opposant. Déjà mis en cause dans une affaire de viols présumés, Ousmane Sonko est convoqué le 16 mars dans un autre dossier dans lequel il est poursuivi en diffamation et injure par le ministre du Tourisme. Le 30 mars 2023, Ousmane Sonko, candidat déclaré  à l’élection est condamné à 2 mois de prison avec sursis.

Depuis lors, des opposants ont été arrêtés, des journalistes également comme le patron du site d’informations Dakar Matin, Pape Ale Niang. Plusieurs manifestations ont éclaté à travers le pays. Les partisans de Sonko voient une manœuvre pour écarter leur leader de la course à la présidentielle, au profit du troisième mandat de Macky Sall.

Alors que nous luttons en France contre la dérive autoritaire et anti-démocratique de Macron, contre la répression de plus en plus violente des mouvements sociaux, contre un gouvernement qui méprise les plus modestes et est incapable d’envisager une politique migratoire autre que celle d’un durcissement des conditions de séjour sachez que nous sommes à vos côtés dans votre combat pour la liberté et la démocratie !

La doctrine Ecosocialiste du PG.

 Au parti de Gauche, nous avons notre doctrine écosocialiste que nous essayons de présenter dans toutes les rencontres auxquelles nous sommes invités.

 Le terme même d’écosocialisme englobe les termes d’écologie et de socialisme. Il s’agit d’un courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme.

Pour nous écosocialistes,  la logique du marché et du profit , de même que celle de l’autoritarisme bureaucratique , sont incompatibles avec les exigences de sauvegarde de l’environnement naturel. 

 L’écososialisme  se distingue donc de l’écologie politique par sa remise en cause radicale du système de destruction du capitalisme productiviste.  Il entend également dépasser un socialisme qui trop longtemps, n’a fait que peu  de cas de la question écologique.

 L’écosocialisme est un internationalisme : d’une part, les questions écologiques ne concernent pas que les pays du Nord. D’autre part, on constate  que des mouvements sociaux à dimension économique et écologique se développent de plus en plus  dans les pays du Sud.   

Ces mouvements réagissent à une aggravation croissante des inégalités et à l’accélération de la destruction de notre planète, en conséquence d’une politique délibérée des pays impérialistes.

 Au Sénégal,  le désastre écologique est patent. Selon Haïdar En Ali, ancien ministre sénégalais «  Le Sénégal est dans un état de catastrophe écologique ».

Selon un rapport de Greenpeace, le Sénégal a connu une série d’incidents environnementaux dont certains ont frôlé la catastrophe. Par exemple, le Lac rose du Sénégal à perdu sa couleur originelle du fait de la montée des eaux qui  est une catastrophe économique pour les ouvriers qui extraient le sel du Lac. De plus, plusieurs villes sont aujourd’hui menacées par la montée des eaux.

Les côtes de la ville historique  de Saint-Louis s’érodent et l’eau gagne dangereusement sur le rivage, de 5 à 6 cm par an. Un phénomène dû  a l’extraction des sables, la surpopulation et le réchauffement climatique, créant ainsi des déplacés climatiques. Les habitants se déplacent à l’intérieur des terres au fur et à mesure que la ville est engloutie.

Si l’on ajoute à cela la nécessité absolue d’un rééquilibrage au profit des pays du Sud des grands équilibres économiques et des termes de l’échange, ce qui passe par la renégociation des accords internationaux léonins imposés par les puissances impérialistes et la définition des conditions nouvelles d’un protectionnisme solidaire, condition sine qua non d’un développement harmonieux, nous voyons bien camarades que nous avons tout intérêt à unir nos forces, à échanger le plus possible afin de lutter contre l’obscurantisme et l’exploitation de l’homme par l’homme.

Créons ensemble les conditions d’une paix durable entre nos nations afin que nos peuples puissent vivre une vie décente et respectueuse de leurs traditions.

Cher.es camarades, le parti de Gauche se tient disponible pour toute collaboration avec le PIT, à l’avenir sur toutes ces questions.  Réfléchissons ensemble à  la création d’une alliance Nord-Sud rouge et verte afin d’être plus forts dans cette période difficile.

Merci à tous !

Bon congrès !

Pierre Boutry

Secrétaire Exécutif National du Parti de Gauche

Trésorier

En charge de la Commission Afrique et du programme du parti

 

 

 

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